Il a tout fait pour montrer qu'il était seulement irrité, mais sa colère, froide, ne faisait pas le moindre doute. Mais, quand on dit en colère, il ne faut pas l'imaginer comme quelqu'un qui vocifère, en vérité il n'a même pas levé un sourcil et tout était dans le propos et dans sa réitération. Car, plus d'une dizaine de fois devant les journalistes, Abdelkafi a répété que les nouveaux politiciens devaient réagir... et vite! Que rien ne se fera sans perception politique. Que la Bourse pouvait élargir la base des investisseurs de 10% à 20% mais qu'élargir le marché avait besoin de volonté politique. Que les 3 Majors devaient considérer la Bourse comme une partie de la solution... mais qu'ils ont seulement dit: On vous a compris! A cela, il rétorque que la Bourse de Tunis ne veut plus se cacher, alors qu'elle n'a perdu que 7,6% de sa valeur en l'année très difficile 2011 (contre les 50% de la Bourse du Caire) et qu'elle dispose de 5,4 milliards de dinars avec des procédés qui sont beaucoup plus rapides que les banques. Mohamed-Fadhel Abdelkafi, président du Conseil de la Bourse, accompagné des hauts cadres de cette institution à la faveur de leur dernière rencontre avec les journalistes, a longuement insisté sur les vertus de la Bourse de Tunis; à savoir renforcement des fonds propres, prise en compte de la dette publique, régler les problèmes de transmission d'entreprises privées (gouvernance). Il a, non seulement défendu l'idée que la Bourse peut prendre la relève sur le secteur bancaire car, avec elle, l'économie tunisienne peut se financer par des fonds propres, mais il a aussi affirmé qu'il avait des solutions pour le redémarrage de l'économie mais qu'il attendait la volonté politique. Abdelkafi se fait même consultant en affirmant qu'il était étonnant que, des 23 milliards de dinars de budget de l'Etat, seuls 500 MDT sont destinés aux régions internes et décrit les 400 MDT du programme Amal pour les subventions aux chômeurs et aux familles nécessiteuses comme un mauvais exemple sur lequel on ne peut construire une économie. Mais la plus grande raison de sa colère en chiffres vient manifestement de ce que les 3 Majors semblent avoir ignoré son idée pour de l'argent frais: sur les centaines des sociétés confisquées par l'Etat à l'ancien régime, une bonne dizaine peut être cotée, et Abdelkafi a proposé de vendre un bloc majoritaire à des investisseurs tunisiens et internationaux puis de mettre le reliquat sur le marché avec un prix pondéré. Une enveloppe qui se situerait entre 2,5 et 4 milliards de dinars! La colère froide de Abdelkafi est d'autant plus à prendre avec le plus grand sérieux que celui-ci parlait comme quelqu'un qui savait que le principe même de sa mission de président du Conseil de la Bourse est provisoire, le seul CDD (contrat à durée déterminée) du Board et n'ayant donc pas d'ambitions de pérennité, il est plus incliné qu'un autre au devoir de sincérité.