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Le marché du livre tunisien à l'international : problèmes et solutions
Des perspectives prometteuses (1ère partie)
Publié dans WMC actualités le 19 - 01 - 2006

Le secteur de l'imprimerie et de l'édition est l'un de ceux qui peuvent générer des revenus en devises importants issus des produits et services exportés sur le marché international. Pour mieux connaître ce secteur et les possibilités qu'il recèle, nous avons procédé à une enquête en contactant deux opérateurs importants dans le paysage livresque tunisien, à savoir un éditeur M. Karim Ben Smaïl, PDG d'une maison d'édition qui s'est forgée un nom et acquis une réputation appréciable dans le domaine concerné au niveau du marché local, mais qui affûte de plus en plus ses armes au plan international et un imprimeur, M. Samir Graba, qui exporte actuellement des livres scolaires sur le continent africain.
L'investissement global consenti par Samir Graba pour la mise en oeuvre de son entreprise est assez important et atteint actuellement 20 Millions de DT avec l'acquisition de machines modernes. 11 vient dernièrement de s'équiper d'une rotative M600 Goss, première rotative de labeur vendue dans le Maghreb. Cette machine servira à l'impression de manuels scolaires, de prospectus publicitaires et de revues. Il emploie 60 personnes dont une dizaine d'ingénieurs et de cadres techniques ayant le niveau universitaire. « Nous nous positionnons, assure-t-il avec fierté, dans le marché tunisien comme le premier imprimeur du secteur du livre avec un chiffre d'affaires de 7 millions de dinars réalisé en grande partie sur des pays de l'Afrique subsaharienne».
Cependant une question se pose quand aux normes de papier. En effet procéder à la sous-traitance de l'impression des ouvrages à partir de papier importé suppose que le papier dont la Tunisie dispose est généralement inopérant à l'export. N'y a t il pas moyen d'acquérir la technologie de fabrication de papier de qualité pour améliorer l'intégration du produit exportable et peut-être aussi gagner du terrain dans le domaine de la compétitivité au plan international? Samir Graba répond : « Une partie du papier que nous utilisons au plan local est d'une qualité moyenne mais tout à fait utilisable. Il provient à l'origine de la Société Nationale de Cellulose et de Papier Alfa (SNCPA). Mais comme cette dernière, créée en 1960 utilise des machines amorties et comme par ailleurs la demande internationale, surtout celle des grands éditeurs avec lesquels nous travaillons tel Hachette ou Larousse est très pointue, nous sommes obligés, pour répondre aux exigences de nos clients, d'importer du papier de qualité. Nous mêmes disposons de nouvelles machines très modernes adaptées à l'impression sur ce type de papier et en général nous reproduisons à l'identique le document sur la base du film qui nous est envoyé par DHL. ». Il fait remarquer aussi que le transfert de la technologie est problématique car la matière première n'est pas la même. «L'alfa n'a pas, dit-il, la même consistance que le bois et a besoin de beaucoup d'eau. Or le papier fabriqué à partir de la pâte de bois des pays scandinaves comme la Finlande, la Suède ou la Norvège bénéficie d'une qualité supérieure grâce au climat à l'existence de forêts très dense». Il ajoute que certaines sociétés ont aussi commencé à importer du papier fini ou semi fini à partir de l'Afrique du Sud où les forêts sont aussi très denses. Avec la nouvelle machine qu'il a acquise et qui sera opérationnelle à partir de février 2006, il sera, passe-t-il capable d'imprimer sur du papier très fin et sera au conséquence en mesure de répondre à la demande des éditeurs de catalogues et des annuaires comme Carrefour ou La Redoute et de revues hebdomadaires internationales utilisant cette catégorie de papier. Selon lui, désormais il pourra même imprimer les revues locales si elles veulent changer de gamme de papier sans que cela se répercute sur leurs charges habituelles. D'ailleurs avec cette nouvelle technologie, il pourrait délivrer une revue quel qu'en soit le tirage dans la journée même où il en reçoit l'épreuve.

