Quelle stratégie à l'heure des nouvelles donnes internationales ? Sous la présidence de Monsieur Abdelaziz Rassaâ, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises, chargé de l'Energie renouvelable et des Industries alimentaires, le Forum international de Réalités a organisé, le 20 février 2009, à l'hôtel Ramada Plaza-Gammarth, une table ronde pour débattre, en présence d'experts et de hauts responsables des compagnies nationales et mondiales du secteur pétrolier, des perspectives de la prospection dans le pays, de l'avenir de l'industrie du raffinage au vu de la chute tangible des prix des hydrocarbures depuis l'éclatement de la bulle spéculative à Wall Street et de la politique commerciale des pouvoirs publics -sujet par ailleurs à des controverses populaires aiguës- face à la fluctuation mondiale. Après avoir souhaité la bienvenue aux hôtes du Forum et remercié Oilibya, l'un des opérateurs les plus en vue dans la distribution en Tunisie, pour son soutien à la table ronde, Monsieur Taieb Zahar, président de Maghreb Médias et initiateur du conclave, a formulé l'espoir de voir la rencontre, entre les différents professionnels du secteur énergétique, lever le voile sur une conjoncture caractérisée par de fortes distorsions entre l'offre et la demande sur la scène mondiale, éclairer le public tunisien, à l'issue des débats jalonnant les trois panels, sur la sécurité de notre approvisionnement et la réalité des gisements gaziers et pétroliers du pays surtout après la réalisation, d'après des sources autorisées, d'une vingtaine de nouvelles découvertes entre 2005 et 2008, ce qui est de nature, conclut le patron du magazine "Réalités", à remettre sur la table la politique actuelle des prix des produits pétroliers(carburants, gaz de pétrole liquéfié, lubrifiants) face à une opinion publique frustrée de constater aucune répercussion notable à la pompe en dépit d'une conjoncture favorable à la révision des prix (d'autres pays de la région comme le Maroc, l'Egypte et la Jordanie ont procédé à des baisses sensibles). Etat des lieux Dans son discours d'ouverture, l'hôte d'honneur du Forum, Monsieur Abdelaziz Rassaâ, a mentionné l'encouragement, en Tunisie, des partenariats de joint-venture pour le développement des hydrocarbures, l'accroissement de l'investissement dans le domaine de l'exploration passant de 500 MDT en 2005 à près de 2.700 MD en 2008 et le renforcement de la capacité du «Gazoduc du sud», à Gdamess et du champ «Hasdrubal», ce qui va permettre, dit-il, de raccorder plus de 100 communes supplémentaires, de dépasser le nombre de 700.000 abonnés au réseau du gaz naturel en 2011 après avoir atteint 460.000 ménages en 2008 et 220.000 en 2004, soit plus du double, et de dégager, grâce au dynamisme du secteur, un excédent du bilan gaz à hauteur de 2 Mtep en 2012, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités d'exportation pour un produit très prisé sur le marché européen. De son côté, Monsieur Brahim Laajimi, DG de la STIR, après avoir souligné l'obtention de la Certification par l'AFAQ du système Assurance Qualité de la STIR pour la production et la commercialisation selon le référentiel ISO 9001 en 2001, a mis l'accent sur la prise en charge de ses départements de l'ensemble des besoins du pays en produits pétroliers raffinés, la volonté des pouvoirs publics de faire du site Tunisie une plateforme régionale dans le domaine énergétique, la capacité nominale de la raffinerie de Bizerte dont la production se situe à hauteur de 1.700.000 tonnes par an (la productivité de celle de Skhira est estimée à 1.500.000 b/j) et le potentiel indéniable du marché méditerranéen dans les activités du raffinage, en dépit, ajoute-t-il, des aléas des prix des hydrocarbures et de l'action des spéculateurs, depuis le déclenchement de la crise financière internationale et ses retombés néfastes sur l'économie réelle des principaux centres névralgiques de l'ordre marchand mondial. Le débat des professionnels C'est Monsieur Ahmed Basalh, directeur général de la Compagnie Shell en Tunisie et président de la Chambre tuniso-hollandaise de commerce et d'industrie qui a donné le ton en interpellant l'autorité de tutelle sur la fragmentation excessive du permis minier accordé aux Holdings étrangers, la nécessité d'une concertation permanente avec les différents opérateurs agissant sur le sol national concernant les futurs choix décisifs du pays en termes d'approvisionnement (politique de raffinage ? de stockage ?) et l'urgence de se préparer au redressement inéluctable des prix du pétrole en intégrant, dit-il, le jeu régional maghrébin (Algérie, Mauritanie, Libye), à même d'apporter à la Tunisie des opportunités de projection, de négociation et de commercialisation dans le pourtour méditerranéen. Tout en louant l'actuelle situation énergétique du pays, caractérisée, ces deux dernières années, par une dynamique gazière prometteuse et une revitalisation du sous-sol à travers une politique de forage tous azimuts, Monsieur Khaled Gaddour, président-directeur général de la SITEP, a appelé à maintenir ce regain d'exploration en renforçant les mesures incitatives vis-à-vis des grands Majors dont la taille, l'expérience et la logistique permettent de répondre aux défis de la géologie, d'assurer la cohérence de la recherche et de réunir les investissements indispensables à une vision tablant sur le long terme. A la fin des panels, M. Rassaâ a rappelé les réalisations du Programme de maîtrise de l'énergie durant la période 2005-2007 dont le bilan, insiste-t-il, est encourageant puisqu'il a permis la baisse de l'intensité énergétique de 34 kg/1000 DT du PIB sur les deux ans pour passer à 318 kg /1000DT de PIB en 2008 contre 352 kg/1000 DT en 2004. Pour conclure, il a insisté sur la corrélation entre les impératifs du développement du pays et la sécurisation de son approvisionnement énergétique.