Il faut savoir qu'en Tunisie, comme c'est le cas d'ailleurs dans plusieurs autres pays, l'organisation des foires et salons ou plus largement des manifestations commerciales, n'est pas à proprement parlé réglementée en dehors des dispositions générales du Code de commerce. Ainsi, nous avons des sociétés privées qui organisent des manifestations commerciales, comme la SOGEFOIRES, EXPOSERVICES TUNISIE ou autres. Mais nous avons également des associations (l'association de la Foire de Sfax est une de plus anciennes et plus connues) et de sociétés mixtes publiques/privées comme la Société de la Foire Internationale du Kram. D'autre part, nous assistons actuellement à l'apparition d'une multitude d'agences dites d'organisation d'événementiel (congrès, séminaires, symposium, etc.) mais qui ne dédaignent pas à l'occasion l'organisation d'une ou de plusieurs manifestations commerciales considérées sous l'angle de l'événementiel. En plus, il faut aussi compter avec les organismes professionnels ou administratifs qui s'érigent en organisateurs pour des manifestations qui leurs sont propres. Ainsi, l'UTAP organise ses salons agricoles, l'APIA le fait dans le même créneau. Les Fédérations de l'UTICA, la Chambre de Commerce de Tunis et les chambres d'autres régions, l'Office de l'Artisanat, l'API, organisent tous et souvent directement des manifestations commerciales. La situation des centres d'exposition n'est pas meilleure puisque les caractéristiques techniques et les normes à respecter ne sont pas bien définies. Et si le palais d'expositions du Kram, le plus grand et le plus normalisé, est un acquis majeur pour le pays, nombre de manifestations sont organisées au Centre d'exposition de La Charguia ou à la Foire de Sfax. Ces centres «historiques» de l'activité, qui sont talonnés maintenant par le Centre d'expositions de la Medina de Hammamet, sont sûrement mieux adaptés à la taille du marché tunisien même s'ils ne répondent que partiellement aux exigences des normes de l'UFI (Union Internationale des Foires), organisation mondiale du secteur dont seule la Société de la Foire Internationale du Kram est membre en Tunisie. En l'absence de centres d'exposition dédiés, comme c'est le cas dans la plupart des régions, on improvise et il n'est pas rare de voir des dépôts industriels, des cours d'écoles ou d'autres bâtiments abriter les foires et les manifestations régionales. Au niveau des manifestations organisées, nous nous trouvons dans des situations caractérisées par un manque flagrant d'harmonisation, par de débordement qui frisent la concurrence déloyale et des calendriers souvent fantaisistes, ce qui contribue à une mauvaise image de marque du secteur et l'empêche de jouer pleinement son rôle économique. Pour M .Béchir Ben Amor, président de la Chambre Syndicale Nationale des Organisateurs des Foires et Salons (affiliée à la FENAS, Fédération Nationale des Services de l'UTICA), l'absence d'organisation et de réglementation du secteur n'est pas seule en cause. «La multiplication des intervenants dans le secteur s'explique aussi, ajoute M. Ben Amor, par le coût relativement abordable de l'investissement dans les services et l'attrait du gain pour beaucoup de nouveaux promoteurs souvent jeunes et non expérimentés. Nous avons été environ 5 entreprises adhérentes à la CSN, tandis que plus d'une cinquantaine d'entreprises existent sur le marché !» Devant une telle situation, la CSN des organisateurs, via la centrale patronale, a insisté auprès du ministère du Commerce, tutelle de la profession, afin d'accélérer la mise en place d'une réglementation qui organise le secteur et une loi est en chantier dans ce sens, surtout que la tendance est vers le désengagement de l'Etat de l'activité de l'organisation directe des salons et des journées commerciales à l'étranger dévolue maintenant au CEPEX. La CSN des organisateurs des foires et salons, nous déclare M. Béchir Ben Amor, a soumis des propositions concernant tous les aspects de l'activité afin d'arriver à assainir la situation que ce soit au niveau des entreprises organisatrices, des centres d'exposition ou des manifestations elles-mêmes. Dans ce sens, il faut savoir que le secteur des foires et salons est régie par des lois spécifiques dans la plupart des pays européens. L'UFI, de son côté, prépare le projet d'une norme ISO (projet de norme 20121, voir http://www.ufinet.org). La loi française par exemple réglemente l'activité des centres d'exposition, soumet les organisateurs à un régime de déclaration annuelle obligatoire de leurs manifestations et interdit, sous peine d'amende, la publicité pour un salon non déclaré. La loi, enfin, distingue et définit chaque type de manifestations commerciales selon sa nature (définitions des foires, des salons ouverts au public, des salons professionnels).