Karim Ben Smaïl, nuance l'avis de Samir Graba. Il pense que la Tunisie possède du bon papier surtout pour réaliser le livre «texte », avec pas ou peu de couleurs, mais il considère, concernant le papier à faible grammage, que ce dernier a une utilisation très particulière et est difficile à imprimer. Ce n'est selon lui que pour certains documents volumineux comme les dictionnaires et les annuaires et autres catalogues qu'il s'impose. Et il ajoute : «si les magazines et revues françaises importés, par exemple, comme l'Express, le Nouvel Observateur, etc ....sont de faible grammage, c'est seulement à cause du prix du transport dont on veut atténuer l'impact sur le coût. En France les revues sont commercialisées avec un papier plus épais. A fortiori si des imprimeurs et les éditeurs tunisiens veulent confectionner des ouvrages de ce type destinés à l'export, ils doivent essayer de comprimer leur coût de cette façon ».
Qu'en est il par ailleurs au niveau de l'approche du marché international du livre? Il est en effet constaté d'après les statistiques du Centre de Commerce International (Trademap) que le marché mondial du code douanier 490199 (livres, imprimés et brochures) a atteint en 2003 quelque 11 milliards de $ environ. La part des Etats Unis représente 17% aussi bien à l'import qu'à l'export. Ce qui montre la prééminence du marché américain du livre.
Pour accéder aux marchés extérieurs la solution idéale serait installer sur place et de s'adapter à la langue et à la culture du pays. Pourtant la question se pose de savoir pourquoi les imprimeurs tunisiens ne s'unissent pas pour répondre à une grosse commande D'ailleurs, l'idée de créer des consortia et d'assurer une représentation collective à l'étranger a fait son chemin pour les autres secteurs. Sami Graba pense, dans le passé les imprimeurs étaient un peu dispersés, mais avec les nouvelles incitations juridiques et financières il est, dit-il, grand temps pour eux de s'unir. « Bien que pour cela, il faille trouver une convergence d'intérêts et une complémentarité, mais une réflexion est en cours et incessamment nous arriverons sans doute à trouver la meilleure formule d'association » Avance-t-il.
Pour K. Ben Smail le marché américain n'est pas significatif compte tenu de la langue. Cependant il convient que cet immense réservoir de lecteurs soit une promesse d'avenir pour la vente par correspondance (via le net) 2006 serait ainsi une année charnière pour explorer cette nouvelle manière de vendre et d'exporter.
Mais il n'y a pas que les EtatsUnis. Le Canada est aussi un marché intéressant, puisqu'il représente à l'import 9% et 3%, à l'export de ce total. Si on se limite à la Province francophone du Québec, on peut penser qu'il y existe un bon créneau pour l'exportation du livre tunisien. Qu'en pense M. Graba ?
« Il y a quelques années, je suis allé au Canada (région du Québec) et j'ai même plus tard réalisé quelques travaux pour des clients canadiens comme des bandes dessinées religieuses. C'est en effet un marché très intéressant compte tenu des avantages qu'il comporte pour nous, en particulier dans les régions francophones. Nous avons une similitude de langues et de culture et ce n'est pas rien. Par ailleurs nous pouvons aller en commun sur les pays africains. Je suis en mesure de dire que j'ai la possibilité de contribuer largement à l'accroissement des exportations canadiennes sur les pays africains. Il existe pour le moment une tendance de la part du Quebec à s'orienter vers le continent africain, car on a commencé à évaluer les potentialités énormes que recèle l'Afrique. On peut donc mobiliser des fonds pour financer les exportations canadiennes sur l'Afrique avec la sous traitance de l'impression des travaux en Tunisie compte tenu des facteurs de compétitivité que nous possédons par rapport à nos concurrents. Nous sommes en effet les seuls, parmi les pays émergents, à posséder une industrie de l'impression digne de ce nom. Par conséquent quand on parle d'exporter le livre tunisien, il faut prendre ce concept dans son acception la plus large car l'important est de générer des revenus en devises pour la Tunisie. Quand à vendre des ouvrages littéraires d'origine tunisienne sur le marché canadien, c'est une autre histoire car l'industrie du livre croît aujourd'hui à une vitesse vertigineuse compte tenu de la globalisation du marché et des critères de plus en plus pointus sont exigés pour être compétitifs, en particulier l'adaptation au goût de la clientèle ».
Les échanges du Canada dans le secteur du livre sont pourtant pour une majeure partie entrepris actuellement avec les Etats Unis (87% à l'export et 75% à l'import en 2003). Une diversification de ces échanges est toutefois à la portée des opérateurs canadiens, notamment avec l'Afrique.
Comment expliquez cette concentration et que faut il faire pour changer les chose ? M. Graba a un avis précis sur la question. Il rappelle que le Canada n'est pas essentiellement francophone, mais plutôt anglophone. Les canadiens sont bien structurés dans l'édition et l'imprimerie et peuvent répondre convenablement à une demande prolifique comme celle provenant des Etats Unis. Quant aux chiffres évoqués, Samir Graba estime qu'il faut les manipuler avec précaution car la demande ne touche pas uniquement les marchés américain et canadien, mais suppose également parfois en commun le développement d'un commerce florissant avec les pays tiers, surtout de même culture comme le Royaume Uni. Pour l'Afrique il pense que les choses ne sont pas aussi simples. Les Canadiens sont des gens bien organisés, très sérieux. Leurs normes sont rigoureuses et ils ne s'accommodent pas du caractère quelquefois faussement nonchalant des africains. Ils perdent vite patience et ne sont pas capables en tous cas selon lui de s'expatrier pour faire des affaires avec ces derniers. C'est pourquoi il pense que nous pouvons prendre le relais et les assister pour accéder à de tels marchés.
Un obstacle supplémentaire relevé par Karim Ben Smaïl : le Canada est largement dominé par les groupes d'édition français, surtout en ce qui concerne la Province Francophone du Québec. De plus les coûts de transport rendraient les choses difficiles. Il existe peut être un marché sur l'Afrique avec les canadiens, mais le problème majeur est de rechercher des fonds de financement. «Nous pouvons bien si essayer de les trouver auprès de l'ACDI ou de la Banque Mondial affirme M. Ben Smaïl, «cette recherche est très fastidieuse et compliquée et touche particulièrement certains segments du marché comme les ouvrages pédagogiques et didactiques. En tout cas en ce qui nous concerne, la solution passe par des collections coéditées avec des éditeurs africains et fabriquées en Tunisie. Plusieurs collections ont été lancées de cette manière, débouchant à la fois sur une collaboration Sud-Sud exemplaire et sur des marchés d'export pour nous. »

