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M. Mourad Guellaty parle de l'enseignement, de la relation avec le corps des comptables et du nouveau référentiel international: Pallier vite aux lacunes
Publié dans L'expert le 16 - 09 - 2010

Notre invité de la semaine est l'expert-comptable M. Mourad Guellaty et cela dans le cadre de notre grand dossier déjà entamé depuis juillet dernier où nous avons abordé la comptabilité sous tous ses aspects et notamment les avis et les propositions de plusieurs experts comptables professionnels et enseignants universitaires.
Nous avons jugé de notre devoir de mettre sur la table un sujet aussi délicat, complexe et d'actualité à un moment où nous vivons le passage et la convergence vers le nouveau référentiel comptable.
Notre invité, que nous avons eu le plaisir de contacter, nous a aimablement fait part de son avis et de ses réflexions sur le sujet.
Dans l'attente d'autres avis avec d'autres invités, nous proposons à nos lecteurs les réflexions ci-après.
Quel est votre avis sur l'enseignement de la comptabilité en Tunisie?
L'enseignement de la comptabilité est un peu obsolète.
Cet enseignement n'est pas, en principe, former, seulement, des comptables mais, aussi, des organisateurs de sociétés, des évaluateurs, des gestionnaires des conseillers en fusions/acquisitions etc.
La comptabilité est en train d'évoluer et cet enseignement doit évoluer, afin de suivre le développement technologique que connait notre monde d'aujourd'hui.
Les étudiants doivent être initiés aux ERP, à la sécurité informatique et à d'autres domaines technologiques nécessaires à la compréhension du fonctionnement des entreprises.
Les progrès technologiques sont immenses et très rapides. Ce dont on a besoin ce sont des auditeurs qui sont à la fois comptables et spécialistes en sécurité informatique mais aussi, qui sont des organisateurs capables de concevoir des applications performantes et adaptées à l'évolution des entreprises.
Notre système d'enseignement reste basé sur les méthodes traditionnelles, pour ne pas dire surannées. Elles sont importantes, certes, mais non suffisantes dans notre monde changeant.
Il faudrait, à mon avis, mettre davantage l'accent sur l'enseignement de l'informatique (outils bureautiques, logiciels de comptabilité, systèmes d'information, programmation...).
Donc il faudrait moderniser le système d'enseignement, et le rendre proche de l'accès au monde de l'entreprise.
Pour y arriver, il faudrait mettre l'accent sur les stages obligatoires.
L'enseignement actuel a privilégié trop le versant théorique au détriment de l'aspect pratique.
En effet les stages en entreprise ne sont pas obligatoires et couronnés par des rapports. Le fait de prévoir des stages en entreprise ou chez des professionnels indépendants, au cours de l'année universitaire, et de prendre en compte ces stages dans l'évaluation des étudiants, aurait un impact positif sur leur formation.
Comment évaluez-vous le niveau des jeunes diplômés en sciences comptables et expertise comptable? Les matières enseignées répondent-elles, à votre avis, aux besoins de la profession?
Le système d'enseignement des étudiants en comptabilité a changé avec l'introduction du système LMD. La réforme LMD est une réforme récente et elle n'a pas été complétée jusqu'au Mastère.
Avant la réforme LMD, les étudiants suivaient une première année en tronc commun puis se spécialisaient pendant trois années dans l'étude des sciences comptables.
Après l'obtention de la Maîtrise, il y a le certificat d'études supérieures de révision comptable, qui est une étape nécessaire pour obtenir le diplôme d'expert comptable.
Concernant l'enseignement pendant les années de Maîtrise, il comporte deux lacunes : d'un côté il n'est pas assez approfondi pour permettre aux étudiants de pratiquer la profession d'expert comptable et de réussir dès la première année au diplôme du CES de révision comptable.
En effet, une matière aussi importante que l'audit n'est enseignée qu'en quatrième année et l'enseignement des IFRS est quasi absent durant les trois premières années d'études et que, de plus, la formation des comptables n'est pas assez polyvalente.
Cette dernière ne leur permet pas d'effectuer toutes les tâches nécessaires à la gestion d'une entreprise (marketing, commercial, achat, trésorerie ...), d'autant que le tissu économique tunisien est, essentiellement, composé de petites et moyennes unités qui ont un réel besoin de cadres polyvalents.
A cet égard, Il convient de revoir le contenu et la nature des matières enseignées afin qu'ils soient le plus compatible possible avec les exigences du marché du travail et du profil d'un spécialiste de la comptabilité.
Ainsi plusieurs modules enseignés, actuellement, uniquement au niveau de la révision comptable devraient être abordés en amont de ce stade, à savoir au niveau de la Maîtrise.
Concernant les jeunes experts comptables qui ont obtenu le CES de révision comptable, ils ont suivi une formation intense au cours d'une période assez courte (huit mois) ce qui ne leur permet pas d'assimiler et de maîtriser tout le bagage théorique qu'ils ont reçu.
De plus, leur formation manque de pratique. Ceci rejoint la première idée développée à savoir commencer à initier certaines matières avant d'entamer la révision comptable pour que cela soit performant pour les futurs experts comptables et les futurs comptables.
Le niveau des jeunes diplômés est très variable. Il dépend de plusieurs facteurs, dont notamment le niveau social et son corollaire, la culture générale de l'étudiant.
Les matières de base sont importantes.
