Convaincus d'être de plus en plus courtisés par un nombre sans cesse grandissant de pays lancés dans une course effrénée aux investissements directs étrangers, les grands émetteurs de capitaux de ce monde dont en particulier les pays exportateurs d'hydrocarbures- sont en train de se doter de fonds d'investissement ayant pour mission de fructifier au maximum les recettes de leurs exportations. A l'instar de certains pays pétroliers et notamment du Koweït, le premier pays exportateur d'hydrocarbures dont les revenus tirés des placements financiers et autres investissements dans divers secteurs ont dépassé, dès les années 80, les recettes tirés du pétrole-, la Libye s'est engagée depuis très longtemps sur cette voie, avec la création, en 1981, de la Libyan Arab Foreign Investment Company (Lafico). Ce pays en compte aujourd'hui six (Libyan Investment Authority, Economic & Social Development Fund, Social Security Investments Fund, Libya Africa Investment Portfolio, Libyan African Investments Company, Libyan Foreign Investments Company), dont au moins trois créés depuis 2006, à la faveur du véritable «boom» que connaissent ces nouveaux acteurs de la finance et de l'économie mondiale. Trois de ces fonds d'investissement ont vu le jour en 2006. Il s'agit de «Libya Africa Investment Portfolio» (LAIP, doté d'un capital de 8 milliards de dollars et basé en Suisse), l'«Economic and Social Development Fund» (ESDF, il gère les capitaux alloués aux Libyens dans le cadre du programme de «distribution de la richesse nationale»), et de la Libyan Investment Authority (LIA), un holding qui supervise et gère l'ensemble des fonds d'investissement libyens et contrôle plus de 50% -75 sur un total de 135 milliards de dollars- des capitaux dont ces fonds disposent. Un pactole qui ne cesse de croître, car «chaque année les autorités lui allouent une partie des recettes pétrolières », indique Mohamed Layas, président de la LIA. Et le mouvement n'est pas près de s'arrêter puisque la LIA et la Banque centrale de Libye sont en train de créer un nouveau fonds. Avec une telle force de frappe financière, il est tout à fait naturel que ces fonds soient très courtisées de tous et notamment de la France qui les a récemment invités à l'initiative d'Ubifrance- à une rencontre avec les chefs d'entreprise français (Paris, 15 juin 2006) venus en grand nombre et qui sont attirés à la fois par les opportunités d'exportation et d'investissement. La Libye désirant réduire au maximum les dépôts en devises en raison de l'inflation et de la fluctuation des cours-, ces fonds d'investissement ont appelé à des partenariats avec les entreprises françaises en vue de monter des projets dont certains déjà bien ficelés- à l'étranger (Europe, Afrique, et Amérique latine) mais également en Libye. A titre d'exemple, la LAICO qui a racheté l'Abou Nawas Tunis- cherche un partenaire en vue de réaliser un hôtel cinq étoiles, et un centre administratif et commercial à Tripoli, et exploiter deux mines d'or en Erythrée. La LAFICO (Libyan Arab Foreign Investment Company), présente depuis 1981 en Tunisie (prise de participation dans le capital de la société Tourgueness, dont elle a depuis racheté la majorité), voudrait réaliser deux unités de fabrication de médicaments et articles médicaux au Maghreb. Avis, donc, aux amateurs, en l'occurrence aux entreprises voulant saisir ces opportunités ou en proposer d'autres.