Fondé en 1982 par des institutions d'enseignement supérieur et privatisé en 1997, le Consortium international de développement en éducation (CIDE) a pour objectif l'exportation de l'expertise canadienne en matière de développement des ressources humaines, notamment dans les pays en développement. Son partenariat avec la société tunisienne PRO-INVEST constitue une coopération Nord-Sud exemplaire. M. Chamsedine Ouerdiane, Directeur de projets au CIDE, a entretenu Webmanagercenter.com de cette coopération, de l'expertise du CIDE et de PRO-INVEST, des projets de partenariat tuniso-canadiens en Afrique. Avec une forte dose de modestie, M. Ouerdiane, qui vit entre Montréal et Tunis, avec des déplacements dans certaines capitales africaines et d'Amérique latine, considère que beaucoup d'opportunités s'offrent aux entreprises tunisiennes qui savent les saisir, en nouant des partenariats avec des sociétés des pays développés qui possèdent souvent l'expertise et les fonds mais qui ont besoin de ressources humaines avec une bonne capacité d'adaptation sur le terrain. En effet, «depuis 1993, nous avons créé un partenariat avec PRO-INVEST dans le domaine du développement des ressources humaines, d'abord en Tunisie (création des ISET, refonte de l'enseignement supérieur et de la formation avec l'introduction du concept de l'approche par compétences), puis dans certains pays d'Afrique dans le cadre de projets de développement», indique M. Ouerdiane. En Tunisie l'intervention du CIDE consiste à offrir des services de consultation et d'assistance technique. Par ailleurs, l'assistance du CIDE est axée sur l'accompagnement de partenariats public/privé dans le processus de réforme et de restructuration, touchant essentiellement les ressources humaines (analyse des besoins des institutions publiques, mais aussi du marché ). Dès l'année 2001, l'expertise développée par CIDE en Tunisie a commencé à avoir de l'intérêt pour certains pays d'Afrique : formation, développement des RH. «La réalisation des projets communs entre des équipes canadienne et tunisienne a donné des résultats probants, ce qui a permis à certain pays africains de nous solliciter pour reproduire certaines de nos expériences réussies (Maroc, Mauritanie, Niger, Mali, Togo, Algérie), souligne M. Ouerdiane. Ce partenariat est à même de permettre un transfert des compétences et du savoir-faire tunisiens vers d'autres pays africains voire au-delà, indique le Tunisien du CIDE. A partir de là, il évoque les domaines de partenariat entre le CIDE et PRO-INVEST : - «En Mauritanie, par exemple : révision du statut du personnel de l'enseignement supérieur en Mauritanie ; mise en place d'un pôle d'enseignement technologique dans la région de Rosso ; réalisation d'un développement sectoriel dans les domaines de l'hôtellerie, des mines, de l'industrie, de l'agriculture et du secteur informel pour la formation et l'emploi ; ainsi que de divers autres projets dans certains pays » «Au cours des deux dernières années, ce partenariat a permis à PRO-INVEST d'avoir un carnet de commandes avoisinant le 1 million de dollars (en valeur du contrat) ; et 80% de son chiffre d'affaires est réalisé en Afrique», indique M. Ouerdiane. Par ailleurs, le Tunisien du CIDE s'étonne que les Tunisiens, ayant une grande capacité d'adaptation et une expertise avérée dans plusieurs domaines, n'ait pas parvenu à investir davantage les marchés africains. Pour lui l'explication réside dans la méconnaissance et la frilosité de certains chefs d'entreprise tunisiens dès qu'il s'agit des marchés africains du Sud du Sahara. Or, «il serait plus simple de s'inspirer des exemples réussis pour bâtir ». A cet égard, et ayant sillonné beaucoup de pays du continent, M. Ouerdiane fait partie de ces Tunisiens peu nombreux aujourd'hui, il est vrai- qui pensent que l'Afrique constitue un marché d'avenir pour les entreprises tunisiennes, convaincu qu'il existe certaines affinités entre les Tunisiens et les Africains au rang desquelles affinités on peut citer la religion, le français et l'arabe comme langues de communication, un passé commun, la capacité d'adaptation, les avantages compétitifs, la coopération Sud-Sud (de plus en plus encouragée par les bailleurs de fonds internationaux )». Par sa connaissance du monde développé, mais également de la Tunisie et de l'environnement africain, M. Ouerdiane estime que les expertises tunisiennes sont facilement transférables en Afrique, sans pour autant négliger le mixage Nord-Sud. « C'est pourquoi Serge Blondeau, Directeur Général du CIDE, milite pour des partenariats triangulaires entre des entreprises des pays développés ou des bailleurs de fonds internationaux, des entreprises tunisiennes et des pays africains». Surtout que, selon lui, les Institutions Financières Internationales (IFIs), investissent des dizaines de milliards de dollars par an dans des projets de développement dans les pays africains. Les partenariats stratégiques rentables entre CIDE et PRO-INVEST ont permis d'assurer la croissance de l'expérience de ce dernier, grâce à la constitution et au développement d'un pool d'experts tunisiens, puisque ce sont eux qui sont à la base du modèle tunisien de développement. «Loin de se glorifier, mais dans plusieurs secteurs les tunisiens sont très compétents et compétitifs». Cet exemple CIDE-PROINVEST met également en valeur la dynamique du partenariat Nord-Sud dans certains domaines, puisque le savoir-faire, l'expertise et le marketing de CIDE en matière d'exportation ne sont plus à démontrer. Concernant le 'péril jaune'', M. Ouerdiane considère qu'il n'y a pas lieu d'avoir peur, car la seule issue heureuse, dit-il, cest de s'inscrire dans une logique de partenariat, en ayant confiance en soi, faire de la co-traitance (qui suppose naturellement compétence et transparence ). A propos du CIDE Réalisation de plus de 100 projets dans les pays en développement d'Afrique et d'Amérique latine. Ces projets sont financés par des bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, Banque africaine de développement, Banque interaméricaine de développement, Agence canadienne de développement international ). Le CIDE intervient actuellement dans plus de 30 pays. 60% de son CA est réalisé en Afrique du Nord (soit 6 million de dollars par an en expertise internationale) www.cide.ca [email protected]