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Suicides politiques
Publié dans Business News le 16 - 07 - 2020

Amateurisme, enfantillages, caprices, impulsivité, idiotie. Ni la langue française, ni arabe, ne devraient manquer de qualificatifs pour décrire cette journée du mercredi 15 juillet. Une journée qui s'inscrira dans les annales, mais pas dans l'Histoire du pays tant elle est honteuse. La « crème » du pays, ses politiciens, a agi comme des adolescents de deux quartiers populaires en train de se disputer, à coups de bâtons et de cailloux, pour savoir qui a « la plus longue ».
L'histoire est simple et aurait pu être résolue rapidement si les différents protagonistes avaient un minimum de culture politique, à défaut d'avoir de l'expérience. Et c'est là le malheur originel de notre pays, les hommes politiques tunisiens ne lisent pas, n'investissent pas dans la culture, ils n'essaient par de combler leur inexpérience, inévitable après des décennies de despotisme empêchant toute vie politique normale, en puisant dans l'expérience des hommes politiques étrangers. À l'exception de Béji Caïd Essebsi et de Mehdi Jomâa, tous les chefs du gouvernement venus après la révolution sont tombés à cause de fautes politiques primaires.
Ce qui s'est passé ce mercredi 15 juillet relève de ces enfantillages.

Que s'est-il passé ?
Ennahdha
Le parti islamiste Ennahdha a été élu en basant sa campagne sur des promesses de développement, de lutte contre le chômage et la précarité et de paix sociale. Ce mercredi 15 juillet, il dépose une motion de censure contre le gouvernement dont il est une des composantes. Peu importent les raisons, on ne peut pas se renvoyer de chez soi. La première règle est que quand on gagne des élections, on gouverne, on ne laisse pas sa place à d'autres, point. Au pire des cas, si la gouvernance du chef (avec qui vous avez signé, il y a trois mois, tout un plan d'action) vous déplait, eh bien vous quittez le gouvernement, vous ne déposez pas une motion de censure contre lui tout en restant dans ce même gouvernement ! C'est comme cela que cela se passe chez les politiques expérimentés.
Qalb Tounes
Lors de la campagne électorale, le président du parti Nabil Karoui était injustement en prison et c'est son épouse Salwa Smaoui qui a fait tout le boulot. Sa campagne était facile à résumer : modernisme, progrès, lutte contre l'extrémisme, lutte contre la précarité. 416.000 personnes (14,55%) ont voté pour Qalb Tounes aux législatives (et plus d'un million pour son président) en croyant à ces bobards de campagne. Ce mercredi 15 juillet, le parti s'affiche tout guilleret aux côtés du plus extrémiste et du plus fasciste des partis tunisiens, Al Karama. Le même Karama qui a bâti sa campagne en dénigrant et injuriant Nabil Karoui. Pire, Qalb Tounes s'affiche également aux côtés d'Ennahdha qui, lui aussi, le dénigrait et l'injuriait durant la campagne. Quel message renvoie Qalb Tounes à ses électeurs ? Idem pour les électeurs d'Al Karama et d'Ennahdha qui s'affichent avec le parti qui symbolise (à leurs yeux, c'est eux qui le disaient) la corruption par excellence. C'est comme cela que cela se passe chez les politiques qui ne respectent pas leurs électeurs.
Elyes Fakhfakh
Il décroche, haut la main, la palme d'or de l'amateurisme politique, conjugué à son inexpérience et son impulsivité. Elyes Fakhfakh a été attrapé la main dans le sac dans une affaire de conflit d'intérêts. Dans une sale affaire d'argent comme on dit. Avant même que l'affaire ne s'ébruite médiatiquement, le parti Ennahdha a essayé de la monnayer en lui demandant des portefeuilles qu'il s'est refusé à leur donner. Se croyant intelligent, il a été le premier à parler de l'affaire dans les médias, tout en la minimisant. Mal lui en a pris, la tactique n'a pas marché, car l'affaire n'était pas « minimisable », les Tunisiens ne sont pas idiots. Jouant la carte de la fuite en avant, il a défié ceux qui criaient au scandale avec son fameux « yabta chouaya » prononcé à l'ARP.
Lundi dernier, il annonce un remaniement qu'il met à exécution ce mercredi 15 juillet, quelques heures après le dépôt d'une motion de censure contre lui et le dépôt de sa propre démission. Les « exécutés » sont les ministres d'Ennahdha dont le seul fait coupable qu'il leur reproche est leur appartenance au parti islamiste.
Si Elyes Fakhfakh avait du tact politique, du flair, de l'expérience, il aurait agi autrement dès l'ébruitement de son affaire. Sachant pertinemment qu'il est coupable et qu'il est mêlé dans des affaires d'argent suspectes (l'argent est toujours suspect dans nos contrées) il aurait dû présenter sa démission à Kaïs Saïed dès le jour où l'affaire a commencé à s'ébruiter. « Monsieur le président, j'ai des entreprises en situation de conflit d'intérêts et, à cause du coronavirus, je n'ai pas mis de l'ordre dans mes affaires. Une enquête va s'ouvrir à l'Inlucc et, probablement, à l'assemblée. Je ne tiens pas à devenir suspect et à entacher mon poste, voici ma démission ». Il aurait agi ainsi, Elyes Fakhfakh aurait tiré le tapis sous tous ses détracteurs. Le président de la République aurait refusé sa démission et l'opinion publique se serait montrée compréhensive, vu que la situation de conflit est née à cause d'un cas de force majeure (covid).
Si Elyes Fakhfakh avait du tact politique, du flair, de l'expérience, il aurait négocié dans les coulisses avec Rached Ghannouchi pour le convaincre de l'impossibilité d'élargir, pour le moment, le gouvernement à des ministres de Qalb Tounes. Il aurait mis Ghannouchi dans sa poche au lieu de se le mettre à dos.
Si Elyes Fakhfakh avait du tact politique, du flair, de l'expérience, il n'aurait pas annoncé un remaniement lundi, il l'aurait décidé, poussant ainsi Ennahdha à ses derniers retranchements.
L'annonce du limogeage quelques heures après la motion de censure donne l'image de quelqu'un d'impulsif. D'un enfant gâté impulsif. A ce stade, on est loin de l'homme politique et très, très loin de l'homme d'Etat. Le pire est que dans sa réaction impulsive, Elyes Fakhfakh a commis une erreur d'ordre constitutionnel, comme s'il n'avait aucun conseiller juridique à ses côtés et comme s'il n'a pas lu lui-même la constitution. En présentant sa démission, ses ministres sont réputés, de fait, démissionnaires, d'après l'article 98 de la Constitution. Quel sens donc au limogeage de personnes qui sont déjà dehors ?!

