Mieux tirer profit des transferts des migrants, nerf du développement Par Moncef MAHROUG
Pour accroître l'influence de ces transferts, le rapport du secrétaire général des Nations Unies suggère de choisir entre diverses stratégies «permettre aux familles qui reçoivent des fonds de travailleurs migrants d'accéder aux services bancaires et leur dispenser une formation financière, promouvoir les envois collectifs de fonds aux fins du développement et utiliser ces fonds comme garantie en vue de réduire le coût de l'emprunt sur les marchés financiers ». Et surtout mettre en uvre « des politiques judicieuses favorisant un contexte financier transparent et fiable ». Véritable fourmis, les migrants s'affirment de plus en plus comme un important facteur de développement de leurs pays d'origine, confirme le rapport de M.Kofi Anane, secrétaire général des Nations Unies, sur «migrations internationales et développement », appelé à être présenté et discuté lors du «débat de haut niveau » organisé sur cette question les 14 et 15 septembre à New York. En 2005, ces migrants internationaux étaient au nombre de 191 millions, dont près de 60% (115 millions) vivent dans des pays développés et le reste (75 millions) dans des pays en développement. D'après les estimations de la Banque mondiale, les transferts de fonds de ces migrants ont plus que doublé au cours de la décennie écoulée, passant de 102 milliards de dollars en 1995 à environ 232 milliards de dollars dix ans plus tard. Et ce sont les pays en développement qui se taillent la part du lion de ce gâteau, avec 72% du total (167 milliards de dollars) en 2005, contre seulement 57% en 1995. Ces envois servent, rappelle le rapport du secrétaire général des Nations Unies, à augmenter «les revenus des familles et aident à couvrir les dépenses d'éducation et de santé, contribuant ainsi à l'amélioration du capital humain. Non seulement les familles de migrants sont encore plus enclins à investir mais encore, en dépensant plus, elles contribuent à relever le niveau de revenus ailleurs dans l'économie. De par les effets multiplicateurs, la plupart des retombées économiques des envois de fonds se font sentir au sein de l'économie au sens large, et ils dépendent de la capacité des ménages à faire des investissements productifs », souligne le rapport. Toutefois, l'effet positif des transferts des migrants internationaux ne se fait pas sentir de manière égale dans tous les pays bénéficiaires. Ainsi, le rapport de M.Anane constate que «nombre des problèmes qui poussent les gens à migrer limitent également la capacité » des revenus transférés vers le pays à «stimuler le développement des communautés d'origine ». Concrètement, deux situations diamétralement opposées peuvent être observées. D'un côté, des pays «où le revenu et la production agricole augmentent» et «les migrations sont le reflet de la réussite », et où, de ce fait, «les envois de fonds peuvent trouver un terrain favorable pour promouvoir le développement ». De l'autre, des pays à l'économie stagnante, «qui souffrent de la pénurie de capital humain, de la médiocrité des infrastructures, des défaillances du marché et de la faiblesse des institutions » et où « les migrations internationales traduisent l'échec du développement et il est probable qu'elles auront des effets positifs limités ». En conclusion, «les envois de fonds peuvent financer le développement s'ils sont mis au service de politiques viables », d'autant qu'ils «sont depuis longtemps une source de devises pour les pays d'origine et, du fait de leur nature anticyclique ( ) ont amorti les chocs causés par les crises financières ou les catastrophes naturelles », réitère le rapport. Pour ce faire, on peut choisir entre diverses stratégies : «permettre aux familles qui reçoivent des fonds de travailleurs migrants d'accéder aux services bancaires et leur dispenser une formation financière, promouvoir les envois collectifs de fonds aux fins du développement et utiliser ces fonds comme garantie en vue de réduire le coût de l'emprunt sur les marchés financiers ». Et surtout l'accroissement de l' «influence » des transferts des migrants sur le développement passe par « des politiques judicieuses favorisant un contexte financier transparent et fiable ».