Sans être dans la position de M. Jourdain qui, dans «le Bourgeois Gentilhomme», faisait de la prose sans le savoir, la Tunisie pratiquait, jusqu'ici, l'offshoring, non pas sans en être consciente, mais sans en faire un choix stratégique fondamental et, par conséquent, lui dédier des moyens conséquents. Ce ne sera dorénavant plus le cas. Car, la place qu'occupe la Tunisie sur ce marché, en dépit de cet investissement minimal, a convaincu tout le monde, et les autorités en premier, du potentiel du pays dans ce domaine. Selon l'édition 2009 du «Global Services Location Index», publié par le cabinet A.T.Kearney, la Tunisie se classe 17ème sur 50 pays actifs en matière d'offshoring, derrière bien sûr le «quintuplé» asiatique de tête (Inde, Chine, Malaisie, Thaïlande et Indonésie), mais également l'Egypte première sur le plan arabe et africain-, la Jordanie et le Ghana, mais devant l'Ile Maurice et le Sénégal (25ème), les Emirats Arabes Unis (29ème) et le Maroc (30ème). En octobre 2008, un atelier, organisé par «Young Mediterranean Leaders», sur «comment encourager l'offshoring et un développement plus rapide dans les nouvelles technologies», avait constaté que la Tunisie «commençait à attirer» des entreprises étrangères de ce secteur, mais qu'elle présentait, à l'image du Maroc, «des atouts et des faiblesses», face à ses concurrents asiatiques. Et qu'elle devait, pour prétendre à une place plus importante au soleil, s'améliorer dans les infrastructures telecom, le niveau de maîtrise de l'anglais par les Tunisiens et faire preuve de plus de souplesse en ce qui concerne le nombre d'expatriés que les entreprises étrangères sont autorisées à recruter. Désormais, consciente de ses forces et de ses faiblesses, la Tunisie a décidé de se donner les moyens pour aller plus loin et plus haut en matière d'offshoring. Comme dans d'autres secteurs dans lesquels la Tunisie a voulu «monter en grade», le premier pas va consister à réaliser une étude sur le développement de l'offshoring dont les recommandations via l'élaboration d'une stratégie. Maintenant que la décision de procéder à une telle étude sur ce secteur a été prise, le ministère du Développement et de la Coopération internationale vient de faire le pas suivant consistant à créer une «Unité de Gestion par Objectifs (U.G.O.)» ayant pour mission «le suivi du développement de l'offshoring en Tunisie». Créée pour trois ans dont dix mois consacrés à la mise en oeuvre de l'étude et les 26 autres au suivi de l'exécution des recommandations et du programme promotionnel-, cette U.G.O. aura à suivre la réalisation de l'étude stratégique, l'exécution des recommandations et la coordination de l'activité promotionnelle pour le développement de l'offshoring en Tunisie. Les résultats de l'action de cette unité -composée d'un chef, ayant fonction et avantages de directeur général d'administration centrale, et de deux cadres- seront évalués conformément à trois critères : amélioration de l'offre tunisienne et consolidation de la capacité de la Tunisie à attirer les activités d'offshoring et appui aux structures tunisiennes spécialisées «pour connaître les composantes de ces activités et les principaux facteurs influant leur mise en place et pour promouvoir les investissements étrangers dans ce domaine. La Tunisie de l'offshoring est désormais sur la piste du décollage.