La formule, inscrite en blanc sur un fond rouge, se détache clairement dans la page de RSF: “Tunisie: Situation très grave“ et, pour qu'il n'y ait pas le moindre doute, une carte de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient fait ressortir, dans le même ton rouge, le territoire tunisien. Et tout cela n'est pas fait à la légère... En vérité, depuis qu'ils se sont installés en Tunisie, les gens de RSF (Reporters sans frontières), suivent l'évolution de la situation des médias avec une inquiétude grandissante. Dernier événement en date, le 27 août, RSF s'inquiète des vices de procédure ayant accéléré la délivrance d'un mandat de dépôt, le 24 août 2012 par la Chambre criminelle de la Cour d'appel de Tunis, à l'encontre de Sami Fehri, directeur de la chaîne Attounissia TV et demande la tenue d'un procès équitable, sans interférence du pouvoir. “L'empressement de la Chambre criminelle à rendre son jugement dans un procès commencé il y a un an et demi, tout comme l'évident vice de forme sont pour le moins surprenants et nous conduisent à nous interroger sur les motivations du tribunal et des juges“, a déclaré Reporters sans frontières. Le 27 juin, RSF s'inquiète qu'entre violences et pressions morales, l'espoir de voir appliquer les nouvelles lois s'amenuise plus de six mois après leur promulgation et malgré les appels répétés de plusieurs associations de la société civile. Le 6 juin, RSF s'étonne des portes closes à l'entrée d'un procès historique alors que des journalistes et net-citoyens sonnent l'alerte suite au refus de la part des autorités militaires de restituer deux caméras qui avaient été confisquées arbitrairement à l'un d'entre eux. Le 29 mai, RSF condamne fermement le saccage des locaux de la chaîne tunisienne privée El Hiwar Ettounsi. Le 10 mai, RSF appelle les autorités tunisiennes à réagir face au flou juridique actuel qui représente un grave danger pour la liberté de la presse. Et la liste est longue... ! RSF récapitule tout cela à sa manière: “Les attaques et les menaces proférées à l'encontre des professionnels de l'information doivent impérativement être prises au sérieux, et leurs auteurs sanctionnés. Il est de la responsabilité des autorités de garantir la protection de l'ensemble des citoyens vivant sur le sol tunisien, notamment les professionnels des médias. L'insécurité actuelle, source d'autocensure pour les journalistes, constitue un danger important pour la liberté de l'information en Tunisie“.