Avons-nous trop tôt crié victoire sur le Maroc ? M. Sarkozy s'est-il trompé dans son analyse sur la situation des négociations entre EADS et l'entreprise aéronautique Latécoère, lorsqu'il a annoncé, lors de sa visite en Tunisie que ''une grande entreprise aéronautique française allait bientôt s'implanter en Tunisie ?''. Il faut dire que depuis un certain temps on ne parlait que de la possibilité de créer une nouvelle usine du constructeur français des avions Latécoère en Tunisie. Si l'on en croit les dernières nouvelles, ce projet semble tombé à l'eau pour des raisons évidentes, pourrait-on dire !
Parce que, Latécoère, principal fournisseur d'Airbus, avait, bien entendu, préparé la construction d'une nouvelle usine implantée en Tunisie, mais ce projet était conditionné par le rachat des sites Airbus de Méaulte et de Saint-Nazaire en France. Or, il y quelques semaines, l'avionnaire européen a renoncé à vendre lesdits sites au sous-traitant aéronautique toulousain Latécoère, au motif que cette dernière n'a pas réussi à les 300 millions d'euros nécessaires à l'opération (c'est en tout cas ce qu'affirme notre confrère marocain d'aéronautique (www.aeronautique.ma).
Du coup, certains estiment que, malgré un carnet de commandes bien garni pour les quatre prochaines années -avec 500 créations d'emplois en France et un millier à l'étranger- la stratégie de croissance de Latécoère est en mauvaise passe. Notre confrère marocain d'ajouter en substance que, étant directement lié, le projet d'installation de Latécoère en Tunisie pour la production d'éléments d'aérostructures est aussi annulé.
Ceci étant, tout n'est pas pour autant perdu pour le site Tunisie, puisque Latécoère a déjà une activité de câblage en Tunisie avec deux usines qui emploient environ 800 personnes. Il est vrai que l'implantation d'une nouvelle unité de production hautement technologique allait être un gage de compétitivité pour la Tunisie, notamment dans un domaine aussi stratégique qu'est l'aéronautique. Mais ce n'est que partie remise, et ce d'autant plus que la société, présente depuis 1995 en Tunisie, conserve ses deux unités de production, l'une à La Charguia et l'autre, depuis 2006, à Zaghouan. Ces deux sites sont spécialisés dans le câblage, et si l'usine annoncée avait vu le jour, elle fabriquerait des pointes avant d'Airbus.
Pour l'heure, on se consolera donc avec l'annonce faite dernièrement par le management du groupe de créer quelque 300 emplois supplémentaires en Tunisie et un nouveau site de câblage pour renforcer ses activité dans le pays, avec les deux usines déjà existantes.