Le président français Nicholas Sarkozy n'a pas mâché ses mots dans le discours qu'il a prononcé mardi à Strasbourg devant les députés européens. Ce discours qui précède la réunion des dirigeants européens pour préparer la réforme du système financier international annonce déjà la couleur du plan d'action qu'il compte proposer à ses homologues européens. Devant les députés européens, le président en exercice de l'UE a estimé que, «après la crise financière, il n'est pas possible que la zone euro continue sans un gouvernement économique clairement identifié». Le chef de l'Etat français a de nouveau mis sur la table son idée «d'un gouvernement économique» qui serait un «Eurogroup» et qui se réunit au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement. M. Sarkozy refuserait la thèse selon laquelle les gouvernements européens auraient pris une position unie face à la crise financière et hésiteraient à prendre la même position s'agissant de la crise économique. Il a appelé à ce propos à ce qu'il y ait une coordination de la politique des Etats membres face à la crise économique. Sans pour autant «vider les caisses», explique-t-il en précisant lors de la conférence de presse organisée à l'issue de son discours : «On peut être pour une politique économique structurelle européenne sans être pour l'accroissement des déficits». Plus important encore, Nicolas Sarkozy appelle à la préservation du patrimoine économique européen contre les acquéreurs étrangers qui auraient profité de la crise financière pour s'approprier des sociétés européennes. «Je n'aimerais pas que les citoyens européens, dans quelques mois, se réveillent en découvrant que les sociétés européennes appartiennent à des capitaux non-européens qui auraient acheté au plus bas des cours de bourse», a-t-il déclaré. En suggérant la création de «fonds souverains nationaux». Ces fonds pourraient «défendre les intérêts nationaux et européens, profitant d'un argent qui n'est pas cher pour acquérir des actifs stratégiques qui sont eux-mêmes dépréciés, le temps que la crise passe». Maintenant que la crise financière a «ouvert les esprits», Sarkozy invite les pays européens à revoir les règles du capitalisme. Il appelle à une nouvelle régulation des marchés financiers et à trouver les voies et moyens pour que pareille crise ne se reproduise plus. Nicolas Sarkozy a proposé à ce propos qu'aucune banque qui travaille avec l'argent des Etats ne travaille avec des paradis fiscaux, «aucune institution financière», y compris les «hedge funds» ne doivent travailler sans être soumis à une régulation financière et à un système de rémunération des traders qui ne pousse pas à la prise de risques inconsidérés, a-t-il déclaré. Le président français s'en est pris discrètement au Luxembourg, paradis fiscal européen. «On ne peut pas demander la transparence aux autres et ne pas se l'appliquer à soi-même», a-t-il prévenu. «Il faut bien savoir que ces règles s'appliqueront à nous-mêmes». A.B.A.