En effet, le Canada exporte bien sur certains pays africains comme le Mozambique, mais ces exportations entrent principalement dans le cadre de l'aide au développement apportée à ce pays par le truchement c l'ACDI. Cette aide étant conditionnée par l'engagement du Mozambique au respect de la bonne gouvernance tel que le préconise le NEPAD. Pourtant ce sont de tels fonds d'aide, qu'il s'agit, selon Samir Graba, d'exploiter à bon escient. Pourquoi ne pas se faire inscrire sur la « short list » des canadiens comme prestataires sous traitants et fabriquer des livres scolaires sur commande ? Ce n'est pas aussi facile car les imprimeurs canadiens pourraient être privilégiés pour effectuer un tel travail mais on ne sait jamais ...

Qu'en est-il du marché français? la France reste naturellement notre marché traditionnel notamment pour des raisons historiques et culturelles évidentes.
Elle représente en outre en 2003, 5% des exportations mondiales (6ème rang). Son principal client (24%) et fournisseur (20%) pour le NSH 490199, est la Belgique. Comment expliquez ce classement de la Belgique ? A-t-il par exemple un rapport avec le marché de la bande dessinée ? M. Graba répond « Outre que les deux pays sont voisins et appartiennent à un même regroupement économique régional, à savoir l'Union Européenne, ce qui implique l'existence d'un partenariat consolidé et prolifique, il ne faut pas oublier que les entreprises approchent en commun d'autres marchés comme le marché canadien dont nous avons parlé. Samir Graba concède qui'il existe chez les Belges une spécialisation pour les bandes dessinées mais aussi pour les livres pour enfants de manière plus générale avec parfois une technologie avancée pour rendre leur contenu plus attrayant pour les petits».

Hatem Karoui
(La Tunisie-Economique
Novembre-Décembre 2005)


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