La Tunisie est l'un des premiers de la région à mettre en place un dispositif légal, fiscal et économique visant à circonscrire les retombées de la crise mondiale sur notre économie. Celles-ci ont fait l'objet d'une évaluation dans le cadre d'une étude sur les modalités de mise en uvre et l'impact de ces mesures, réalisée par le bureau d'études Comete Engineering, à la demande du ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises. Une évaluation à la lumière de laquelle ont été décidées la prorogation de ce dispositif, ainsi que son adaptation. Mais le bureau d'études, dirigé par M. Radhi Meddeb, est, en quelque sorte, allé au-delà de son mandat, puisqu'il réfléchit sur des «mesures générales destinées à relancer la croissance et préparer la sortie de crise». La première de ces mesures est la création d'un fonds d'investissement stratégique (1% du PIB, soit autour de 500 millions de dinars tunisiens). Mais Comete Engineering en suggère cinq autres ayant toutes la même finalité : accélération des programmes nationaux d'infrastructures, mise en place d'une ligne de crédit destinée à la restructuration financière des entreprises, et d'une ligne de garantie du financement du secteur privé, l'approfondissement des réformes dans le sens d'«une plus grande libéralisation de l'économie tunisienne», et l'identification d'opportunités «pouvant émerger de la crise» pour se préparer à les exploiter dans les meilleures conditions. Selon l'étude, les programmes nationaux d'infrastructures peuvent se réaliser en partenariat public-privé dans les secteurs de production de l'électricité de source conventionnelle et renouvelable- du dessalement d'eau, de collecte et de traitement des ordures ménagères, de construction d'autoroutes, etc. «Une attention particulière doit être portée aux conditions de faisabilité juridique, institutionnelle et financière de l'association au secteur privé national et étranger à ces projets», avertit l'étude. Ensuite, l'accès à la ligne de crédit pour la restructuration financière ne doit pas être soumis à d'autres conditions que «la viabilité des entreprises à financer et dont la banque chef de file devrait être seul décideur, puisque c'est elle qui assumerait le risque commercial découlant de son intervention», précise la même source. Cette ligne, qui pourrait être de 100 millions d'euros, devrait être conçue et mise en place à la lumière «des enseignements de l'utilisation de la ligne actuelle AFD, saluée par tous pour sa pertinence et son utilité, mais peu déboursée pour ses conditions contraignantes, ses seuils inadaptés et son passage obligé par les services de la Banque centrale de Tunisie», recommande l'étude. Pour la ligne de garantie de financement du secteur privé, «les autorités pourraient s'inspirer d'Ariz, le produit développé par le groupe de l'Agence Française de Développement», proposent les auteurs. L'approfondissement des réformes avec l'élimination totale de l'autorisation du gouverneur pour les opérations immobilières avec des non-résidents, «déjà éliminée pour les opérations réalisées dans le cadre des grands projets ou dans les opérations d'aménagement touristique agréées», l'adhésion de la Tunisie à la Convention d'Investissement de l'OCDE, la révision du Code d'incitation aux investissements pour le «revoir, simplifier, libéraliser et réorienter», et l'adoption d'une loi-cadre d'essence libérale sur les partenariats Public/Privé- vise quant à lui à «lancer un signal fort aux marchés». Enfin, en vue de préparer à exploiter les opportunités qui vont émerger de la crise dans les meilleures conditions, la Tunisie devrait notamment, soutient l'étude, augmenter son offre de terrains industriels et de terrains d'activités aménagés, renforcer son offre d'infrastructures terrains, téléphonie, internet, transport aérien, etc.- et en en diminuant les coûts, adapter et renforcer son offre de formation «en rapport avec les besoins des entreprises» et favoriser l'offre privée dans ce domaine, et libéraliser le marché du travail. Vaste chantier.