Si le nombre des entreprises tunisiennes ayant réussi une percée en particulier durable- aux Etats-Unis est minime, celui des entrepreneurs tunisiens à qui l'on y déroule presque- le tapis rouge l'est encore davantage. Abdelmajid Mahjoub est l'un de ces «happy few», puisque chacun de ses déplacements au pays de l'Oncle Sam donne lieu à un tapage autour de son nom et de celui de l'entreprise familiale dont il tient les rênes avec ses frères : les Moulins Mahjoub. Le patron de cette entreprise agroalimentaire de la région de Tebourba, spécialisée dans les produits du terroir, se trouvait justement il y a quelques jours aux Etats-Unis, plus précisément à Salt Lake City (capitale de l'Utah, un des Etats de l'Ouest américain), pour prendre part au «Liberty Heights Fresh Market», qui s'y tenait du 12 au 14 octobre 2009. Fondé en 1993 par Steven Rosenberg, un passionné des produits du terroir qui va en chercher aux quatre coins du monde pour les proposer aux Américains, ce salon-marché est devenu la référence dans ce domaine. A cette occasion, Abdelmajid Mahjoub a eu droit, dans un journal local The Salt Lake Tribune- à un article invitant les amateurs de la bonne cuisine de terroir à un «Tour culinaire tunisien», durant lequel cet «entrepreneur et fermier tunisien de la quatrième génération» se propose de les familiariser avec «les traditions culinaires et les aliments de la Tunisie». Pendant trois jours, de 14h à 18h, le patron des «Moulins Mahjoub» a animé un cour de cuisine tunisienne au cours duquel les participants faisaient la découverte des produits tunisiens du terroir du couscous au mhamès, en passant par l'harissa, les olives, les tomates séchées au soleil, etc. Présente aux Etats-Unis depuis 1993 avec ses produits distribués par la société Rogers International LLC où elle a rendu assez célèbres des concepts plutôt «barbares» pour un Américain, comme Ojja, Lablabi, Kammuniya, Mechouia, Marqat Zeitoun, etc.- la société a pu s'y faire un nom ainsi qu'en Europe (France, Italie, Belgique, Allemagne, Suisse, etc.) et au Moyen-Orient (Liban, Koweït, Dubaï)- grâce au travail de fourmis que mènent les frères et surs Mahjoub, tant au niveau de la production et du conditionnement des produits que du marketing. Ces efforts leur ont valu d'être reconnus et adoptés tant par les consommateurs que par les critiques gastronomiques. Dont deux Américaines, Paula Wolfert et Nancy Harmon Jenkins. Cette dernière en particulier a consacré aux Mahjoub quelques pages dans son livre «The Essential Mediterranean» et un reportage dans lequel elle raconte la leçon de cuisine tunisienne que lui a dispensé l'une des sept surs de Abdelamajid Mahjoub. Dont elle rappelle, en passant, que ses amis l'appellent le «Shakespeare de l'huile d'olives».