La découverte, le 11 décembre 2012, d'une bombe dans une gare de voyageurs, a effrayé certains Kairouanais. Les quelques marchands ambulants qui vendent, en ce mardi 1er janvier 2012, devant le Mausolée du Barbier, qui un chapelet, qui un gant de toilettes, autre spécialité de la ville, ou encore des bonbons et des cigarettes sont toutefois unanimes: «Il faut qu'ils passent sur nos cadavres ceux qui veulent, à quelque titre que se soit, toucher au Mausolée, à notre ville et à notre gagne-pain. Déjà que ce n'est pas facile!» Il s'est installé à la terrasse du café Taktak qui fait face à l'esplanade de Bab Jeladdine ou Bab Echouhada (la porte des martyrs). Quelques rayons de soleil annoncent un nouveau jour. Mais un jour qui n'est pas comme les autres. Nous sommes le mardi 1er janvier 2013. Et Faouzi n'a pas encore fermé les yeux. Il est à peine 9 heures du matin et il vient juste de rentrer d'une soirée familiale. Celle d'un Réveillon où il a vu ses beaux-frères et belles surs tous venus qui de Tunis, qui de Sousse, qui de Zaghouan pour se retrouver ensemble. «D'autant plus que la maman ne se porte pas pour le mieux», regrette-t-il. Devant son café express, il est pensif et n'est pas habitée par le bonheur qui doit normalement le combler en ce premier jour d'une nouvelle année. Une animatrice de radio Sabra, une radio qui s'est installée depuis quelques mois sur les ondes kairouanaises, débite, à partir d'un vieux poste qui trône sur le comptoir du café, une litanie de vux pour la nouvelle année accompagnée de quelques chansons tunisiennes exprimant la fête. «Ce que je souhaite pour ma part en 2013, c'est que la sécurité s'implante définitivement dans ma ville», avoue-t-il. C'est que Faouzi a somme toute peur. En cause? L'insécurité. Il faut dire qu'il habite au quartier d'Essayed, à quelques encablures de cette gare des voyageurs où une bombe a été retrouvée le 11 décembre 2012 dans la capitale des Aghlabides et que le métier qu'il fait il est artisan- dépend beaucoup du tourisme. «Heureusement qu'il n'y a rien eu. Mais, nous avons encore la main sur le cur. Nous avons été effrayés. N'oubliez pas que Kairouan est au centre du pays et que des armes et des terroristes peuvent éventuellement transiter, que ce soit pour se rendre en Algérie ou en Libye», souligne-t-il. Au mausolée du Barbier, non donné à Abouzomaa Al Balaoui, un compagnon du prophète Mohamed (SAWS), qui se dresse à l'entrée nord de la ville, la vigilance est de mise. Deux policiers montent la garde. L'un d'entre eux est muni d'un Talkie Walkie. A l'intérieur, un enfant se fait circoncire et sa maman jette devant la pièce qui accueille la sépulture du plus grand saint de la ville une gargoulette pleine de bonbons et de fruits secs. «Vous voyez bien, tout va bien ici», lance le gardien des lieux, qui arrose les visiteurs avec une bouteille qui contient de l'eau de parfum de jasmin. Plus bas, dans la grande cour de la mosquée qui est collée au Mausolée, un guide touristique donne des précisions sur le patrimoine de Kairouan et présente les cinq piliers de l'islam à un petit groupe d'espagnols à peine réveillé venu d'Hammamet. Ils sont accostés par un vieux monsieur coiffé d'un keffieh noir et blanc qui leur tend des cartes postales. «C'est à un dinar», tonne-t-il. Dehors, les quelques marchands ambulants qui vendent qui un chapelet, qui un gant de toilettes, autre spécialité de la ville, ou encore des bonbons et des cigarettes sont unanimes pour dire: «Il faut qu'ils passent sur nos cadavres ceux qui veulent, à quelque titre que se soit, toucher au Mausolée, à notre ville et à notre gagne-pain. Déjà que ce n'est pas facile!».