L'heure est actuellement au libéralisme, à l'ouverture économique et à la course aux IDE (Investissements directs étrangers) dans un ordre néocapitaliste mondial où les notateurs, les cellules de veille, ces palpeurs du XXIème siècle et les assureurs sont les gourous, les maîtres fragiles de la gouvernance d'une planète de plus en plus financiarisée, à l'aube du nouveau millénaire. C'est donc une mise en compétition continue, sans répit, des entreprises, ainsi que des pays. Désormais, c'est en termes d'efficacité, d'adaptabilité et de mobilité que peuvent se mesurer les performances de chaque entité territoriale, ce qui explique l'atmosphère concurrentielle, féroce, dans laquelle baignent, de nos jours, des économies, autrefois protégées par des barrières douanières et un secteur étatique puissant mais souvent obsolète. La mise à niveau n'épargnera personne. Place au dégraissage. Eh ! Oui, le positionnement supranational est à ce prix. Le domaine de la logistique, des techniques de «juste à temps», du délai de production et de livraison sont les atouts futurs des économies émergentes du pourtour méditerranéen, d'après M. Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur, chef de la Délégation de la Commission européenne en Tunisie, apostrophé à l'occasion du forum annuel de l'Association des Etudes Internationales. Quels sont les secteurs les plus branchés en Tunisie ? Dans l'aire de la confection et du textile, indiquent certaines sources au ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises, les professionnels mettent moins d'une semaine pour réceptionner la matière première, vingt-et-un jours pour la production au sens strict, et soixante-douze heures pour acheminer le produit fini à destination. Dans le domaine des équipementiers automobiles, les délais sont plus courts, de l'ordre d'un couple de semaines. Ainsi donc, les performances tunisiennes, pour les entreprises les mieux branchées aux réseaux mondiaux, placent, là encore, le pays à la pointe du progrès par rapport à ses concurrents immédiats au sud du Bassin méditerranéen. Au fait, au moment où les avantages comparatifs en termes de coûts de travail s'amenuisent entre les pays riverains de la Mare nostrum et où les prix du transport maritime sont de plus en plus lissés, ce sont, à l'avenir, la réduction des délais, leurs respects et la qualité de la main-d'uvre qui peuvent faire la différence. A cet égard, le choix de General Motors/Opel de s'implanter en Tunisie est significatif de cette évolution de la tendance. «La multinationale a porté son choix sur une entreprise tunisienne, sérieuse, dotée d'un niveau convenable de maîtrise de la technologie du câble, capable de respecter la qualité, de veiller à des coûts compétitifs et de livrer dans des délais records», nous dit M. Hamadi Ben Sedrine, vice-président de l'UTICA, pour qui le bon fonctionnement d'entreprises «branchées» au système-monde des techniques modernes de gestion, dépend de la qualité de la mise en réseau de l'ensemble des enchaînements de l'acte productif et des cheminements logistiques (transport, communication, marketing, télécommunications, financement, programmation, commercialisation). A la recherche de nouveaux horizons Quoique la majorité des échanges commerciaux de la Tunisie s'effectuent avec des pays européens (France, Allemagne, Italie, Espagne sont ses quatre premiers clients et fournisseurs), les pouvoirs publics n'entendent pas mettre leurs ufs dans le seul panier de Bruxelles. Outre l'ouverture sur l'UE dans le cadre de la zone de libre-échange, la Tunisie s'est attelée, depuis une décennie, à afficher, pour les Américains et les Japonais, un rôle de marché-relais à destination de l'U.E afin de se positionner, affirme une source patronale, en sas d'Europe pour les produits américains et nippons et en sas des USA pour tout ce qui vient du vieux continent. L'implantation des joint-ventures en Tunisie devrait permettre à des firmes US d'accéder au marché européen et aux entreprises euro-tunisiennes, implantées dans le pays, de contourner les barrières douanières érigées aux USA face aux produits venus d'Europe. Bien évidemment, la Tunisie n'est pas seule à se lancer dans ce grand jeu. Le Maroc et Israël, eux aussi, sont en lice.