Le président de la République est dans l'obligation constitutionnelle de consulter les blocs parlementaires dans l'optique de la désignation d'un nouveau chef du gouvernement. Toutefois, plusieurs observateurs et politiciens affirment qu'au final, Kaïs Saïed fera son choix tout seul comme cela fût le cas pour la désignation de Elyes Fakhfakh. En catimini, plusieurs partis politiques s'agacent du fait que le président de la République procède aux consultations par écrit. En effet, il a demandé aux partis représentés à l'ARP de lui faire parvenir leurs propositions avant le 22 juillet 2020, sachant que lui-même aura jusqu'au 25 juillet pour donner le nom du prochain chef du gouvernement. Le seul bloc qui s'est ému publiquement de cette pratique est celui d'Al Karama dans une correspondance adressée à Carthage le 17 juillet. Selon certains échos, un certain nombre de partis souhaiterait « piéger » le président à son propre jeu. Ennahdha, Qalb Tounes, Al Karama et Al Mostakbal (les signataires de la motion de censure contre Elyes Fakhfkah) pourraient, dans ce sens, proposer ensemble un seul nom au président de la République pour lui montrer qui est, clairement, leur favori. Les signataires de la motion visant Rached Ghannouchi pourraient également en faire de même. L'objectif est de mettre Kaïs Saïed dans l'embarras et de réduire sa marge de manœuvre en espérant qu'il ne nommera pas une personne étrangère à la volonté des blocs parlementaires. En attendant, les rumeurs vont bon train au sujet du prochain chef du gouvernement. Le lobbying et les influences battent leur plein pour tenter d'influencer le choix du président de la République. Mais comme il l'a déjà montré, Kaïs Saïed est capable de sortir une surprise de son chapeau.