La victoire du Brésil est confirmée à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) à propos des subventions au coton, mais cela ne devrait pas bouleverser rapidement le marché de la fibre. Comme prévu, à la suite d'une plainte du grand pays d'Amérique latine, l'organe de règlement des différents (Ord) de l'OMC a jugé illégales les subventions des Etats-Unis à leur producteurs de coton. Le pays mis en cause, en pleine campagne électorale, a immédiatement fait appel à cette décision. "Il semble très improbable que les Etats Unis suppriment leurs subventions rapidement et brutalement", rappelle Yannick Saint-Roch, secrétaire général de l'Afcot (association française du coton). Les conséquences de la décision de l'OMC sur le cours ou la production de coton seront donc peu visibles, d'autant plus que d'autres facteurs peuvent jouer, comme la concurrence de la culture du soja au Brésil ou le prix des synthétiques, influencé par le cours du pétrole.
Avec le Brésil, les quatre pays africains (Mali, Burkina, Bénin et Tchad) qui avaient fait de l'élimination des subventions un cheval de bataille lors de la conférence de l'OMC à Cancùn, en septembre 2003, ont également gagné des points. La commission de Bruxelles a en effet décidé, le 27 avril, de changer le mode d'attribution des aides aux producteurs de l'Union européenne (UE), désormais découplée en partie des volumes de production. "Les subventions européennes descendront ainsi à 696 millions d'Euros, soit 51 millions de moins", explique Yannick Saint-Roch. Il avait déjà eu une diminution des aides lors de la campagne 2002-2003.
La production cotonnière de l'Union européenne, essentiellement espagnole et grecque, n'est qu'au huitième rang mondial, avec 475.000 tonnes, très loin derrière la Chine (4,9millions), l'Inde (2,3 millions), le Pakistan (1,74 million), l'Ouzbékistan (1 million), la Turquie (900.000 tonnes) et le Brésil (850.000). Selon certains, observateurs, la production espagnole serait même susceptible de disparaître dans les années à venir.
La Commission a organisé par ailleurs, les 5 et 6 juillet, à Paris, un Forum sur le thème du coton, auquel elle a convié des représentants des pays producteurs d'Afrique, de l'Union européenne et de ses pays membres, d'organisations internationales et d'entreprises intéressées par la question. Au programme : les positions de l'Afrique et de l'UE dans les négociations internationales, stratégies nationales, politiques et institutions relatives au coton, innovations techniques et reconnaissance de la qualité ou soutien au secteur du coton.
"Les pays africains, conscients de la difficulté de supprimer les subventions européennes trop rapidement ont demandé en attendant, une contrepartie financière. Ce sujet, entre autres, pourrait être abordé lors de la conférence, estime Yannick Saint-Roch. Il ne s'agit cependant pas de négociations mais, pour l'instant, de thèmes de réflexion."