Les dattes tunisiennes s'exportent bien et ont tendance à s'imposer de plus en plus au goût des consommateurs de nouveaux marchés. Les exportateurs publics et privés de dattes ont réalisé, la saison 2006 - 2007, un record absolu en exportant 59 mille tonnes de dattes pour une valeur de 179 millions de dinars, soit une augmentation de 38%. La Tunisie, premier exportateur de «deglet nour», en exporte, annuellement, une moyenne de plus de 35 mille tonnes, dont 15 à 20 mille tonnes sur le seul marché européen (France, Italie et Allemagne) qui accapare 90% des exportations tunisiennes de dattes. Cette performance, qui a permis aux exportateurs et producteurs de dattes d'améliorer substantiellement leurs revenus, est le fruit de la stratégie arrêtée pour promouvoir cette filière, et surtout, pour remédier l'insuffisance de sa capacité de stockage, retenue comme le talon d'Achille de cette activité. Cette capacité est augmentée, à la faveur de cette nouvelle stratégie, notamment, en ce qui concerne le stockage au niveau des sites de production. Par les chiffres, celle-ci est passée de 6 mille tonnes, durant les trois dernières années, à 36 mille tonnes cette année. Ce volume ne tient pas compte des stocks gérés par les exportateurs privés L'amélioration du stockage des dattes est le résultat des incitations fiscales et financières instituées par l'Etat aux fins d'aider les gros conditionneurs à se mettre à niveau, à moderniser leurs équipements vétustes, à se doter d'unités de maintenance et à s'adapter aux normes de management de sécurité alimentaire (Haccp) exigées à l'exportation. La production est passée, quant à elle, de 73,6 mille tonnes, au cours de la saison 96/97, à 131 mille tonnes au cours de celle de 2006/2007, dépassant de 8% les objectifs du Xème plan de développement (2002/2006). Au rayon des débouchés, la datte tunisienne est présente sur les étals de pas moins de 54 pays. Cette année a été marquée par l'exploration de nouveaux marchés tels que ceux de Russie, Turquie, Indonésie et Malaisie. Toujours à propos des exportations, l'idéal serait toutefois, comme le recommandent vivement des chercheurs du Centre du palmier de Degueche, d'exploiter à bon escient la bonne image dont jouit la variété "deglet nour" (principale variété exportée) pour accroître, au plan international, la demande pour les autres variétés (kinta, kintichi...). D'ou l'enjeu d'explorer de nouveaux marchés tels que les marchés africains, les pays d'Europe centrale et orientale (Peco), les pays islamiques du sud-est asiatique (Indonésie et Malaisie) et la colonie maghrébine en Europe qui reste attachée aux traditions culinaires à base de dattes. Faut-il le rappeler, consommée nature dans les oasis, ou fourrée à la pâte d'amande, la datte, molle ou sèche, est un aliment hautement énergétique. Elle a en plus une connotation spirituelle pour les communautés musulmanes qui ont l'habitude de rompre le jeune, durant le mois de ramadan, en mangeant une datte, une excellente façon, selon elles, pour faire démarrer le métabolisme après une journée d'abstinence. Concernant la nouvelle saison, M. Mohamed Ali Jendoubi, PDG du Groupement interprofessionnel des fruits (GIF), structure étatique chargée d'encadrer et d'assister les 40 mille palméiculteurs des oasis tunisiennes, la production sera moins importante mais la qualité des dattes et leur calibrage seront meilleurs. En amont de la filière des dattes, la situation est loin d'être brillante. La réunion périodique, fin septembre 2007, à Gabès, de la Fédération nationale des producteurs de dattes a révélé la fragilité de cette structure qui a encore du chemin à faire pour assurer un encadrement approprié des palméiculteurs. Pour preuve, la Fédération n'a pas encore de siège. Elle serait est en négociation pour avoir un local à Kébili. Ce local appartiendrait, aux dernières nouvelles, à la société régionale de transport. S'agissant des préoccupations de la profession, elles résident dans le déficit hydraulique relevé dans certaines oasis, les pannes répétées des motopompes, la création de structures professionnelles pour encadrer au mieux les palméiculteurs (mutuelles, groupements économiques ). Ce besoin est atrocement ressenti dans les oasis de Tameghza (gouvernorat de Tozeur), de Douz (gouvernorat de Kébili) et de Gafsa. Les professionnels ont recommandé, également, au cours de cette réunion, l'institution de nouvelles incitations en faveur de l'investissement dans la mise en valeur des anciennes oasis, la lutte contre la dispersion de la propriété et contre l'abandon des palmeraies. Enfin, ils ont suggéré de transformer le Centre de recherche de Degueche sur le palmier en centre technique. Il s'agit, à notre avis, d'une proposition stratégique de taille qui gagnerait à être méditée avec le plus grand soin. Une telle structure ne manquera pas d'aider les palméiculteurs à atténuer la dépendance des aléas climatiques, l'insuffisance des eaux d'irrigation, le faible rendement du palmier dattier tunisien (25 kg actuellement contre 100kg et plus ailleurs) autant de problèmes qui peuvent entraver le développement des oasis et compromettre leur pérennité. N'oublions pas que, si rien n'est fait, à l'horizon, il y a le cauchemar de l'avancée des sables