Le commerce mondial de textile-habillement se classe au troisième rang après l'électronique et l'automobile avec un chiffre d'affaires global en 2001 de l'ordre de 332 milliards de dollars (147 milliards pour le textile et 195 milliards pour l'habillement) ce qui représente 8,5% du commerce mondial des produits manufacturés. Les exportations mondiales sont assurées à 59% par les PVD et 41 % par les pays développés. Le commerce intra-PVD ne représente que 20% environ du commerce mondial de textile habillement.
Les plus grands marchés de produits d'habillement sont l'Union européenne (135 milliards d'euro), les USA (100 milliards d'euro), la Chine et le Japon (35 milliards d'euro).
Ceci étant, le marché mondial connaît de nos jours un ensemble de bouleversements liés à la demande qui devient plus sélective et volatile, à la production et à la distribution qui deviennent de plus en plus concentrées et mondialisées et aux changements des conditions de la concurrence au regard des grands chocs relatifs au démantèlement des accords multi fibres et l'adhésion de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
L'activité textile-habillement est ainsi exposée à des défis sans précédent, ce qui exige une réaction rapide de la part des pays producteurs pour conserver, voire développer leurs positions sur les marchés internationaux.
Le système de blocs régionaux à l'instar de l'Alena, du Mercosur ou l'Asean semble pouvoir apporter de bons résultats pour contrer la rude concurrence des blocs ou pays concurrents tout en favorisant les échanges et le partenariat entre les pays du même bloc.
Dans cette même ligne d'idée, et en ce qui concerne la Tunisie, la mise en place de l'espace pan-euroméditerranéen fort de 700 millions de consommateurs peut apporter quelques avantages notamment au niveau de la dynamisation du partenariat et du bénéfice du système de cumul d'origine.
Nous essayerons dans le développement qui suit, d'analyser les principales tendances lourdes qui caractérisent la scène internationale du textile et de l'habillement en essayant d'apprécier leurs impacts sur le cas de la Tunisie.
LE DEMANTÈLEMENT DES AMF
Les accords commerciaux qui protègent depuis des dizaines d'années l'industrie du nord et qui ont réussi à freiner les importations du sud, sont en train d'être démantelés.
En 1973, le premier accord multifibre (AMF) a été signé. En vertu de ce dernier, des quotas bilatéraux sur les quantités exportées furent accordés par les pays développés aux pays en développement, essentiellement les pays asiatiques. L'objectif affiché était de parvenir à une libéralisation progressive et contrôlée des échanges et d'éviter des chocs importants sur les marchés. Depuis cette date, l'AMF a été prorogé à trois reprises et a profondément bouleversé les conditions de concurrence entre et au sein des pays développés et des pays en développement.
Au cours des négociations de l'Uruguay Round, et plus particulièrement lors de la conférence de Marrakech en avril 1994, il a été de nouveau décidé de soumettre progressivement le secteur du textile et de l'habillement aux règles de non discrimination du GATT en signant l'Accord sur le Textile et le Vêtement ou ATV qui fixe les conditions de cette réintégration d'ici le 1er janvier 2005.
Cette intégration est appelée à se faire en quatre étapes. La part cumulée des produits dont les quotas doivent être éliminés se présente comme suit :
En janvier 1995 : 16% En janvier 1998 : 33% En janvier 2002 : 51% En janvier 2005 : 100%
L'accord ATV a pour but donc de ramener le secteur textile et habillement dans le droit commun du commerce international qui repose sur la clause du traitement NPF et n'autorise que des tarifs douaniers.