La Tunisie a décidé de s'appuyer sur le savoir-faire aquacole international en eau douce pour développer une expertise nationale dans le domaine de l'aquaculture. Des projets de partenariat sont engagés, concomitamment, avec des pays comme l'Egypte, la Norvège, l'Iran, la Corée, la Chine, l'Italie et le Japon pour développer une expertise nationale dans le domaine de l'aquaculture. Dans cette optique, deux projets aquacoles structurants sont annoncés récemment (début décembre 2010). Ils seront réalisés en partenariat avec l'Italie et la Chine. Portée de deux stations aquacoles. Localisé à Tabarka (nord-ouest de Tunisie), le premier projet sera mis en uvre avec le concours d'une organisation non gouvernementale italienne. Le coût de ce projet s'élève à 2,6 millions de dinars. La station aquacole, aménagée au port de la ville et dotée de tous les équipements nécessaires, entrera en service très prochainement. Par delà du site, l'objectif recherché est de promouvoir la production aquacole en eau douce d'autant plus que les régions du nord-ouest, Béja, Jendouba, Le Kef et Siliana, abritent les plus importants barrages et plans d'eau du pays. Il s'agit également d'associer l'activité aquacole à la sédentarisation des ruraux et au développement durable, notamment dans les zones rurales. Le 2ème projet sera lancé à Tunis. Un accord de partenariat entre la Tunisie et la Chine a été conclu à cette fin (décembre 2010). En vertu de cet arrangement, les deux parties réaliseront, dans une première étape, l'étude de faisabilité technico-économique du projet. Les objectifs poursuivis à travers la promotion de l'aquaculture tendent à optimiser le rendement de la filière aquacole, à augmenter sa part dans la production halieutique de 3% actuellement à 10% à l'horizon 2016, et accroître la valeur de ses exportations à 25 millions de dinars contre 3 millions de dinars actuellement. Officiellement, la pisciculture est retenue en Tunisie comme une solution majeure pour pallier la rareté des poissons nobles (loup, daurade, mérou..), espèces victimes de la surexploitation et de la dégradation de l'écosystème. Cette dernière thèse n'est pas toujours juste. Certaines mauvaises langues parlent de d'un louche trafic en haute mer.Des pêcheurs tunisiens vendraient, en euros, le poisson aux Italiens et Maltais Sinon comment expliquer que nos marins pêcheurs, forts de 1.300 Km de côtes, d'une quarantaine de ports de pêche et de substantielles incitations fiscales et financières, ne parviennent pas, après 54 ans d'indépendance, à subvenir aux besoins en poissons d'une population de seulement 10 millions d'habitants, pour moitié, des consommateurs continentaux peu portés sur les produits halieutiques ? En attendant peut-être une réponse, le Tunisien devrait s'accommoder, dorénavant, de plats et de mets de poissons élevés soit dans des eaux douces, soit dans des cages flottantes en mer. Autre consolation: ce regain d'intérêt pour les produits aquacoles, répugnants pour les fins gourmets mais néanmoins salutaires pour les férus de protéines, est conforté par les projections futures de l'Organisation mondiale de l'agriculture et de l'alimentation (FAO). Selon ces estimations, l'aquaculture prendrait la relève sur la pêche en mer pour atteindre, d'ici 2030, une proportion de 50% de la production totale des produits de pêche.