Le premier colloque sur la sécurité numérique de l'Association tunisienne de la sécurité numérique (A.T.S.N.) , organisé le 11 novembre, a été une occasion de présenter «Hannibal», une solution tunisienne de sécurisation numérique, développé par M. Ahmed Friaa, ancien ministre des Technologies de la Communication, et Adel Bouhoula, président de l'A.T.S.N. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Si ce dicton n'est pas toujours vrai dans la vie de tous les jours, il est absolument incontestable en matière de sécurité informatique, où les produits venant de l'étranger présentent souvent, pour ne pas dire toujours, l'insurmontable défaut de maintenir l'acquéreur dans une totale dépendance vis-à-vis du fournisseur étranger, et, plus grave, de l'exposer à l'espionnage facilité par l'incrustation d'un «truc» permettant de suivre tous les mouvements de l'utilisateur sur le net et en matière de télécommunications. Consciente de ce risque et convaincue de la nécessité pour un pays d'acquérir son «indépendance numérique», la Tunisie a entamé il y a quelques années un important! travail de recherche dans ce domaine, par le biais de l'ex-Institut de recherche scientifique en informatique et télécommunication (I.R.S.I.T.) rebaptisé Sotetel IT-, lorsqu'il était dirigé par M. Adel Bouhoula, «dans le cadre d'une initiative nationale de R&D émanant du ministère des Technologies de la Communication» (alors sous la houlette de M. Ahmed Friaa), rappelle Adel Bouhoula, ancien directeur général de Sotetel IT dans la préface du Guide de l'utilisateur de «Hannibal», une solution tunisienne de sécurisation numérique. «Par cette initiative, la Tunisie a devancé la directive de l'Union européenne incitant ses Etats membres à disposer de leurs propres outils de cryptographie à l'issue de l'éclatement de l'affaire 'Echelon'', gigantesque réseau anglo-saxon d'espionnage des télécommunications», se félicitait Adel Bouhoula, qui fut chef du Projet Hannibal. «Hannibal est un pur produit tunisien qui répond à notre environnement et à nos besoins nationaux mais aussi garantit une indépendance vis-à-vis des monopoles internationaux de la cryptographie», souligne ce jeune chercheur. Et Hannibal est loin d'être resté à l'état d'ébauche somnolant au fond d'un tiroir. C'est devenu, au contraire, un produit on ne peut plus réel développé en Kit (voir photo). Mais alors que la paire Ahmed Friaa-Adel Bouhoula était convaincue que la Tunisie tenait là «un logiciel tunisien qui pourra rayonner à une échelle régionale, voire mondiale», «Hannibal&nb! sp;» ne survivra pas à leur départ du ministère des Technologies de la Communication pour le premier et de Sotetel IT, pour le second. Depuis, l'un et l'autre ont poursuivi leurs efforts vivant à promouvoir un savoir-faire tunisien très probablement exportable- en matière de sécurité numérique. Début 2005, les deux hommes ont déposé auprès du Bureau Européen des Brevets une demande d'enregistrement d'un brevet pour une nouvelle méthode de cryptographie qui a fait l'objet, le 2 novembre, d'une publication au Bulletin Européen des Brevets. Cette nouvelle méthode, basée sur une utilisation judicieuse de la théorie des cubes magiques, a été présentée, avec un exemple de mise en application à l'appui, par Adel Bouhoula lors du premier colloque sur la sécurité numérique de l'Association tunisienne de la sécurité numérique dont il est le président et qu'il a récemment créée avec la fine fleur des spécialistes tunisiens dans ce domaine.