Il y a quelques jours, BSA IDC a publié une étude sur l'état du piratage de logiciels dans le monde qui montre que la Chine, champion incontesté en la matière, est suivie de très près par les Etats-Unis et la France. En France, justement, où 45% des logiciels sont piratés (dont 25% de Windoms), Microsoft le leader mondial de l'informatique- a mis en place un certain nombre de mesures visant à endiguer le phénomène. Pour Laurent Signoret, Responsable Conformité Licences chez Microsoft France, le taux de 45% varie suivant les publics et les produits, mais les logiciels les plus répandus, comme les jeux ou les applications multimédias et bureautiques, sont les plus touchés. Ils se retrouvent aussi bien dans les entreprises que chez les particuliers. Conséquence : un manque colossal à gagner pour tous les professionnels liés au secteur du logiciel - éditeurs, bien sûr, mais également distributeurs et sociétés de service, sans parler des recettes fiscales. Pour la France, il atteindrait environ trois milliards de dollars en 2004, 'ce qui nous place en troisième position derrière la Chine et les Etats-Unis'', indique-t-il. Et d'hypothéquer : 'On estime que si le taux de piratage baissait de dix points en France, il serait possible de créer 45.000 emplois dans le secteur des nouvelles technologies !''. Le travail devient de plus en plus compliqué, d'autant le piratage est tellement réussi, qu'on a du mal parfois à distinguer l'original du piraté. Les ingénieurs de Microsoft ont mis point un système permettant de déterminer le nombre de machines équipées d'une version pirate de Windows XP. En effet, le 25 juillet dernier, Microsoft avait lancé mondialement Windows Genuine Advantage (WGA) qui est un système qui permet, lorsqu'un utilisateur équipé de Windows XP se connecte au site de Microsoft, de vérifier la légalité de la version de son système d'exploitation. Cette authentification se fait automatiquement grâce à un contrôle ActiveX sans collecter de données personnelles sur l'utilisateur. Dans ce genre de procédure, l'anonymat est exigé par la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) en France. 'Le programme nous a permis de recenser 25% de machines équipées de versions pirates de Windows XP parmi les 2,8 millions qui se sont connectées à notre site de téléchargement (au 31 octobre). Certains se sont connectés par curiosité en sachant que leur version de Windows était piratée. Pour d'autres, la surprise a été totale. Si l'utilisateur final peut prouver qu'il a été berné, nous remplaçons son système par une version en règle'', a souligné l'ingénieur français de Microsoft, Laurent Signoret. La réponse de Microsoft face aux utilisateurs de versions pirates 'Pour les particuliers, nous avons fait le choix d'opter pour une réponse positive sur le long terme plutôt que de miser sur la répression. Jusqu'à présent, tout le monde était libre d'aller se servir sur le site de Microsoft en correctifs ou en logiciels. Désormais, l'accès est réservé à ceux qui possèdent une version légale de Windows XP. Seuls les correctifs de sécurité restent disponibles pour tous'', indique Signoret. D'ailleurs, Microsoft a enrichi son offre en proposant de nouveaux téléchargements, des services d'assistance, ou encore des réductions chez des partenaires, dans le but de responsabiliser les utilisateurs et de leur faire comprendre qu'ils ont tout intérêt à profiter des avantages d'un système acquis légalement. WGA devrait être étendu à la prochaine version d'Office sur le même principe : différencier de façon positive l'original de la copie. Quant aux entreprises qui utilisent des versions piratées, l'entreprise de Bill Gates essaie d'instaurer un dialogue, suggère des méthodes de gestion des actifs logiciels, qui entraînent bien souvent des gains de productivité, ou simplifie les systèmes de licence, en proposant par exemple des abonnements annuels pour l'ensemble de la plateforme Microsoft. Enfin, concernant les réseaux de distribution ou les intégrateurs de PC, les ingénieurs de l'entreprise effectuent régulièrement des contrôles à la demande de ceux qui respectent les règles du jeu et pâtissent de la concurrence déloyale induite par le piratage. 'Dans le cas d'un petit revendeur qui a du mal à survivre, nous nous contentons d'un avertissement. Lorsqu'une fraude importante est caractérisée, nous laissons la justice trancher. Les organisations qui font du piratage de logiciel à grande échelle sont notre principale cible : avec elles, nous ne transigeons pas'', avertit Laurent Signoret. Et on peut compter sur cette entreprise qui est connue pour ses procès retentissants. Alors, gare aux pirates, car Microsoft semble avoir réussi à mettre en place un système de police informatique à même de traquer toute fraude ! Quelle moralité pouvons-nous tirer de cette histoire ? La Chine n'a plus l'apanage de la piraterie !