Le ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises a lancé jeudi 11 août un appel d'offres national pour le choix d'un bureau d'études devant réaliser une étude sur «la libéralisation des prix et l'ouverture du marché intérieur des hydrocarbures». La date limite de présentation des offres une offre technique et une autre financière présentées séparément- a été fixée au 24 septembre 2005. C'est la première fois que les autorités évoquent en public l'éventualité non seulement d'une nouvelle- hausse du prix des hydrocarbures mais bel et bien de l'abandon pur et simple de la politique de fixation de ces prix par le gouvernement. Car la hausse vertigineuse du prix du baril de pétrole au cours des derniers mois devient trop lourde à supporter pour les pouvoirs publics, d'autant que les revenus de l'Etat baissent très sensiblement par ailleurs du fait de la chute des recettes douanières, découlant de l'application par la Tunisie de divers accords de libre-échange avec l'Union européenne, la Turquie, et les pays arabes. Mais cette libéralisation aujourd'hui envisagée, donc en quelque sorte annoncée- découle aussi des engagements de la Tunisie contenus dans l'accord d'association avec l'Union européenne. D'après le libellé de l'appel d'offres, l'étude commandée porterait sur la libéralisation à la fois des prix et du marché intérieur c'est-à-dire du commerce des hydrocarbures, mais pas sur celle des importations. Or, des spécialistes pensent que la concurrence ne serait totale sur le marché des hydrocarbures que si l'on mettait fin au monopole de la STIR en matière d'importation, mais également de raffinage. Selon toute vraisemblance, les autorités vont procéder à une libéralisation progressive des prix des hydrocarbures, car les différents produits ne sont pas tous dans la même situation. En gros, on distingue trois catégories de produits. La première est celle des produits faiblement ou pas du tout subventionnés comme le kérosène et l'essence, et qui, étant les plus près de la vérité des prix, peuvent être libéralisés rapidement. La deuxième catégorie concerne les produits subventionnés et utilisés dans l'activité économique (gasoil et fuel) et dont les prix pourraient faire l'objet d'une libéralisation progressive. La troisième catégorie a trait au gaz et au pétrole lampant, utilisés en particulier par les franges les plus modestes de la population, et dont la libéralisation sera, de ce fait, la plus problématique. D'ailleurs, des débats très animés ont eu lieu au sein des instances de décision avant la dernière augmentation des prix des hydrocarbures, entre partisans et adversaires d'une légère «correction» des prix du GPL et du gasoil, afin ne pas pénaliser les ménages et les entreprises, et d'une augmentation plus forte des prix de l'essence super et sans plomb afin de faire supporter le fardeau principalement aux automobilistes.