En France comme dans plusieurs pays à travers le monde, des personnalités politiques journalistes se sont exprimées. Pour l'heure, nous en avons choisi deux, en l'occurrence Manuel Valls, ministre français de l'Intérieur, et Pierre Beylau, journaliste français. Manuel Valls: La France doit "soutenir les démocrates" en Tunisie pour que les "valeurs de la révolution du Jasmin ne soient pas trahies. "Chokri Belaïd était l'un de ces démocrates qui se battent pour des valeurs qui sont universelles. "Il y a un fascisme islamique qui monte un peu partout et cet obscurantisme (...) doit être évidemment condamné (...), puisqu'on nie cet Etat de droit, cette démocratie pour lesquels les peuples libyen, tunisien, égyptien se sont battus", a-t-il mis en garde. Manuel Valls a également assuré que "la France ne coopérera jamais quand il s'agit de réprimer un peuple". Cependant, il "garde espoir dans le rendez-vous électoral pour que les forces démocratiques et laïques, celles qui portent les valeurs de cette révolution du Jasmin, demain l'emportent". "C'est un enjeu considérable (...), pas uniquement pour les Tunisiens, mais pour tout l'espace méditerranéen, et donc aussi pour la France". Source : lepoint.fr Pour Pierre Beylau, l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd illustre le chaos dans lequel est plongée la Tunisie sous la férule des islamistes. Il explique l'histoire des révolutions: «C'est une fatalité de l'histoire : les révolutions commencent dans un enthousiasme convivial et se terminent en sanglante tragédie. Après une phase consensuelle, les éléments les plus radicaux finissent par imposer leur loi d'airain par la terreur. En France, les Montagnards écrasent les Girondins; en Russie, les bolcheviks éliminent les mencheviks; en Iran, les partisans de Khomeiny ne font qu'une bouchée de la gauche démocrate. Quid de la Tunisie «La Tunisie semble happée par cet infernal processus. Car l'assassinat, mercredi 6 février, de l'opposant Chokri Belaïd n'est pas un drame isolé. Le printemps de Jasmin est en train de se muer en interminable hiver. Le pays est en proie au chaos, livré à la violence des séides du parti islamiste Ennahdha qui, de facto, dirige le pays. Le Premier ministre Hamadi Jebali, membre d'Ennahdha, passe pour relativement modéré. Le président de la République, Moncef Marzouki, est un vrai démocrate. Problème: la réalité du pouvoir est détenue par les islamistes, qui contrôlent tous les ministères régaliens. Avec dans la coulisse l'ombre omniprésente de Rached Ghannouchi, le chef réel d'Ennahdha qui tire les ficelles derrière le paravent . Au risque de se voir clouer au pilori, d'être submergé par une avalanche d'indignation moralisatrice, osons proférer une évidence: la situation du pays est bien pire que sous Ben Ali. Il ne s'agit pas ici de défendre la kleptocratie instaurée par l'ancien dictateur, mais de prendre en compte la réalité telle qu'elle est. La Tunisie, pays ouvert aux portes de l'Europe, était censée montrer le chemin vers un printemps arabe, vers une démocratie nimbée de valeurs islamiques. L'islamisme des Frères musulmans était, pensait-on, soluble dans la démocratie. Le "modèle turc" servait de viatique. Problème: du Caire à Tunis, ce sont les phalanges de l'ordre noir, les islamistes les plus bornés, qui tiennent le haut du pavé. Sans parler de la Turquie d'Erdogan qui a enclenché une marche arrière inquiétante sur le plan des libertés et de la laïcité. L'histoire n'est pas encore écrite, mais en Tunisie, la nuit est, ces temps-ci, bien noire». Source : lepoint.fr