Une canette de soda d'une marque bien connue contient une proportion de mélange égale à 18 morceaux de sucre. Comment alors ne pas avoir un kilo de sucre au prix d'un dinar, et même plus ?. Pour mémoire, la Tunisie a développé dès son indépendance la culture de la betterave sucrière. Mais, avec l'augmentation continue des besoins, le pays est actuellement très loin de l'autosuffisance. D'ailleurs, l'OTC (Office Tunisien du Commerce) importe la quasi-totalité des besoins du pays de cette matière, dont les cours ne cessent de flamber depuis quelques années. Auparavant, la culture de la betterave à sucre avait connu un certain intérêt sur les plaines du Nord Ouest du pays, notamment à Béja ou avait été créée la STS : Société Tunisienne du Sucre, qui est actuellement mise sur la liste des compagnies à privatiser. Les prix ne répondant pas aux attentes des agriculteurs, la culture des betteraves à sucre a été peu à peu abondonnée, jusqu'en 1986, date à laquelle le gouvernement avait relevé le prix d'achat de près de 50 %. Il en avait résulté un doublement de la production entre 1985 et 1987. Depuis, le prix est resté stable et la récolte stagne : 260 000 t en 1987, 248 000 t en 1992. Une situation préoccupante pour les autorités, car le rêve tunisien d'assurer une autosuffisance en sucre s'est envolé. L'un des pays les plus consommateurs En 1987, année record, la production locale avait couvert 15 % des besoins. En 1991, cette proportion est retombée à 10 %. La consommation de sucre par les Tunisiens progresse en effet à grande vitesse. Elle est passée de 20 kg par habitant en 1959 à 32 kg actuellement, du fait de l'amélioration du niveau de vie, ce qui place le Tunisien au top des consommateurs de la matière dans le monde. Aujourd'hui, les Tunisiens consomment de plus en plus de sucre raffiné mais ils raffolent aussi en pâtisseries, confiseries et boissons gazeuses, lesquelles sont la cause de 40 % des importations de sucre du pays. En 2009, la consommation de sucre en Tunisie a atteint les 340 mille tonnes. La Tunisie est considérée comme l'un des pays les plus consommateurs de sucre dans le monde. Le niveau de consommation de 100 grammes de sucre par jour est considéré excessif, voire alarmant. Tout ceci contre une production presqu'inexistante. Le Brésil, l'Inde, la Chine… Les deux organismes responsables de l'importation du sucre dans les marchés internationaux ont depuis quelques années du pain sur la planche afin de trouver des prix qui ne grèvent pas les recettes de l'Etat et afin de satisfaire une consommation locale effrénée. Après l'arrivée du Brésil, premier producteur mondial de sucre, dans la course à l'énergie verte, les prix du sucre n'ont cessé d'atteindre des chiffres astronomiques. Le pays de la Samba a choisi de mettre 50% de sa production en sucre à la disposition des compagnies fabriquant le Bioéthanol. De plus, l'Inde jadis premier exportateur de sucre est devenu premier importateur en l'espace de quelques années. Sa production a connu une régression considérable passant de 25 millions tonnes à 15 millions de tonnes. Résultat, le cours du sucre dans les marchés mondiaux n'a cessé de s'envoler. En 2009, le prix d'une tonne de sucre est passé de 605 dollars au mois de janvier, à 773 dollars en décembre. Cerise sur le gâteau, ce sont les Chinois dont le niveau de vie ne cesse de croître qui découvrent le luxe du sucre. Sa consommation dans l'Empire du Milieu tend à enregistrer de vrais pics dans les quelques années à venir, ce qui voudra dire une croissance encore plus importante de ses prix à l'international. Ouvrons l'œil… Le prix du sucre sur le marché local a connu un ajustement en 2009 pour atteindre 950 millimes le kilo, prix de vente au consommateur. Et voilà qu'un deuxième ajustement eut lieu. Selon certains professionnels, le prix de cette matière aurait dû être de plus de 1250 millimes depuis déjà quelques années. Les solutions qui existent actuellement pour contourner ces hausses successives ne sont pas multiples, il ne s'agit surtout pas d'essayer à nouveau de promouvoir la culture de la betterave à sucre en Tunisie, étant donné que cette voie n'a que de minces chances de succès, mais ce qui est sûr c'est que la balle est dans le camp du consommateur et de certains professionnels qui sont en train de faire des profits énormes sur le dos de tout le monde en promettant des produits forts consommateurs de sucre, à des prix au-dessus de la capacité du citoyen et de l'Etat lui-même ! Des produits tels que les pâtisseries, les confiseries, les sodas ou encore les glaces, doivent-ils être soumis à une taxe au goût du sucre avant d'être commercialisés ?