En scrutant l'activité commerciale et industrielle, l'implantation des unités de fabrication des cigarettes au plan national, l'approvisionnement et la qualité du produit de la Régie Nationale du Tabac et des Allumettes (RNTA) dont la mission principale est d'assurer, pour le compte de l'Etat, l'exploitation d'une situation de monopole fiscal, la Cour des Comptes a relevé, dans son dernier rapport annuel, un certain nombre de dysfonctionnements, de défaillances, susceptibles d'entraver la bonne marche d'une institution dont le statut de monopole-une aubaine diront certains par les temps qui courent où la compétitivité, l'émulation et la concurrence doivent être la règle-est devenu synonyme de laisser-aller et d'indifférence. Approvisionnements en dents de scie Tout d'abord, d'après les travaux de contrôle, le traitement des tabacs, au niveau des centres, n'est pas toujours effectué conformément aux normes en vigueur, ce qui est de nature à altérer, à la base, la qualité du produit, à provoquer des coûts d'achats additionnels et à nuire à l'image de marque de la RNTA. En plus, la Régie a eu souvent recours à des consultations en dehors des périodes habituelles liées aux campagnes de production, s'offrant ainsi le luxe de ne pas élargir la concurrence, laissant, de ce fait, les aléas du marché fixer les prix d'une manière unilatérale. Un gâchis de taille pour l'entreprise. D'un autre côté, faute de précision dans la détermination des besoins et dans la programmation de l'approvisionnement en certaines matières, la direction a été amenée à procéder de manière quasi-systématique, indique le rapport, à la passation de commandes additionnelles en dehors des délais contractuels et à conclure des avenants modifiant les dates, objets d'accords préalables, les quantités ou même la nature de certains achats. Et cerise sur le gâteau, les retards enregistrés lors du dépouillement des offres, relatives à l'approvisionnement en tabac, a obligé la RNTA à accepter des augmentations de prix et des réductions de quantité, subissant ainsi un préjudice financier et une réduction de stock, dommageable à la bonne marche de la société. Une baisse sensible de la qualité La Cour a constaté une dégradation de la qualité du tabac «scaferlati», fabriqué à partir de 2006, la réduction de la production à environ la moitié des prévisions et la baisse du niveau des stocks des cigarettes concernées dans les dépôts centraux à moins de 6 jours de ventes, ce qui a nécessité l'utilisation de quantités supplémentaires de tabac avec un coût de l'ordre de 348.000 dinars. Au fait, le rapport a surtout mis l'accent sur les conséquences de l'absence, au sein de la RNTA, d'une unité spécifiquement chargée de veiller à la conformité des cigarettes produites aux normes techniques et sanitaires, le manque de coordination dans la programmation des opérations de maintenance des équipements et la léthargie, la suffisance de la «Direction centrale de la production» qui a exposé la Régie à des difficultés pour maintenir le niveau des stocks de sécurité à un mois de production, conformément au budget prévisionnel. Activités commerciales La Régie a dû renoncer à l'acquisition en 2006 de machines destinées à la confection et à l'emballage de cigarettes tunisiennes, ce qui a poussé la direction à recourir encore davantage à la sous-traitance dont la part de production a atteint 73% avec un surcoût assuré. Finalement, l'examen des chiffres d'affaires a révélé l'imprécision des prévisions globales de ventes de certaines marques de cigarettes tunisiennes et étrangères, d'où des difficultés épisodiques, notamment en 2007, pour répondre à la demande et assurer un approvisionnement régulier du marché, conclut le rapport annuel de la Cour des Comptes.