Il y a quelques années de ça, la Commission nationale d'évaluation de la sûreté dans les ports commerciaux tunisiens et le Conseil national de la sûreté portuaire et du transport maritime avaient signalé de graves défaillances en matière de sécurité et de sûreté portuaire. Depuis, une stratégie cohérente et intégrée a été arrêtée pour pallier ces lacunes. Objectif : maîtriser toutes sortes de risques et toutes sortes d'agressions. Parallèlement à ce plan d'action nationale, la Tunisie a adhéré, en 2002, à la convention internationale sur la sécurité des installations portuaires et des navires et en a appliqué les principales clauses, depuis 2004. Mieux encore, la Tunisie a adhéré, délibérément, aux efforts de l'Organisation maritime internationale (OMI). Les conséquences de cette adhésion sont perceptibles à travers trois réalisations : la mise en place, en 2003, d'un programme d'évaluation de la sécurité des ports tunisiens, l'élaboration, en 2006, d'un programme de formation de formateurs dans ce domaine et l'actualisation des informations sur les ports tunisiens dans la base de données de l'OMI. Au plan réglementaire, la Tunisie a amendé le code des ports maritimes et y a introduit un chapitre sur la sécurité et la sûreté. Aujourd'hui, l'ensemble de ces mesures prises en amont commencent à donner leurs fruits, du moins si on croit l'Office de la marine marchande et des ports (OMMP), surtout dans son dernier rapport annuel, exercice 2006. Il en ressort que l'ensemble de ports tunisiens de commerce et de pêche ont fait l'objet d'un audit de sécurité et de sûreté. Ces audits ont été effectués par des experts européens et américains. Sur le terrain, la sécurité/sûreté des navires est assurée de la mer au quai. Dès la rade, un VTS, plus simplement un système de gestion du trafic des navires installé, jusqu'ici, aux ports les plus fréquentés, la Goulette et Radès, prend en charge le navire. Il ne le quittera plus jusqu'à son accostage. Dans une seconde étape, Il est prévu d'équiper de VTS les ports de Bizerte, Sfax et Gabès. Au rayon des équipements, les ports de Tunis, La Goulette et Radès ont été équipés de scanners : certains pour assurer un contrôle efficace des conteneurs, d'autres pour le contrôle des passagers et de leurs bagages, des camions scanners pour le contrôle des véhicules, outre des détecteurs de métaux portatifs pour le contrôle des passagers, des détecteurs de CO2 pour la lutte contre l'immigration clandestine. Selon le rapport de l'OMMP, «ces équipements ont permis de détecter très facilement plusieurs tentatives de voyageurs clandestins ainsi que d'autres trafics de boissons alcoolisées et de stupéfiants». A la périphérie des ports, le contrôle des enceintes portuaires est assuré par un système de télésurveillance (cas du port de Radès) et par des miroirs réfléchissants pour le contrôle et la fouille des véhicules et camions aux entrées et sorties du port. Quant aux agents qui interviennent régulièrement dans les ports, ils sont dotés de badges spéciaux, voire de cartes d'identification. Les autorités portuaires se conforment ainsi aux directives du Code international de la sécurité des navires et des installations portuaires (Code ISPS). Soumis à l'évaluation d'experts internationaux, ces dispositifs de sécurité- sûreté ont donné entière satisfaction. Le rapport cite deux exemples à ce sujet : premièrement, en préparation de l'escale de bâtiments de guerre allemands aux ports de La Goulette et de Sousse, des experts allemands spécialisés dans le domaine de prévention des crises ont visité les deux ports et se sont déclarés satisfaits du niveau d'organisation et de coordination entre les différents intervenants au port. L'inspection a été suivie naturellement par l'autorisation des navires à faire escale dans les ports tunisiens. L'autre exemple concerne les Américains : dans le cadre du programme américain d'assistance à l'antiterrorisme (Antiterrorism Assistance Program bureau of diplomatic Security), des experts américains ont eu à évaluer, selon leurs normes, les mesures de sûreté dans le port de La Goulette. Pour rentabiliser toutes ces mesures, l'OMMP a institué une redevance de sûreté portuaire dans le but de couvrir, un tant soit peu, les charges provenant de l'application des directives du Code (ISPS). L'approche de la sécurité - sûreté est, selon l'OMMP, globale ; elle englobe également la prévention des incendies et la lutte contre la pollution marine. S'agissant de la prévention des incendies, l'OMMP est au stade du diagnostic. En collaboration avec la Protection civile, il a évalué les équipements de lutte contre les incendies et a décidé en conséquence des «mesures correctives». Celles-ci ont consisté en la mise en place d'une organisation devant faciliter les interventions des agents de la protection civile et l'évacuation des bâtiments. Ce plan est soumis actuellement à l'approbation des parties concernées. Au chapitre de la lutte contre la pollution, l'OMMP a conclu une convention avec la SOTULUB, société spécialisée dans la collecte, la valorisation et la régénération des lubrifiants pour contrôler le degré de pollution des eaux dans les bassins portuaires.