Vivre avec la crise tout en essayant d'en minimiser l'impact. Voilà ce que les pouvoirs publics s'apprêtent à faire au cours des mois à venir, maintenant que le «tsunami» financier et bancaire, qui a ébranlé presque- toutes les places financières, et, par voie de conséquence, les économies réelles des pays touchés, y compris la nôtre, affectée par ricochet. Car, plus personne, à commencer par les autorités, n'en doute plus aujourd'hui : la crise va nous toucher et la seule inconnue, ici comme ailleurs, concerne sa durée et l'ampleur des dégâts qu'elle va occasionner, chez nous comme ailleurs. M. Ezzeddine Saîdane, directeur général de «Directway Consulting», s'attend à voir la Tunisie pâtir de la crise dans quatre domaines : les exportations, le tourisme, les Investissements directs étrangers (IDE) et les transferts des Tunisiens Résidents à l'Etranger (TRE). Exposée «directement» à la crise par le biais des exportations, la Tunisie va souffrir à ce niveau «parce que nos clients sont en récession», notamment dans le secteur de l'automobile auquel nous fournissons divers composants- dont l'activité a déjà baissé de près de 30%. Les IDE seront également «touchés», car les investisseurs déjà présents en Tunisie ou envisageant de s'y déployer «ont subi des pertes en Bourse et ailleurs». Les transferts des «TRE», enfin, «subiront la crise, en raison de «la perte d'emploi ou de pouvoir d'achat». Ce qui veut dire que la Tunisie va devoir trouver la parade pour traverser la tempête économique sans y laisser trop- de plûmes. Son économie étant tirée essentiellement par l'exportation dont le volume pourrait baisser un tant soit peu- et la consommation des ménages, notre pays a décidé de miser sur ce dernier facteur pour tirer la croissance dans cette période trouble. Dans les discussions en commission avec les députés, M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, avait annoncé que «pour permettre à l'économie nationale de faire face aux conséquences probables de la crise financière, et à titre de précaution devant la baisse attendue du volume des investissements directs étrangers et du possible recul de la valeur des exportations, en raison de la récession mondiale, on va uvrer à stimuler l'investissement intérieur, notamment public, en augmentant les crédits de développement de près de 700 millions de dinars, tout en incitant les entreprises publiques à augmenter leurs investissements». Le marché intérieur sera utile sur un autre plan. Grâce à l'abondance de liquidités, il permettra aux pouvoirs publics de se financer en évitant, en 2009, le recours au marché international où la crise a eu pour effet le resserrement du crédit et, par conséquent, la hausse des taux d'intérêt. Le pouvoir des Tunisiens, et en particulier des plus démunis parmi eux, sera également soutenu. Tout en rappelant qu'«en dépit de l'ampleur des défis générés par la crise financière et économique internationale, le schéma de développement pour 2009 prévoit de maintenir le rythme de croissance du PIB à 5% à pris constants et de créer 77.000 nouveaux emplois», le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, a annoncé, devant les députés, que les pouvoirs publics continuaient à accorder une grande importance à la dimension sociale de la politique de développement. Ce va se traduire, concrètement, par «l'augmentation des dépenses sociales à 59% des crédits de gestion et de développement, l'allocation de crédits d'un montant de 1.650 millions de dinars à la compensation dont 800 millions de dinars pour les produits de base, 650 millions de dinars pour les hydrocarbures et l'électricité et 200 millions de dinars pour le transport».