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M. Abderrazak GABSI Universitaire et Expert-comptable, Membre de l'Ordre des Experts Comptables de Tunisie : "Une récente évaluation du système LMD a permis d'introduire quelques changements dans l'intérêt des étudiants"
Publié dans L'expert le 28 - 07 - 2010

Le niveau des étudiants en sciences comptables varie selon les établissements d'enseignement supérieur. Nous comptons plus que 15 établissements d'enseignement supérieur délivrant des diplômes dans la discipline de la comptabilité. Nous avons : l'Institut des Hautes Etudes Commerciales (IHEC) de Carthage, l'Institut Supérieur de Gestion (ISG) de Tunis, l'Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Entreprises de Manouba, la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG) de Tunis, l'Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis , la FSEG de Nabeul, l'Institut Supérieur de Commerce et de Comptabilité de Bizerte, la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et de Gestion de Jendouba , l'Institut Supérieur de Finances et de Fiscalité de Sousse, l'IHEC de Sousse, l'ISG de Sousse , la Faculté de Droit et des Sciences Economiques et Politiques de Sousse, la FSEG de Mahdia , la FSEG de Sfax , l'Ecole Supérieure de Commerce de Sfax, l'IHEC de Sfax et l'ISG de Gabès.
La question qui se pose : est-ce que toutes ces institutions universitaires ont les ressources nécessaires en termes d'enseignants permanents qualifiés? La réponse est dans plusieurs cas non.
Tout d'abord, parce qu'il y a un manque flagrant d'enseignants permanents dans les domaines de la comptabilité, de l'audit et de la fiscalité. On fait recours à des vacataires. Et ici, il y a un problème. Le statut de vacataire n'encourage pas notamment l'expert comptable à investir dans l'enseignement supérieur ; ce n'est pas respectueux et la rémunération est dérisoire.
En plus, on ne devient un bon enseignant qu'après un certain nombre d'années (sur le long terme). La consolidation de l'expérience est capitale.
Ensuite, l'enseignant permanent dispose généralement d'une formation théorique. Il ne peut pas enseigner convenablement certaines matières de connotation professionnelle telle que l'audit. La solution serait de trouver un cadre contractuel approprié, permettant à l'expert comptable de contribuer efficacement à l'enseignement d'expertise comptable. Ça n'empêche que l'enseignant permanent se distingue par ses qualités pédagogiques.
En outre, les institutions de l'intérieur, à part celles de Sfax, et les institutions de création nouvelle n'ont pas encore suffisamment de ressources. L'expérience a montré que les maitrisards en comptabilité provenant des institutions qui sont dépourvues de ressources parviennent rarement à obtenir le diplôme du CES de Révision Comptable, ce qui laisse à penser que le contenu et la qualité de la formation nécessitent une évaluation et une revue.
On ne peut pas faire une appréciation générale du niveau des étudiants d'expertise comptable. Le niveau diffère d'une institution à l'autre ; il est acceptable voire bon au niveau de certaines institutions. Deux indices majeurs donnent une idée sur le niveau des diplômés: les résultats des examens ou concours nationaux et le marché de l'emploi. Beaucoup d'entreprises économiques préfèrent les diplômés de certaines institutions.
L'IHEC de Carthage est parmi les rares institutions qui délivrent des diplômes reconnus à l'étranger (en France et au Canada, par exemple). Les domaines (stratégiques), les contenus et les objectifs de qualité des formations assurées au niveau de cette institution sont ciblés.
Les institutions de l'intérieur pourraient améliorer davantage la qualité des produits qu'elles offrent, et à ce titre nous avons l'obligation de les aider de sorte que les enseignants qualifiés y soient affectés (c'est l'une des politiques du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique).
En résumé, le niveau des étudiants en expertise comptable dépend de la disponibilité d'enseignants qualifiés dans le domaine, de la qualité des étudiants recrutés et de l'ouverture de l'institution universitaire sur son environnement (à travers des partenariats stratégiques, l'organisation des stages, des séminaires, etc.

