Financièrement parlant, cette année 2004 peut aisément être, jusqu'ici, placée sous le signe de la transparence. Ce n'est pas tant par ce qu'on a vu dans les comptes publiés des entreprises cotées ou dans le comportement des agents économiques, mais pour toute l'activité qui secoue ces mêmes milieux, à la recherche ou au nom de la transparence. En janvier, l'ordre des experts comptables ouvre le bal avec un séminaire international sur la question. Fin janvier début mars, les premiers bilans provisoires tombent et avec eux un léger mieux dans certains rapports de commissaires aux comptes. Entre temps, on s'active dans tous les milieux des finances à préparer ou à essayer de réparer le projet de loi sur la sécurité financière. Dernier événement en date, cette réunion, le mardi 16 mars 2004, du gouverneur de la BCT M.Taoufik Baccar, avec les 13 commissaires aux comptes qui travaillent avec les banques de la place, et ce à la demande de ces derniers. Au menu bien sûr, la transparence des comptes, les faux bilans, les provisions et les dividendes fictifs; selon notre source. Les commissaires aux comptes auraient fait état au gouverneur de la BCT, de leurs difficultés de travail face aux menaces que fait peser sur eux la loi du code des sociétés commerciales. Certains auraient même donné des exemples précis de ces difficultés. La réponse du gouverneur aurait été on ne peu plus claire «jouer la transparence à fond et appliquer les normes internationales en matière de sécurité financière», une politique et des instructions claires du chef de l'Etat dans ce sens, aurait à ce propos fait comprendre le gouverneur à ses interlocuteurs. Concernant la question du manque de provision qui pourrait se poser, l'accent aurait été mis sur la nécessité pour chacune des parties, commissaires aux comptes et banques, de jouer leurs rôles pour améliorer ces insuffisances et provisionner leurs risques. Cette question, il faut le dire, est d'une importance capitale. Certaines banques se sont pourtant évertuées au grès des styles d'écriture des bilans et des remarques des CAC à l'éluder. «Un manque de provisions, selon notre source, veut pourtant dire un faux bilan et s'il y a distribution de dividende, cela devient un dividende fictif, ce qui est un délit que le CAC est obligé de signaler au procureur de la république, comme le lui enjoint l'article 271 du code des sociétés commerciales». L'incidence, il faut le dire est dans tous les cas, mauvaise sur le marché financier, la bourse, l'épargne et toute l'économie du pays. Le gouverneur aurait même promis de poursuivre les réunions avec les CAC, pour entendre leurs avis sur la gouvernance et la gestion des banques afin d'en améliorer le rendement. Qui peut en effet, en dehors des banquiers eux-mêmes, mieux connaître ces institutions et avoir à leur propos une opinion, plus ou moins objective ? Ceux-ci n'auraient d'ailleurs pas manqué de faire des propositions pour aider les banques à épurer leurs passifs, régler au moins en partie l'épineuse question des crédits accrochés et de mieux provisionner. Des idées comme l'activation du FNG (Fonds National de Garantie), le retour à la loi 70/23 qui avait dans le temps institué un fonds national pour épurer les mauvais crédits ou le recours à des mesures comme le rééchelonnement avec garantie de l'Etat, auraient été lancés dans cette réunion. La garantie de l'Etat, selon notre source, serait interprétée comme un signe fort de confiance dans la reprise des secteurs sinistrés et redonnerait du punch à l'économie. Mais n'est-ce pas aussi la solution de facilité pour les banques qui ont pourtant un plus grand effort à fournir en matière de recouvrement et de gestion des crédits ?