Les logiciels libres sont en train de révolutionner le monde des TIC. Les solutions Open Source sont de plus en plus sollicitées par les grandes sociétés pour la gestion de leur contenu. Les logiciels libres, destinés au début à la communauté des utilisateurs, sont devenus désormais professionnels. S'adressant aux entreprises, les sociétés qui proposent ce «libre professionnel» gagnent de plus en plus de terrain face aux logiciels commerciaux. C'est le cas de la société française eXo Platform, par exemple, qui s'est implantée en Tunisie depuis juillet 2008 pour couvrir la région MEA (Middle East & Africa). Créée en 2003, cette jeune société, qui aspire à l'international, a beaucoup fait parler d'elle. eXo Platform est un éditeur de logiciels libres et de solutions Open Source de travail collaboratif (Portail, GED, CMS...) en intranet et extranet. Son concept consiste en la création d'un portail d'entreprises qui rassemble tout le contenu et toutes les applications utilisés par l'entreprise et qui est basé sur la gestion électronique des documents et sur la notion de collaboration. «La version Open Source professionnel consiste en des solutions testées et garanties qui n'ont rien à voir avec les versions communautaires. L'entreprise peut librement tester nos solutions en les téléchargeant. Notre apport est l'assistance technique, le support, la documentation et la maintenance applicative et corrective. Aucune entreprise ne pourra prendre le risque d'adopter un produit non garanti», affirme Oualid Chaker, general manager de la société pour la région MEA (Middle East & Africa). Son premier client : le département de la Défense américain A ce jour, la société est devenue une multinationale qui compte cinq implantations à travers le monde : France, Vietnam, Ukraine, Tunisie et tout récemment à San Francisco. Son succès repose sur «son histoire assez atypique», indique M. Chaker. A l'issue de ses études, le fondateur et CEO de la société, Benjamin Mestrallet, diffuse sous forme d'un logiciel libre le code source de son projet de fin d'études. Remarqué par le département de la Défense américain qui a tout de suite adopté son produit, il crée la start-up eXo Platform. Un coup de chance qui a permis à la jeune start-up de se faufiler sur le marché Open Source en France et à l'étranger pour devenir une multinationale. Actuellement, elle compte parmi ses clients l'Etat de Genève, le ministre des Finances belge, des Conseils généraux français, Generali. Un succès qui a valu à Benjamin Mestrallet d'être élu jeune dirigeant de la technologie en 2008. La société a été classée, en 2009, numéro un dans le Top 10 des plus célèbres projets Open source par le journal français «L'informaticien». Confiance en la filiale tunisienne En Tunisie, elle a déjà son premier client qui est la Banque de Financement des PME (BFPME), dont le portail collaboratif est en cours de réalisation. «De grands groupes industriels sont aussi intéressés par notre offre et ils sont en train de l'étudier. D'ailleurs, nous comptons parmi les trois éditeurs logiciels retenus par ces groupes à côté d'IBM et Microsoft. C'est déjà une réussite», se réjouit M. Chaker. D'ailleurs, la création d'eXo platform Tunisie a été motivée au début par une ancienne amitié entre Benjamain Mestrallet et Oualid Chaker. «Nous avons fait notre classe préparatoire ensemble au Lycée Louis Le Grand à Paris. J'ai suivi avec Benjamin l'évolution d'eXo Platform. C'est ainsi qu'il m'a proposé l'idée d'une implantation en Tunisie, motivée également par le cadre législatif encourageant à l'investissement», a ajouté M. Chaker. La filiale a très vite pris la relève, grâce notamment «à la qualité de ses ressources humaines», tient-il à nous le dire, qui «sont passées de un à 12 actuellement et nous recrutons encore. Nous comptons atteindre une vingtaine d'ici fin 2009». L'activité a doublé et se concentre désormais sur le développement des supports, le consulting et des projets de développement interne. Un petit laboratoire de développement a été créé. Cinq projets techniques sont actuellement en cours de réalisation pour le marché européen. Ainsi, la filiale oriente 70% de son activité sur l'Europe et 30% sur la région MEA. Une bonne perspective pour le bureau de Tunisie, qui se voit confié des marchés assez consistants. Partenariats stratégiques Sur le marché maghrébin, la société compte parmi ses clients la Direction générale des collectivités locales du Maroc et le Registre du Commerce algérien. Sur le marché régional, M. Chaker nous apprend que la société a été sollicitée pour deux appels d'offres en Arabie Saoudite pour une université et pour le ministère des Finances saoudien. En Afrique noire, eXo Platform est déjà présente en Côte d'Ivoire et au Togo. Concernant le marché de l'Open Source dans la région, M. Chaker nous confie que le potentiel existe mais les gens ont encore peur. «La volonté existe mais la mise en pratique tarde encore. L'avantage de l'Open Source est qu'il permet à l'entreprise de se défaire des logiciels commerciaux. Il lui garantit une indépendance, une maîtrise des sources mais aussi une maîtrise des charges», nous explique-t-il. Pour renforcer son positionnement, eXo Platform a établi, en juin 2009, un partenariat avec Red Hat, le leader mondial des solutions Linux, en rejoignant la communauté JBoss. Ce partenariat consiste en la création d'un portail JBoss eXo. Il sera opérationnel en début 2010. Une fusion qui a motivé l'ouverture d'une nouvelle filiale à San Francisco, en août 2009, afin de se positionner sur le marché américain. Le responsable d'eXo Platform MEA nous apprend que la société a désormais un partenariat technologique avec Google, mais aussi un partenariat d'intégration avec, entre autres, Bull et Business & Decision. Sur le marché sud-asiatique, la filiale vietnamienne a été renforcée avec un personnel de 60 personnes. La société est actuellement en train d'étudier les possibilités d'avenir sur le marché sud-américain. Pour le bureau de Tunis, les perspectives sont assez bonnes. «Tous les supports sont assurés par notre filiale», nous apprend son jeune manager. Sur le marché local, la société vise désormais les PME PMI en proposant un packaging intranet collaboratif documentaire.