Depuis le démantèlement des accords multi-fibres en 2005, les exportations du secteur textile-habillement tunisien vers la France ont connu un trend baissier au point que l'Hexagone risque de perdre son rang de premier client de la Tunisie au profit de l'Italie. Cette régression inquiète les textiliens tunisiens qui sont habitués à l'expertise française dans tous les domaines (formation, assistance technique, design...). La rencontre, organisée, mercredi 11 Novembre 2009, à Tunis, par la Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie (CTFCI) et la Fédération nationale du textile (FENATEX) sur le thème «La relance du partenariat tuniso-français dans le secteur textile-habillement», a permis aux experts des deux pays d'explorer des pistes pour réussir une reprise des échanges (exportations et importations) du textile-habillement et garantir aux produits tunisiens un meilleur positionnement sur les chaînes de distribution européennes. Mr Foued Lakhoua, président de la CTFCI a recommandé, à cette fin, le développement du partenariat tuniso-français à travers l'augmentation des exportations françaises de tissus et accessoires vers la Tunisie. La valeur totale de ces articles ont totalisé les 2 milliards de dinars dont seuls 29% sont assurés par la France. Le responsable estime que pour accroître cette part et contrer les entreprises italiennes et turques qui deviennent très agressives sur ces créneaux, les entreprises françaises sont appelées à prospecter davantage le marché tunisien et participer en grand nombre au prochain salon TEXMED qui aura lieu en Tunisie en 2010. Il a cité une autre alternative, celle de la création d'entreprises mixtes en Tunisie dans les domaines de la confection haut de gamme ou dans la production de textiles techniques dont la demande mondiale ne cesse d'augmenter, au fil des années, ainsi que l'installation en France de sociétés de distribution afin de mieux maîtriser les circuits et les coûts. Mr Nejib Karafi, directeur général du Centre technique du textile (CETTEX) a fait remarquer que le secteur textile habillement tunisien compte s'investir davantage dans le finissage en passant de 40 millions de mètres à 140 millions de mètres en 2016, réussir le passage de la sous-traitance à la co-traitance et assurer une forte contribution du pôle de créativité dans le développement des créneaux de la mode et du design. M. Lucien Devaux, président de l'Union française des industries textiles a relevé que la Tunisie, après avoir gagné le pari du just in time (respect des délais), est appelée, aujourd'hui, à relever un autre défi beaucoup plus important, celui de la créativité et à passer «du stade d'une puissance de la sous traitance à celui d'une force de propositions pour les centrales d'achat». Le pays est «bien équipé» pour gagner ce «pari de proximité géographique et culturelle», a-t-il avancé, relevant que les textiliens tunisiens du secteur sont appelés à défendre et à protéger leurs créations avec des brevets. M. Daniel Harari, directeur général de la société LECTRA estime que 70% des coûts se jouent dès la création et le design du produit et que la maîtrise des nouvelles technologies peut accroître la compétitivité des entreprises tunisiennes du textile et faire bénéficier les industriels de gains de productivité et de qualité certains. Le responsable a appelé les industriels tunisiens à réinventer leurs business modèle et à optimiser l'outil de production, qui demeure le garant du prix de revient. En Tunisie, le secteur textile-habillement compte près de 2100 entreprises employant plus de 200 000 personnes. 83 % des entreprises sont totalement exportatrices dont 46 % sont en partenariat ou à capitaux 100 % étranges. La filière compte actuellement plus de 5 milliards de dinars d'exportation en moyenne par an, avec une valeur ajoutée avoisinant 1,5 million de dinars. La Tunisie, qui figure parmi les principaux fournisseurs mondiaux de l'habillement, est le 5ème fournisseur de l'Europe et 2ème fournisseur de la France.