Les commissions bancaires, c'est connu, font les gros choux des banques. Les règles prudentielles font même du financement des salaires par ces commissions, un des principaux ratios à respecter, dans la gestion des charges d'exploitations. En 2002, le montant des commissions nettes sur les opérations bancaires totalisait 210 MDT. Cela représentait un peu plus de 22% du total produit net bancaire à l'échelle nationale. Cela représentait aussi, plus que ce qu'ont gagné les banques en revenus sur leurs portefeuilles d'investissement ! Ce montant est aussi égal à presque la moitié de ce que les banques avaient gagné en intérêts et revenus assimilés! Il faut ensuite rappeler, que les commissions sont libres et que si la BCT intervient pour fixer le TMM (taux du marché monétaire) ou le TRE (taux de rémunération de l'épargne), elle n'intervient nullement dans la fixation des commissions. Celles-ci diffèrent d'une banque à l'autre, leur nombre aussi ainsi que ceux qui y sont soumis. La population bancaire la plus exposée à ces commissions est bien sûr celle des petits épargnants, des petits déposants et des «petits» clients. Les banques répondront peut-être qu'il n'y a pas de petit et grand client, l'exemple de leur comportement face à la commission de télé compensation est édifiant ! Des banques «usent et abusent» ! Il semble cependant, que certaines aient «abusé» de cette liberté d'appliquer les commissions, surtout lorsqu'il s'agit des comptes d'épargne, à un moment où celle-ci (l'épargne) a du mal à progresser et que l'Etat fait de son évolution une de ses priorités ! Le 26 avril en effet, la BCT envoyait un courrier (on s'abstiendra de le qualifier) à l'APTBEF (association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers), avec pour objet, les comptes spéciaux d'épargne. Le gouverneur y rappelle d'abord que la dernière révision des conditions de gestion de ces comptes exprime la volonté des autorités compétentes d'encourager l'épargne, d'en augmenter le volume et de promouvoir la participation de l'épargne dans la collecte des ressources internes nécessaires au financement de l'économie. Il insiste ensuite pour dire que ce nouveau produit (comptes spéciaux d'épargne) avait toutes les qualités pour réussir, d'autant qu'il ciblait les petits épargnants qui représentent 80% des épargnants dans ce genre de produit. Il hausse ensuite le ton pour dire qu'«au moment où l'on devait s'attendre à ce que les banques mettent à profit ces nouvelles mesures pour renforcer la part de ces comptes dans l'épargne, j'ai été informé de comportements de certaines banques, qui vont à l'encontre de l'objectif de lancement de ces comptes et des spécificités de l'épargne bancaire en général». Et le gouverneur de détailler ensuite ces comportements. Certaines banques, que le courrier de la BCT ne nomme pas, appliquent aux comptes spéciaux d'épargne une commission de tenue de compte, supérieure aux intérêts même que pourraient générer ces comptes. Et comme cette commission est indépendante de l'intérêt, elle aboutit donc à l'érosion du capital même de l'épargnant ! Le gouverneur atteste certes de l'importance, pour les banques, des commissions sur les opérations bancaires, dans l'activité bancaire. Cela ne l'empêche pas cependant de s'élever contre ce qu'il a appelé «l'abus». «La liberté de fixation (des commissions) ne doit pas aboutir à un abus qui aboutit à l'érosion des sommes épargnées» dénonce-t-il. Et d'appeler les banques à tout faire pour préserver le capital épargné et «d'arrêter de percevoir les commissions de tenue de ces comptes, chaque fois que le montant de ces commissions dépasse le montant des intérêts perçus par ces comptes et de veiller à appliquer des commissions non abusives». Où est l'ODC dans tout cela ? Ceci dit, il nous semble que ce «dossier» des commissions mériterait, de la part de la part de la BCT, des banques, de leur association professionnelle et pourquoi pas de l'ODC (en l'absence d'organisations spécifiques à chaque secteur de la consommation, comme ce qui se trouve en France par exemple pour les utilisateurs du téléphone et des clients des banques), un intérêt plus accrus. Que l'ODC aille par exemple se rendre compte des conditions d'informations des clients des différentes commissions et de leur affichage, en tous petits caractères dans un coin des agences. Ces mêmes banques, inondent les clients de publicité, pour chaque produit à part.
Il y a en effet les frais de gestion du compte (certes de dépôt) et ensuite d'autres commissions sur chaque opération sur votre compte, à l'entrée de votre salaire, à la perception des intérêts sur votre crédit, au dépôt d'un chèque, à l'entrée du chèque et la commission de télé compensation ... !