Haut fonctionnaire au ministère suisse des Affaires étrangères, récemment nommé directeur du secrétariat exécutif du SMSI, Charles Geiger vient de donner une interview à nos confrères helvétiques de Swiss Info dans laquelle il a donné différentes informations sur la deuxième phase du Sommet mondial de la société de l'information qui aura lieu à Tunis en novembre 2005. Pour information, le secrétariat exécutif du SMSI est l'instrument qui organise les réunions préparatoires pour travailler sur le contenu du sommet. Un contenu négocié par les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé. Dans cette interview, réalisée par MM. Mohamed Cherif et Frédéric Burnand, M. Geiger rappelle les grands thèmes qui marqueront la phase de Tunis et dont les trois axes principaux ont été définis lors de la réunion préparatoire. Ces axes sont la mise en oeuvre de la déclaration et du plan d'action adopté à Genève, la question du financement de ces mesures et celle de la gouvernance de l'Internet. Une 2ème conférence préparatoire qui aura lieu en février prochain à Genève se concentrera sur les mécanismes financiers, y compris la question du fonds de solidarité lancée par le président sénégalais Wade. M. Geiger a précisé à ce propos qu'il attend d'ici la fin de l'année un rapport du Programme des Nations pour le développement (PNUD) sur cette question qui n'a pas pu être réglée à Genève. «Des fonds supplémentaires sont certainement nécessaires, tout comme un partenariat entre les secteurs privés et publics», estime M. Geiger qui rappelle que les opérateurs économiques sont intéressés par les marchés émergents; «Mais on ne peut pas tout accomplir grâce aux investissements privés, précise-t-il, faisant remarquer qu'en Afrique par exemple, il n'y a pas un intérêt économique à relier tous les villages. Les Etats ont également un rôle important à jouer». A part la question du financement, en voie de règlement grâce à un ensemble de mesures, l'autre question restée en suspens à la fin de la première phase de Genève est celle de la gouvernance de l'Internet. A ce propos, M. Geiger répond que l'UIT a créé une commission dont la quarantaine de membres (en train d'être choisis parmi les gouvernements, la société civile et le secteur privé) doivent définir ce qu'on entend par gouvernance de l'Internet et quelle serait la forme adéquate pour gérer cette instance globalement. «Nous aurons certainement des résultats à Tunis, mais il s'agira vraisemblablement de résultats préliminaires. Le temps manque en effet pour régler définitivement cette question épineuse». En d'autres termes, on comprend donc que cette question bien épineuse restera encore en suspens à la fin de la phase de Tunis ! Pourtant, elle c'est la question qui a attiré le plus grand nombre d'interrogations à Genève (A Hammamet aussi) vu le «conflit d'intérêt» entre les trois parties participantes au Sommet. Les gouvernements cherchent à avoir la main mise sur la toile, les ONG cherchent une libération totale au nom des libertés, alors que le secteur privé veut une régulation permettant de profiter, économiquement, de la Toile. Les propos de M. Geiger ne manquent donc pas de jeter un pavé dans la mare vu que c'est la première fois, à ce que l'on sache, qu'un officiel déclare que la question de gouvernance ne sera vraisemblablement pas réglée définitivement à Tunis, alors que tout le monde espérait, justement, le contraire !