Cependant il faut réduire leur concentration et leur ajouter de nouvelles matières s'adaptant avec l'économie tunisienne, qui se veut ouverte.
Notre approche de l'enseignement était conçue pour un pays autarcique.
Notre pays s'est ouvert, depuis, et se veut au diapason du changement que connait le monde d'aujourd'hui. Nous devons nous inspirer de cette politique économique d'ouverture à la mondialisation et faire en sorte que la profession soit en adéquation avec ces choix économiques de notre pays.
En ce qui concerne le système LMD, que suggérez-vous?
A mon sens le monde de l'éducation devrait avoir des rapports plus solides avec le monde de l'entreprise. Il est important que l'étudiant accède à ce monde dès sa première année de licence.
Pour garantir son entrée et son insertion dans l'entreprise, les conventions avec les entreprises constituent à cet égard un moyen efficace.
C'est un investissement très important vu qu'il va contribuer à faire diminuer le nombre des demandeurs d'emploi des futurs diplômés.
Dans notre métier, les stages effectués par ces derniers constituent un facteur valorisant dans son recrutement.
Les écoles privées d'enseignement supérieur organisent des stages au profit de leurs étudiants. Ces stages sont très importants dans la formation de l'étudiant.
Que pourriez-vous proposer pour que les mémoires de fin d'études aient un aspect plus pratique que théorique?
Les mémoires sont théoriques parce que chez l'étudiant il y a une culture théorique. En principe, le mémoire à aspect pratique nécessite une vie pratique de l'étudiant pendant son cycle universitaire. Ce qui fait défaut, actuellement, chez nos étudiants.
Quelle est la relation entre l'expert comptable et le comptable?
Nous avons une forte proportion de comptables compétents et expérimentés.
Généralement, les experts comptables et les comptables font la même chose avec une tendance plus prononcée dans la fiscalité et le juridique pour les comptables et un peu plus vers l'audit et l'organisation pour les experts comptables.
Quelle est la relation entre la fiscalité et la comptabilité?
La comptabilité est en principe un système permanent qui subit de petites améliorations avec le temps.
La fiscalité obéit à des variations en fonction des exigences des politiques de finances publiques.
La relation entre la fiscalité et la comptabilité est très forte parce qu'en Tunisie la comptabilité constitue un élément de base pour la détermination du résultat fiscal.
Les divergences qui existent sont dues aux exigences précédemment mentionnées.
La Tunisie et le nouveau référentiel comptable, que diriez-vous?
Les normes comptables tunisiennes ont été inspirées des normes internationales.
Seulement, on n'a pas mené le parcours jusqu'au bout.
Ce qui est important, surtout, c'est que les normes IFRS sont des normes enseignées et largement pratiquées en Tunisie, par de nombreux professionnels, depuis que la mondialisation nous a intégrés.
Les experts comptables tunisiens pratiquent ces normes pour les sociétés étrangères qui ont des filiales en Tunisie ou aussi pour des sociétés tunisiennes ayant des actionnaires étrangers qui demandent des bilans en IFRS.
Notre adoption de ce nouveau référentiel serait un facteur incitatif et favorisant pour les IDE.
Quelles sont, d'après vous, les faiblesses de ce nouveau référentiel comptable?
Il n'y a pas de méthode comptable qui ne puisse avoir des faiblesses. Les IFRS, depuis deux années, avec la dernière crise financière et même un peu avant, ont été largement et mondialement contestées. Le problème c'est que la valorisation selon la juste valeur fait débat. On estime qu'elle conduit à la volatilité et la pro cyclicité.
La comptabilité d'avant les IAS/IFRS est essentiellement basée sur le coût historique alors que ces derniers font émerger l'application de la «juste valeur» une méthode qui rapproche la valeur comptable des actifs de leur valeur économique.
Ces IFRS, qui avaient le mérite de rapprocher les bilans comptables des situations économiques réelles de l'entreprise, ont été confrontés principalement à ces deux problèmes de la volatilité et de la pro cyclicité.
On estime, en effet, que la mise en œuvre des IFRS et notamment de la juste valeur fait que les bilans des entreprises sont devenus trop volatils dans des périodes d'inflation ou de déflation, de bulles immobilières ou financières, et qu'ils accentuent les phénomènes de hausse et de baisse.
Quand il y a une baisse des actifs, elles accentuent la baisse et vice versa. Elles sont pro cycliques, en accentuant le cycle, quand l'entreprise est en période de crise ou d'euphorie haussière.
Interviewé par : A. Bouchoucha
M. Mourad GUELLATY
Premier président du Conseil de l'Ordre des experts comptables de Tunisie, 1983
Fondateur de Société Arabe des Experts Comptables, ASCA associée à l'ACCA britannique, 1983
Après des études à Paris de Doctorat en sciences économiques à Assas -Sorbonne, à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et au CNAM, a été Junior, Senior, Manager et Senior Manager C% Price Waterhouse & Co, Paris, Afrique Francophone et Associé de Price Waterhouse Abu Ghazaleh (Paris, Casablanca, Kuwait et Tunis) 1972 -1983
Correspondant de Coopers & Lybrand Paris1995 - 1998
Il exerce depuis une trentaine d'années en Tunisie à la tête du Cabinet éponyme dans le domaine de l'expertise comptable.
Il a enseigné en France à Paris Assas en qualité de Maître Assistant en 1976-1977 et à l'IHEC Tunis en 1977-1978.


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