Inexistant il y a une dizaine d'années, les parcs technologiques constituent aujourd'hui une composante de plus importante du paysage scientifique, technologique et industriel national. Car les pouvoirs publics ont décidé d'étendre ce réseau jusqu'à avoir un parc par gouvernorat. Cette stratégie s'inscrit, selon Sayda Bel Hadj Ammar et Mokhtar Amami (enseignants respectivement à l'Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Entreprises Campus universitaire de La Manouba, et au Royal Military College of Canada), «dans le cadre d'une stratégie nationale ambitieuse visant l'instauration de la société d'information ; et accordant une priorité absolue à la promotion de l'industrie, de la recherche et de l'innovation dans les secteurs à forte valeur ajoutée basés sur l'intelligence créative et la haute technologie». La loi n°2001-50 du 3 mai 2001, relative aux entreprises des pôles technologiques, leur assigne plusieurs objectifs : «développer des compétences de haut niveau capables de gérer les projets innovants, favoriser la recherche scientifique, promouvoir l'innovation technologique, favoriser l'incubation et la création d'entreprises innovantes par la valorisation des résultats de la recherche, stimuler la création d'emplois, en particulier pour les diplômés de l'enseignement supérieur, améliorer la compétitivité de l'entreprise tunisienne, promouvoir le partenariat public-privé et favoriser l'investissement direct étranger». Mais qu'il est loin le temps du lancement du parc technologique El Ghazala, créé en 1997 et entré en activité en 1999 ! D'abord, la Tunisie ne compte plus un mais bien dix technopoles couvrant différents secteurs d'activité et régions Bizerte (industrie agroalimentaire), Sidi Thabet (biotechnologie et industrie pharmaceutique), Borj Cedria (énergie, eau, environnement et biotechnologie), Sousse (mécanique, électronique et informatique), Jendouba (agriculture), Monastir (textile), Gafsa (substances utiles), Médenine (valorisation des ressources du Sahara) et Sfax (informatique, multimédia et télécommunication). Ensuite, le profil des promoteurs de ces technopoles est en train de changer. Alors que l'Etat était et est encore- seul impliqué dans le parc El Ghazala dédié aux entreprises et technologies de la communication-, les neuf autres sont l'uvre conjointe d'opérateurs publics et privés. A titre d'exemple, les technopoles de Sidi Thabet (Institut Pasteur de Tunis, SIPHAT, Sicar Amen Bank, STB, BH, et ATB), Sousse (Amen Bank, BTK, BFPME, et Tuninvest Finance Group) et de Sfax (Tunisie Telecom, Amen Bank, ATB, BH, La Poste Tunisienne, Telnet et Poulina) sont le fruit d'un partenariat public-privé. Et de la même manière qu'il a conquis d'autres secteurs relevant jadis du domaine exclusif de l'Etat l'aménagement des zones industrielles, par exemple-, le secteur privé pourrait ne plus investir dans les technopoles par simple sens du devoir mais bien parce qu'il y voit un créneau prometteur. C'est ce qu'ont déjà fait les groupes (Mzabi, One Tech, Hédi Bouchamaoui) et les hommes d'affaires (Farès Mabrouk, Ahmed Baslah) ayant constitué le tour de table de la société Solartech Sud engagée dans la réalisation de l'Eco-Village solaire Djerba Zarzis promu par M. Ahmed Friaa, et qui sera le premier technopole 100% privé. Mais pour que l'investissement dans ce secteur puisse attirer un grand nombre d'opérateurs, il faudrait, comme cela a été souligné par M. Belgacem Mezni, lors du récent séminaire de présentation des premiers résultats de l'étude de faisabilité de ce projet, mettre en place des «mesures spécifiques d'appui aux promoteurs privés de parc technologiques». Un accompagnement dont les pouvoirs publics ont toujours fait bénéficier les secteurs naissants et prometteurs et qui ont beaucoup aidé à leur décollage.