Le ministre du Transport, M. Abderrahim Zouari, a annoncé, le 6 novembre à Bizerte, que l'étude de faisabilité technico-économique du port de plaisance de cette ville est fin prête et qu'un appel d'offres sera incessamment lancé pour sélectionner l'entrepreneur qui se chargera de sa réalisation. Ce port constitue une composante de toute une stratégie mise au point par le ministère du Tourisme pour développer, tout le long du littoral du pays, les activités de plaisance et de croisière.
L'étude, élaborée à cette fin, avec le concours de la Société de Services et de Conseil en environnement marin et océanographique, Créocéan et le Port Autonome de Marseille et la Société Tunisienne Somete (ingénierie bâtiment et génie civil), montre tout l'intérêt pour la Tunisie d'explorer et de valoriser cette niche porteuse. L'objectif est triple. Il s'agit pour l'héritière de l'ambitieuse cité de Carthage de valoriser ces 1300 km de côtes, de diversifier le produit touristique national axé jusqu'ici sur le balnéaire, de renforcer la part de la Tunisie dans ce marché et d'attirer une clientèle «haut de gamme» réputée pour être dépensière.
Les enjeux économiques de cette activité sont énormes. L'étude chiffre à 16 millions de dinars par an les recettes que la Tunisie peut en tirer à travers l'accroissement du chiffre d'affaires des ports de plaisance tunisiens, les services générés par cette activité et les dépenses locales des plaisanciers étrangers.
Quant aux impacts financiers globaux, l'étude les chiffre à 200 millions de dinars qui pourraient être générés par la location, les acquisitions immobilières, la gestion des ports, les services nautiques.
Au plan social, le nombre d'emplois que l'activité de plaisance pourrait générer est estimé à environ 15.000 sur dix ans.
Les chances de la Tunisie d'attirer des plaisanciers est réelle. Plusieurs facteurs militent en faveur de la promotion de l'activité de plaisance en Tunisie. Il y a d'abord le surbooking que connaissent les ports de plaisance au bassin nord de la Méditerranée. Les plaisanciers sont obligés de patienter des semaines et des mois pour avoir un anneau. Vient ensuite l'expansion que connaît l'industrie navale, particulièrement, la filière de construction de bateaux de plaisance. Forts d'un pouvoir d'achat très élevé, les plaisanciers sont de plus en plus nombreux enclins à acquérir leurs propres yachts et voiliers, synonymes d'évasion et de liberté. Enfin, la disponibilité en Tunisie d'une infrastructure hôtelière de qualité et d'un patrimoine archéologique séculaire.
Au rayon des faiblesses, il ressort, globalement, de la même étude que l'activité de plaisance est très peu développée en Tunisie. Elle ne représente que 0,7% de la capacité d'accueil en Méditerranée. Sur un total de 270 mille bateaux de plaisance qui sillonnent les mers et océans, chaque année, à travers le monde, la Tunisie n'en accueille que 1%, l'équivalent de 2.500 bateaux par an.
Autre faiblesse relevée par l'étude : le ratio d'équipement est des plus faibles de la région 0,25 bateau par 1.000 habitants. Nul doute que le secteur du tourisme de plaisance est un produit à part entière drainant une clientèle de luxe et des recettes de devises considérables tout en créant des postes d'emplois.
Le pays dispose, aujourd'hui, de huit ports de plaisance dont six opérationnels et deux en cours de réalisation. La capacité globale de ces ports est de 2.100 anneaux environ. Les principales stations touristiques, celles qui sont les plus huppées ont au moins une marina. La Tunisie compte des ports de plaisance à El Kantaoui (300 anneaux), à Monastir (400 anneaux), à Sidi Bou Saïd (380), à Tabarka (100 anneaux), Bizerte (170 anneaux) et Yasmine Hammamet (750 anneaux).