La hausse des prix de l'énergie a engendré l'apparition de tensions inflationnistes, amenant les banques centrales de certains pays industrialisés à relever leurs taux d'intérêt directeurs. Cette situation pourrait affecter la reprise de l'activité économique, notamment, aux Etats-Unis. C'est ce qui ressort, en premier lieu, du communiqué du Conseil d'Administration de la Banque Centrale de Tunisie, réuni à Tunis le 13 Juillet 2004. Sur le plan national, le communiqué laisse entendre que l'économie tunisienne ne semble pas très perturbée par ces évolutions à l'internationale. Une analyse qui confirme par ailleurs les récentes déclarations du chef de mission du FMI, lors de sa dernière visite en Tunisie. Reprise de la production industrielle, amélioration des nuitées touristiques, bonne tenue des exportations, consolidation des réserves en devises et amélioration de la trésorerie des banques. Tourisme et industrie à la hausse «L'économie tunisienne a ainsi poursuivi dans l'ensemble, son évolution favorable grâce, notamment, à l'amélioration du niveau de la production agricole et au redressement des principaux paramètres d'activité de certains secteurs de l'industrie, notamment les industries agroalimentaires, du tourisme et du transport aérien, après le fléchissement observé au cours des deux dernières années». Le Conseil d'Administration de la BCT cite à ce sujet la progression soutenue de la consommation d'électricité de haute et moyenne tension dans le secteur, soit 7% pour les cinq premiers mois de l'année en cours contre 2,4% durant la même période de 2003. De même, les importations de matières premières et de demi- produits se sont accrues, au terme du mois de juin 2004, à un rythme plus rapide qu'une année auparavant, soit 19,3% contre 11,5%, ce qui veut dire une reprise de la production industrielle. En ce qui concerne le secteur touristique, les nuitées globales se sont accrues de 23,1%, en juin 2004, contre 3,6% seulement une année auparavant. Au terme du premier semestre, la progression de ces nuitées s'est établie à 20,3% contre une régression de 7,7% pour la même période de 2003. Commerce extérieur en progression Les échanges commerciaux se sont raffermis, au cours du mois de juin, avec des taux de progression des exportations et des importations respectivement de 17,3% et 23,5%, ce qui porte leur augmentation, au cours du premier semestre de 2004, à 10,2% et 6,8% respectivement. La progression des exportations a concerné, en particulier, les secteurs de l'agriculture et des industries agroalimentaires, des mines, phosphates et dérivés et des industries mécaniques et électriques. En face, le secteur du textile marque le pas et on enregistre une décélération au niveau du secteur du textile et habillement et des cuirs et chaussures. En effet, les exportations de ce secteur ont progressé seulement de 0,8% contre 7,9% pour la même période de l'année précédente. Pour sa part, l'accroissement des importations a intéressé, notamment, les matières premières et demi-produits et les biens d'équipement, en relation avec la reprise de l'activité économique et plus particulièrement le secteur industriel. La bonne tenue du commerce extérieur a permis de réduire le déficit commercial de 5,3%, au cours du premier semestre 2004 et d'améliorer le taux de couverture qui s'est élevé à 80,6% contre 78,1% durant la même période de l'année écoulée. Conséquence directe, le déficit courant a continué à baisser pour revenir à 1% du PIB durant les six premiers mois de 2004 contre 1,7% au titre de la même période de l'année écoulée. 102 jours d'importation en devises Côté réserves en devise, les argentiers de l'économie tunisienne mettent l'accent sur l'augmentation de 11% durant les 6 premiers mois de l'année des économies sur salaires transférées par les tunisiens résidents à l'étranger. Ajouté à la bonne tenue des recettes touristiques en devises qui enregistrent une augmentation de 26,1% en juin 2004 (contre une baisse de 12% le même mois de l'an passé), totalisant ainsi un accroissement de 14,9%, pour le premier semestre de l'année en cours (contre une baisse de 12,5% une année auparavant), cela se traduit par une remontée du niveau des réserves en devises qui plafonnent à plus de 100 jours. Ces réserves en devises ont en effet poursuivi leur évolution à la hausse pour atteindre 4.122 MDT ou 102 jours d'importation à fin juin 2004 contre 3.154 MDT ou 81 jours pour la même période de l'an passé. Au 12 juillet, elles se sont élevées à 4.139 MDT, soit l'équivalent de 103 jours d'importation. Banques : Une trésorerie en amélioration Sur le plan monétaire, l'agrégat M3 a progressé de 5% au cours des cinq premiers mois. De leur côté, les concours à l'économie se sont accrus de 3% contre 2,2% au cours de la même période de l'an passé, les taux d'accroissement attendus des agrégats monétaires pour toute l'année seraient en harmonie avec les objectifs fixés. L'amélioration de la trésorerie des banques observée en mai s'est poursuivie en juin 2004, se traduisant par une diminution du volume global moyen de refinancement des banques auprès de la Banque Centrale qui est revenu de 416 MDT en mai à 303 MDT en juin. Le taux d'intérêt au jour le jour sur le marché interbancaire a continué à fluctuer entre 4,97% et 5,03% et le taux moyen du marché monétaire s'est maintenu à 5%. Sur le marché des changes, le dinar s'est apprécié, au cours du mois de juin de 0,4% vis-à-vis de l'euro et s'est déprécié de 1% face au dollar américain. Depuis le début de l'année et jusqu'au 12 juillet 2004 le dinar a enregistré une baisse de 2,8% vis-à-vis du dollar et de 1,4% par rapport à l'euro. Une inflation qui double Seule fausse note, peut-être, dans ce tableau idyllique de l'économie tunisienne, l'évolution des prix à la consommation qui continuent leur galopade, vraisemblablement à cause des produits alimentaires, puisqu'à eux seuls ils ont représenté 1.7 points dans le taux général de croissance de ce ratio. Concernant l'évolution des prix à la consommation, en effet, le glissement mensuel s'est inscrit en juin 2004, à 0,3% contre 0,4% le mois précédent et 0,6% en avril. Pour le premier semestre de 2004, le taux moyen d'inflation s'est situé à 4,7%. Hors produits alimentaires, le niveau de l'inflation a atteint 3%, au terme du mois de juin 2004, contre 1,8% pour la même période de l'année écoulée. La période estivale étant, de tradition, une période de forte consommation et de majoration des prix de certains produits de base, on devrait donc s'attendre à voir l'inflation continuer sa progression ?