Trois experts réputés : Dr Moez Joudi (expert en gouvernance, Universitaire et DG de Formapro), Touhami Midani (expert-consultant en technologies de l'information) et Souheil Zhioua (expert en marketing opérationnel et en communication d'entreprise) viennent de nous confier leur analyse des répercussions sur l'économie tunisienne de la mort de l'ambassadeur américain à Benghazi, Christopher Stevens, et 3 de ses fonctionnaires en Libye, alors que beaucoup de nos espoirs vont vers une Libye enfin stable et pouvant accueillir des centaines de milliers de travailleurs tunisiens. Dr Moez Joudi n'est pas optimiste: La situation en Libye, qui a bien dégénéré ces derniers temps, vient rajouter de l'huile sur le feu et consolide encore plus l'état précaire de l'économie tunisienne! La proximité géographique de ce pays et les intérêts économiques que la Tunisie et la Libye entretiennent ensemble dénotent des interdépendances et des interactions qui existent et qui ne peuvent se trouver qu'altérés par cette situation qui atteint son apothéose avec l'assassinat de l'ambassadeur américain en Libye. Et d'ajouter : Il faut reconnaître aujourd'hui que notre situation économique se trouve fortement touchée... Déjà que la récente exclusion de la Tunisie du classement annuel du Forum international économique de Davos en ce qui concerne sa compétitivité internationale et son attractivité au niveau des investissements directs étrangers (IDE) est un coup dur de plus pour la relance économique et la reprise de la croissance. Donc, face à cette situation, nous ne pouvons que mettre en garde par rapport à un cercle vicieux qui pourrait s'installer alors que la Libye a été une sorte de bouée de sauvetage dans la dernière période et a permis à la Tunisie de dynamiser son commerce extérieur et à trouver des débouchés à sa main-d'uvre. Aujourd'hui, avec la récente escalade des événements, les inquiétudes reprennent surtout en cette période sensible au niveau économique et sociale, où les conditions de relance ne peuvent encore tarder à se réunir!, conclut l'expert.' Quant à Touhami Midani, il va encore plus loin: L'événement du 11 septembre 2012 aura, dans l'immédiat, un impact négatif sur notre taux de croissance. Nous ignorons quelles seront les dispositions sécuritaire et économique que prendront les Etats-Unis d'Amérique et leurs alliés pour contenir ce phénomène, et, ne disposant pas du recul nécessaire, nous ne pouvons nous avancer quant à l'ampleur de cet impact. Néanmoins, certains domaines seront immanquablement impactés: - La promesse de voir un marché de 300.000 emplois ouvert à nos chômeurs en Libye et suspendue à son retour au calme sécuritaire se voit retarder. - Les projets bilatéraux souffriront d'un retard qui ne pourra être évalué qu'au vu de plusieurs variables. - Les deux points cités plus haut viendront opacifier un peu plus la visibilité de la situation économique et entraîneront une diminution de l'attractivité du site Tunisie pour les IDE et renchériront les conditions de financement de notre économie. Enfin, selon Souheil Zhioua, l'impact n'est pas du tout certain: L'assassinat de l'ambassadeur américain en Libye n'aura aucun impact sur l'économie nationale, car, vu la situation actuelle en Libye, on ne peut pas parler de l'existence d'un Etat dans ce pays... à commencer par la situation sécuritaire, en passant par la situation politique, pour arriver à la situation économique! De ce fait, les relations économiques entre les deux Etats", tunisien et libyen, qui passent en ce moment par une période "confuse", ne peuvent pas être décrites comme 'bonnes'!.