C'est du gâchis, c'est triste, c'est désolant. La Tunisie avait vraiment besoin d'un quadra qui la sort de son embourbement. A son arrivée, Elyes Fakhfakh a fait naitre tant d'espoirs. Sa brillante gestion de la crise Covid a été salutaire et saluée. C'était hélas éphémère, comme un feu de paille.
En quelques semaines, il a été rattrapé par l'administration, sa bureaucratie et les bâtons qu'elle met dans les roues des entreprises. Ses décrets de sauvetage économiques sont restés lettre morte laissant ainsi nos entreprises dans la mouise. Sa gestion de son propre scandale a été calamiteuse, préférant le déni et la fuite en avant plutôt que l'affrontement et le pardon.
Le pire c'est que cet amateurisme est généralisé à l'ensemble de la scène politique. Ce qui arrive aujourd'hui, était prévisible et les lecteurs de Business News en ont été informés depuis des mois déjà.
Dans ce qui s'est passé ces dernières semaines, il y a deux vainqueurs, les seuls qui sont restés fidèles à leurs principes et leurs promesses électorales. Les seuls qui n'ont pas déçu leurs électeurs. Kaïs Saïed et Abir Moussi. Tôt ou tard, c'est ce duo qui sera à la tête de l'Etat, car les Tunisiens, quoiqu'on dise, n'ont pas la mémoire courte.
Elyes Fakhfakh sortira par la petite porte, tout comme Qalb Tounes, tout comme Al Karama. Quant à Ennahdha, l'expérience observée dans l'Histoire montre que les islamistes ne sortent jamais que par le sang. Pourvu qu'on n'en soit pas là chez nous et qu'ils sortent, eux aussi, par la petite porte.


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