Le changement climatique semble avoir pris le sort des récoltes de sucre pour la saison 2009-2010. Suite au retard de la production en Inde et au Brésil, le cours du sucre sur le marché mondial a augmenté de façon spectaculaire pour atteindre 776 dollars la tonne en janvier 2010. Au port de Radès, ce prix a atteint 780 dollars. Avec un bon calcul pour les frais de dédouanement et de transport, le prix final du kilogramme sur le marché local est d'environ 1D,250. Du fait que le sucre soit subventionné par l'Etat, à hauteur de 300 millimes, en début janvier 2010, son prix se situe actuellement à 950 millimes le kilo, un prix qui est considéré comme très élevé pour le consommateur tunisien, même si on estime qu'il est moins élevé que chez nos voisins comme l'Algérie (1,250 dinar) et la Libye. Mais qui dénote une réelle pénurie du sucre qui frappe le marché mondial, manifestée essentiellement par la baisse des stocks mondiaux, durant ces deux dernières années (2008-2009). Augmentation de la demande A l'origine de cette baisse, une pression sur le marché mondial provoquée par les trois grands producteurs qui contrôlent le marché. L'Inde, jadis grand exportateur, est devenu grand importateur, en cause de la sécheresse. Son déficit s'élève à 11 millions de tonnes pour une consommation annuelle de 24 millions de tonnes. Au Brésil, une pression subsiste sur le marché. A cause des dernières pluies, il y a eu un retard dans la production. En cause également, l'utilisation de plus en plus des superficies pour la production de l'éthanol, ce qui limite encore la production du sucre. Pour l'Union européenne, les subventions agricoles ont été mises en cause dans les négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La libéralisation engendre la suppression des subventions, ce qui met la pression sur les agriculteurs qui n'ont plus le même engouement pour la culture du sucre, et s'orientent désormais vers les céréales. A ces circonstances, s'ajoute une demande en hausse des pays asiatiques où les réserves s'épuisent, à l'instar du Pakistan et de l'Indonésie dont la demande s'élève à 1,5 million de tonnes, ce qui met une pression supplémentaire sur le marché et provoque un augmentation de la demande au niveau de la Bourse. Un déficit de 9,42 millions de tonnes Sur le marché local, cette situation influe grandement sur les prix puisque la Tunisie ne produit pas de sucre, elle doit donc l'importer. Ce qui explique la montée vertigineuse du prix local. La consommation du sucre progresse, chaque année. Elle est passée de 336 mille tonnes en 2008 à 341 mille tonnes en 2009. L'Office Tunisien du Commerce maintient le monopole de l'importation et supporte le déficit dû à la subvention du sucre par l'Etat à côté de la Société Tunisienne du Sucre, qui connaît, à son tour, de grandes difficultés financières dues, justement, à ce déficit. Ses pertes s'élèveraient à 17 millions de dinars en 2008. A l'Organisation Internationale du Sucre, on estime que le fossé entre l'offre et la demande devrait s'élever à 9,42 millions de tonnes sur la saison 2009-2010 contre 7,3 millions de tonnes auparavant. Une situation critique qui fait que si elle perdure, les réserves vont s'épuiser, même si on estime que la saison 2010-2011 marquera la reprise de la production. Conclure hâtive certes, mais logique: on devrait s'attendre à une augmentation du prix du sucre.