En ce qui concerne le système LMD, que suggériez-vous ?
Dans le système LMD, nous avions, avant le dernier changement et sauf exception, une Licence Fondamentale en Comptabilité (voie de recherche) et une Licence Appliquée en Comptabilité (voie professionnelle).
Le parcours était clair dès le départ ; l'étudiant qui vise l'expertise comptable choisit la LAC. Les textes permettent aussi à l'institution de choisir deux matières optionnelles par semestre. Le contenu de la formation, étalée sur trois années, était bien défini et il prépare l'étudiant aux études d'expertise comptable post licence.
Une récente évaluation du système LMD a permis d'introduire quelques changements dans l'intérêt des étudiants. Un tronc commun (de deux années) est désormais institué pour la Licence Fondamentale en Gestion et pour la Licence Appliquée en Gestion. Les étudiants pourraient opter pour la mention « Comptabilité » au niveau de la troisième année de la licence. L'avantage dans cette réforme est qu'au cours du tronc commun, on fait enseigner aux étudiants les matières de base et on leur offre la possibilité de faire le bon choix de la spécialité qui cadre avec leurs capacités. Néanmoins, on risque de rencontrer un petit problème lié à la réduction du nombre des matières optionnelles. En d'autres termes, on risque d'éliminer certaines matières qui concernent la spécialité : comptabilité, audit, droit fiscal et droit des affaires. La solution serait de définir, en conséquence, un contenu approprié de la formation au niveau du nouveau mastère professionnel en comptabilité et en audit ou de la nouvelle révision comptable, en cours de validation par les instances compétentes.

Les matières enseignées répondent-elles aux besoins de la profession ?
La licence LAC, telle que conçue au départ, tient compte des exigences de la profession comptable et des besoins des entreprises économiques. Son titulaire disposerait, à mon avis, des pré-requis nécessaires qui vont lui permettre de poursuivre sa formation pour devenir expert comptable. J'espère que la nouvelle réforme consacre cette orientation.
La profession comptable et particulièrement l'OECT ont voulu que l'expertise comptable (profession d'excellence) soit enseignée dans le cadre d'une filière séparée, comme c'est le cas de la médecine ou de la pharmacie (soit dans une institution spécialisée soit au sein de certaines institutions existantes habilitées). Cette idée n'est pas encore retenue par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique peut-être parce que la comptabilité fait partie intégrante des sciences de gestion.

