Agir ensemble pour assurer la prospérité de la Tunisie est l'affaire de toutes les parties prenantes de l'acte économique, créateur dans son essence de bien-être, de richesses et de stabilité. L'emploi des jeunes diplômés, la formation d'une main-d'uvre plus performante et le développement des compétences sont autant de défis pour notre pays qui doit faire face à la concurrence accrue des pays émergents, au démantèlement des barrières douanières et à l'envol des prix des matières premières dans le monde. Au cours des prochaines années, la capacité d'adaptation des entreprises tunisiennes, des législations de travail en vigueur et des stratégies des différents partenaires sociaux sera fortement sollicitée en raison de l'engagement moral de l'Etat d'assurer à l'ensemble de ses citoyens et plus précisément à sa jeunesse diplômée, l'environnement idéal pour s'intégrer dans un marché du travail, lié désormais aux turbulences de la vie économique internationale. L'emploi, un défi de tous les instants
En dépit d'une croissance économique soutenue, le taux de chômage en Tunisie reste élevé, avoisinant 14% de la population active. D'après les dernières enquêtes réalisées au ministère de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle des Jeunes, les individus ayant un niveau d'éducation supérieure peinent à s'intégrer dans le marché de l'emploi, ce qui démontre les profondes mutations en termes de modalités de recrutement et de parcours professionnels.
Durant la dernière décennie, l'Etat a multiplié les programmes actifs de l'emploi et lancé une politique volontariste en appelant le secteur privé, via une panoplie d'incitations fiscales et de primes à l'investissement, à mettre l'épaule à la roue d'un vaste chantier gouvernemental destiné à rehausser les compétences, à favoriser l'adéquation entre les besoins des entreprises et la main d'uvre disponible et à promouvoir un espace de prospérité économique, gage de stabilité et de mieux être collectif.
D'après un document conjoint du ministère de l'Emploi et de l'Insertion Professionnelle des Jeunes et la Banque mondiale, la Tunisie, pour limiter les risques liés au chômage et stimuler l'emploi, a consacré, durant les dernières années, 1,5% de son P.I.B pour les services de placement, les subventions aux coûts de la main-d'uvre (salaires, cotisations sociales), les programmes générateurs d'emploi tout en revitalisant les structures publiques de formation et de formation continue.
«Dans le secteur privé, le mode d'embauche privilégié est l'emploi sous contrat à durée déterminée», affirme l'un des auteurs du rapport qui met l'accent sur le souci du patronat de recourir ainsi à des relations de travail plus flexibles permettant une gestion souple des ressources humaines. Or, pour une bonne partie des jeunes diplômés, l'emploi, vu sous cet angle, est précarisé, dévalorisé, ce qui a incité, récemment, l'Etat tunisien à lancer une vaste consultation nationale sur le thème de l'Emploi, susceptible de déboucher sur un pacte à même de lier les partenaires sociaux autour d'une action structurante permettant aux forces actives du pays de réaliser leur plein potentiel.
Pour un pacte de l'emploi
D'une manière générale, le chômage des jeunes aurait été plus aigu sans la contribution des divers dispositifs d'aide à l'emploi et à l'insertion qui prennent en charge, d'après le document conjoint, près de 16% de la masse des diplômés de l'enseignement supérieur chaque année. Globalement, les résultats de l'enquête montrent l'existence de déséquilibres importants entre l'offre et la demande de compétences en Tunisie, ce qui doit pousser les pouvoirs publics à réajuster les formations universitaires et professionnelles en vue de se conformer aux exigences de l'économie du savoir, porteuse d'avenir et en adéquation totale avec la numérisation du tissu industriel mondial.
Pour contrer les difficultés de recrutement et faire face à un contexte concurrentiel accru, l'Etat tunisien est invité, dans la conclusion du rapport émanant de la Banque mondiale et du Ministère de l'Emploi et de l'Insertion Professionnelle des Jeunes, à maintenir ses dispositifs incitatifs (programmes actifs du marché du travail «P.A.M.T»), à innover la fiscalité des entreprises, à investir dans les nouvelles technologies tout en développant les besoins d'accompagnement, de formation, d'acquisition de compétences de base pour intégrer la vie active . «Pour relever le défi de l'emploi, affirme l'un des auteurs du rapport, les pouvoirs publics doivent, à l'avenir, favoriser un plus grand maillage entre les filières universitaires, les parcours professionnels et le monde du travail afin de répondre le plus adéquatement possible aux besoins d'une économie appelée, à s'autoréguler et à coller aux impératifs des circuits internationaux des échanges».