Selon une étude faite par Cawtar, 73% des femmes arabes chefs d'entreprise ont monté leurs projets à partir de rien et 55% d'entre elles sont propriétaires exclusives de leurs entreprises Elles sont 18 mille femmes tunisiennes qui, conscientes de la place privilégiée accordée désormais à l'initiative privée et confiantes en leur potentiel, se sont adonnées à l'investissement et à la création de leurs propres entreprises. Les femmes chefs d'entreprise ont, depuis deux décennies, répondu partantes pour une expérience estimée rentable d'avance, celle de la création de leurs propres projets , de leurs PME, motivées sans doute par la panoplie tentante des mesures prises par l'Etat en vue de propulser la dynamique économique du pays et d'inciter les jeunes, entrepreneurs soient-ils ou entrepreneures, à l'investissement. La capacité de la femme tunisienne en matière de gestion n'est plus à prouver. Déjà, dans sa petite entreprise familiale, la femme se charge de tout ce qui a trait aux besoins de sa famille, au budget familial et à tous les détails de son ménage. Gestionnaire avisée par nature, elle travaille sans relâche du moment qu'elle est convaincue en l'utilité de la tâche et de la rentabilité de ses efforts. Depuis 1990, un nouvel organisme a été créé pour aider la femme tunisienne à voler de ses propres ailes en matière d'investissement, à relever des défis économiques dont elle est bel et bien capable et à prouver ses performances en tant qu'actant compétent et en tant qu'investisseur apte à donner la plus-value et à promouvoir le processus de développement économique. Il s'agit de la Chambre nationale des femmes chefs d'entreprise (CNFCE) dont la mission consiste essentiellement à développer les méthodes de gestion des entreprises et d'aider les femmes chefs d'entreprise à participer activement et efficacement à la dynamisation de l'économie nationale, et ce, par le biais de la mise en place de PME conformes aux besoins économiques actuels, mais aussi au profil de l'entreprise moderne, susceptibles de répondre aux exigences et du marché local et de celui international. La mission de la CNFCE s'avère en parfaite symbiose avec les divers mécanismes d'appui, mis en place par l'Etat et ayant pour finalité de soutenir les jeunes entreprises en général et celles féminines en particulier à s'installer et à s'imposer sûrement sur le marché. Aussi, des centres d'affaires, des technopôles, des pépinières d'entreprises mais également des institutions d'appui financier, fiscal et des facilités douanières et législatives ont-ils été créés tout au long des deux dernières décennies afin de mettre à la disposition des jeunes entrepreneures des avantages divers facilitant la création de projets. Les entreprises féminines confirmées performantes Les femmes tunisiennes donc ont saisi leur chance et ont cru en leur bonne étoile mais aussi — et surtout— en leur potentiel et en leur volonté de réussir. Habituées à parfaire leur travail, elles s'appliquent avec ferveur et conscience professionnelle pour être à la hauteur de la confiance que leur voue la société mais aussi à la hauteur de leurs espérances. Dans notre pays, la différence entre l'homme et la femme n'est décelable que par le mérite. Et le mérite des femmes chefs d'entreprise n'est plus à prouver. En effet, d'après une étude faite par la CNFCE et par le Programme de modernisation de l'industrie ( PMI) sur un échantillon de 96 entreprises, les entreprises gérées par les femmes se caractérisent par une dynamique confirmée, par un potentiel de croissance important, par une productivité renforcée et par une bonne gestion. Ces entreprises sont, par ailleurs, la preuve palpable d'une bonne maîtrise et d'une exploitation importante des nouvelles technologies. Toutes ces caractéristiques valent aux entreprises féminines tunisiennes un positionnement satisfaisant sur le marché. Par ailleurs, et selon une autre étude élaborée cette fois-ci par Cawtar et portant sur un échantillon de 1.228 femmes chefs d'entreprise représentant cinq pays arabes, la Tunisie, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Liban et la Jordanie, 73% des femmes ont démarré leurs projets à partir de la phase zéro et 55% d'entre elles sont propriétaires exclusives de leurs entreprises. Ce constat ne peut que refléter la volonté, la détermination et le savoir gestionnaire et commercial des femmes chefs d'entreprise. Intérêt croissant pour les domaines innovants Il y a également lieu de préciser que la femme tunisienne est parfaitement consciente de l'indispensable orientation de l'institution économique vers les créneaux porteurs et à forte valeur ajoutée. Ainsi, bon nombre de femmes chefs d'entreprise s'engagent dans des projets jugés innovants et prometteurs, notamment ceux axés sur les Ntic et sur les produits fort demandés tant sur le marché national qu 'international. Ce qui n'empêche pas bon nombre d'entre elles de s'adonner aux créneaux classiques très prisés, à savoir ceux de l'artisanat et de tout ce qui relève de la décoration. Certes, les femmes chefs d'entreprise avancent à pas sûrs vers le chemin de l'investissement et de l'initiative privée. Toutefois, leur potentiel peut être nettement mieux exploité si seulement elles parvenaient à dissiper les obstacles qui entravent quelque peu leur succès et ralentissent le développement de leurs projets. En effet, lors de la conférence nationale organisée par la CNFCE et ayant pour thème «Le rôle des femmes d'affaires dans la réalisation des objectifs futurs», certaines femmes chefs d'entreprise ont mis le doigt sur l'une des difficultés majeures de leurs parcours, à savoir la rigidité des règles de remboursement des crédits bancaires, notamment au cours des premières années de démarrage du projet. Pour remédier à cette lacune, une plus grande souplesse au niveau de la relation banque / entreprise est de mise afin d'aider cette dernière à aller de l'avant. Les femmes chefs d'entreprise sont, en outre, appelées à faire preuve de plus d'efficacité en optant encore davantage pour les marchés mondiaux, et ce, afin de promouvoir la production tunisienne sous d'autres cieux et de gagner le pari de la compétitivité.