L'enseignement de la révision comptable: quelle évaluation ?
Nous avons quatre institutions habilitées à assurer la formation préparatoire à l'examen national du CES de Révision Comptable : l'IHEC de Carthage, l'ISCAE, l'ISG de Tunis et la FSEG de Sfax. Elles subissent une forte pression pour recruter le maximum d'étudiants. Environ 1500 étudiants s'inscrivent annuellement dans ces institutions, ce qui est anormal étant donné les ressources disponibles et le niveau relativement élevé des études. Est-ce que tous ces étudiants ont les capacités requises pour réussir en révision comptable ?
Ce nombre important d'inscrits provient d'étudiants qui ne sont pas forcément intéressés par la révision comptable, mais qui l'on choisie pour d'autre raisons. D'ailleurs, on constate un taux d'absentéisme énorme en cours d'année et à l'examen.
En principe, les études post licence sont réservées aux meilleurs étudiants comme c'est le cas pour les différents mastères. Une sélection à l'entrée, qui jusqu'à présent fait défaut, est plus que nécessaire. Ce problème se pose avec moins d'acuité à l'IHEC de Carthage et il devrait être résolu avec le nouveau système LMD.
En outre, il y a un gap énorme entre la maitrise en sciences comptables et la révision comptable. En effet, un maitrisard qui débarque en révision comptable devrait répondre à un certain nombre d'exigences en matière de formation de base que malheureusement on ne trouve pas toujours. Dans le système LMD, ce problème va être résolu par la définition d'un contenu de formation progressive Licence/Mastère qui éviterait les redondances ou les carences dans les formations dispensées.
Par ailleurs, est-ce que les quatre institutions habilitées à dispenser la formation préparatoire à l'examen national de révision comptable disposent des ressources nécessaires pour assurer de bons enseignements ? Malheureusement ce n'est pas toujours le cas. Pour une formation de haut niveau, il faut avoir des enseignants hautement qualifiés et expérimentés. Certaines institutions offrent la formation pour la révision comptable, alors que des modules obligatoires ne sont pas convenablement enseignés (ou ne le sont pas carrément). Les étudiants font des déplacements fréquents et parfois risqués pour suivre les cours assurés au niveau de certaines institutions. Pour un enseignement de haut niveau, il faut des enseignants hautement qualifiés. Cette règle n'est pas toujours respectée au niveau des institutions habilitées. En conséquence, les étudiants repèrent les meilleurs cours et s'entassent dans les classes pour les suivre. D'où des conditions difficiles d'enseignement, une baisse notable du rendement pédagogique et de l'assimilation des étudiants.
En outre, il y a une certaine hétérogénéité concernant les contenus des cours enseignés. Ce qui est un problème, étant donné que l'examen est national. Ce qui manque, c'est une définition précise et détaillée de chaque module enseigné. Ça n'empêche qu'il y a des efforts louables de coordination déployés par certains enseignants des institutions impliquées dans la formation.
Un autre problème ; les enseignements assurés en révision comptable sont de haut niveau. Ils sont inspirés des besoins de la profession d'expertise comptable et devraient tenir compte des dernières évolutions des disciplines enseignées au niveau international (normes IFRS, ISA, etc.). Le volume est important et il ne cesse d'accroitre. Donc, nous avons des matières pointues (pas faciles à assimiler), non stables (qui changent chaque année) et de volume important, de telle sorte qu'il est difficile d'assurer une formation assez complète et efficace en une seule année universitaire.
La réforme de l'enseignement des études d'expertise comptable devrait, en principe, tenir compte des impératifs suivants :
 La conformité aux normes IFAC en matière d'enseignement de l'expertise comptable (voir IES 2, Contenu des programmes de formation comptable professionnelle) ;
 La reconnaissance du diplôme national d'expert comptable à l'étranger. Pour cela, il faut tenir compte des systèmes d'enseignement pratiqués par certains pays de référence ou comparables à la Tunisie (Etats-Unis, Canada, France, Maroc, Algérie, etc.) ;
La formation en révision comptable devrait , en outre, s'étaler sur deux années universitaires et tenir compte des enseignements assurés au niveau de la licence appliquée en gestion (mention comptabilité) et des exigences pour la formation d'experts comptables hautement qualifiés. De nouvelles matières (système d'information, finance des marchés, finance internationale, ingénierie financière, droit pénal des affaires, gouvernement d'entreprise, etc.) sont à introduire, d'autres sont à revoir ou à étaler sur plus d'un semestre ou même d'une année.
La Tunisie est un pays émergent et ouvert sur les économies développées. Avec la clairvoyance du Président Ben Ali, il a aujourd'hui beaucoup d'acquis qu'il faut préserver. Depuis les années 80, la Tunisie a formé des centaines d'experts comptables reconnus par leurs compétences sur les plans national et international. Et à mon avis, il n'est pas indiqué de basculer entièrement vers la co-diplômation pour former des experts comptables. En d'autres termes, en premier lieu, il faut bâtir un système national d'enseignement de l'expertise comptable performant et moderne qui délivre un diplôme national d'expert comptable sans l'intervention d'institutions étrangères. La co-diplômation ne pourrait être qu'une voie supplémentaire offerte à tout étudiant voulant devenir un professionnel du chiffre. Pour que la co-diplômation soit efficace, il faut qu'elle soit bien organisée et qu'elle ouvre des chances réelles aux étudiants ; c'est-à-dire que les institutions étrangères participant à cette formation co-diplômante acceptent d'accueillir les étudiants tunisiens qui voudraient compléter leur formation et devenir expert comptable. On n'a pas vu, à ce jour, beaucoup d'experts comptables émanant des formations co-diplômantes.
L'implication des institutions privées dans la formation de l'expertise comptable est une voie à développer et elle pourrait résoudre pas mal de problèmes. Cependant, il faut s'entourer des conditions de réussite dont notamment le recrutement d'enseignants hautement qualifiés.
Que pourriez-vous proposer pour que les mémoires de fin d'études aient un aspect plus pratique que théorique ?
Au préalable, il convient de rappeler que le mémoire d'expertise comptable n'est ni un rapport de stage, ni une thèse. Il doit traiter d'un problème technique se rapportant à la profession comptable et il peut constituer un travail de recherche et, à ce titre, présenter des analyses théoriques. Mais, il est généralement et sauf exception le reflet de l'expérience professionnelle du mémorialiste. Après deux années de stage validées par l'OECT, l'expert comptable stagiaire pourrait choisir un sujet de recherche et présenter une notice à la commission d'expertise comptable de l'institution dont il relève. Cette dernière désigne deux rapporteurs, généralement un professionnel et un académicien pour donner deux avis sur la pertinence du sujet, la connaissance de la matière, les apports scientifiques et professionnels, la structure (plan), la forme, la bibliographie, etc. La commission, sur la base de ces deux avis, accorde son agrément ou exprime son refus du sujet.
Ce que je propose c'est : d'établir une note de cadrage du mémoire d'expertise comptable ; de codifier la procédure d'agrément du sujet de mémoire et de modifier les textes concertant le jury de soutenance du mémoire. Actuellement, ce jury comprend un président, qui est un académicien, et deux membres, dont un est expert comptable. Je recommande d'ajouter un quatrième membre expert comptable pour faire face à la situation dans laquelle l'encadrant est expert comptable et garantir une évaluation plus objective du travail de recherche effectué.
Je recommande, aussi, que l'encadrement soit assuré par un expert comptable enseignant depuis au moins cinq ans et de faire bénéficier les experts comptables mémorialiste de séminaires sur les méthodologies de recherche (qui pourraient être assurés au sein des institutions universitaires habilitées en matière de révision comptable ou au sein de l'institut de formation relevant de l'OECT).


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