Y aurait-il réellement une pénurie de lait dans En Tunisie? Pas de péril en la demeure, assure Boubakr Mehri, DG de Délice Danone. «Tant que la consommation est rationnelle, il n'y a pas à avoir peur d'une carence du lait sur le marché, il ne faut pas que nos concitoyens paniquent à l'idée de ne plus en trouver, la machine productive est toujours en marche et les stocks sont disponibles». Pour ce qui est du stock de lait disponible, il s'élève pour ce mois-ci à 22 millions de litres pour une consommation moyenne de 1 million de litre/jour. A préciser que la production du lait reste régulière. Le malaise ressenti au niveau du marché serait plutôt d'ordre psychologique même si il y a deux semaines, à Géant, les clients ont dû suivre des consignes les invitant à ne pas acheter plus de deux packs de lait. «Je ne pense pas que le problème se situe au niveau du lait en lui-même mais plutôt celui des marques. Il y en a qui sont rapidement absorbées par le marché et d'autres qui ne le sont pas», précise M. Mehri. Il est vrai par ailleurs que le stock de lait qui était au mois de juin de 50 millions de litres en est aujourd'hui à moins de sa moitié, ce qui s'explique par la période estivale, ramadanesque et de fête. Mais il y a aussi un autre élément important, c'est le fait que nous n'arrivons pas à ce jour à nous entendre pour créer des centres pour la conservation de lait. Car en période de haute lactation (de mars à août), la production moyenne de lait peut atteindre les 30 millions de litres par mois, en période de basse lactation, elle est réduite d'au moins 20%. La Tunisie serait l'un des rares pays à conserver le lait en flotte, ce qui ne lui permet pas d'en stocker beaucoup, de peur de ne pas en préserver la qualité et d'en altérer le goût avec les risques d'hygiène qui peuvent s'en suivre. La solution résiderait dans la création par l'Etat d'une unité pour la transformation de l'excédent de lait en poudre afin d'en injecter sur le marché en période de basse saison au lieu d'être obligé d'en importer. Cette unité servirait de régulateur en période de vaches maigres, elle pourrait, également, tout autant être créée par un consortium ou un groupement de producteurs de lait. Rappelons pour ceux qui ne le savent pas que depuis deux années, il est interdit d'exporter le lait . Il est une autre dimension qui n'est peut-être pas prise sérieusement en compte par certains producteurs de lait, c'est la relation de confiance établie entre certaines marques et les clients et qui plaide en faveur de l'une d'elle plutôt que d'une autre. Et là, il s'agit certainement de la qualité du produit qui recueille l'adhésion des consommateurs. On ne peut pas leur imposer de force un produit qu'ils n'apprécient pas, d'où des efforts supplémentaires de la part des industriels pour améliorer et parfaire la qualité d'un produit de consommation de base qui, plus est, est nécessaire pour tout un chacun. Précisons pour terminer que la dernière pénurie du lait, dans notre pays, date de 2007 et que cette année, nous n'avons pas encore atteint à ce jour ce stade.