EY vient de publier son Baromètre 2020 des entreprises en Tunisie et les chiffres sont très parlants. Le questionnaire a été élaboré en deux temps, une première collecte de données a été effectuée au début de l'année 2020 et une deuxième au cours de la dernière semaine de Juin exposant l'impact de la crise sanitaire Covid-19.
Ainsi, seulement 27% des dirigeants interrogés, contre 68% en 2014, penchent vers une amélioration de la situation politique : les conflits politiques de ce début d'année n'ayant pas permis de projeter un changement drastique sur le court terme. S'agissant des projections sur l'évolution de la situation économique et sociale du pays, 52% des sondés pensent que le contexte économique va se dégrader au cours de l'année 2020. Seulement 24% des répondants envisagent une amélioration du climat d'investissement en Tunisie au cours de l'année 2020. Néanmoins, les chefs d'entreprises du secteur de la production industrielle sont les moins pessimistes avec seulement 36% estimant que le climat d'investissement va se dégrader (VS une moyenne de 41%).
Parmi le Top 3 des préoccupations majeures des chefs d'entreprises, on retrouve deux qui ont été identifiées l'année précédente : la dégradation de la situation économique en Tunisie et la situation sociale / pression des organisations syndicales. En contrepartie, les chefs d'entreprises du secteur de la production industrielle indiquent un top 3 différent en introduisant le facteur «Prix élevés des matières premières» comme préoccupation majeure et qui peut s'expliquer par la dévaluation maintenue de la valeur du dinar face aux devises étrangères en 2019.
En ce qui concerne les priorités du plan de relance de l'économie tunisienne post-Covid-19, 31% des dirigeants priorisent la stimulation de l'offre pour répondre aux répercussions de la crise sanitaire Covid-19 en Tunisie. Sur terrain, le conseil des présidents des fédérations sectorielles a considéré que l'allègement des charges financières des entreprises fait partie de la liste des points importants relatifs au programme de sauvetage économique. 21% des chefs d'entreprises favorisent une stimulation de la demande par le biais de l'investissement public et 20% des dirigeants souhaitent un assainissement budgétaire et une réforme des entreprises du secteur public.
Interrogés sur l'éventualité d'une persistance de la conjoncture actuelle ou sa dégradation et sur le temps de résistance de leurs entreprises, 55% des répondants estiment que leurs activités seraient menacées dans un horizon inférieur à 2 ans. Dans le cas de non-éradication de la pandémie Covid-19 et de stagnation de la conjoncture actuelle, 42% des interrogés estiment que la perspective d'une pandémie persistante menacerait la continuité de leur activité dans un horizon de moins d'un an alors que 69% des chefs d'entreprises pensent voir leur activité menacée en l'espace de moins de deux ans. On notera que les répondants du secteur TIC présentent la plus forte résilience face au Covid-19. En effet, uniquement 30% voient leur activité impactée sur moins d'un an et 30% considèrent que leur business n'est en aucun cas menacé.
La crise Covid-19 a eu un impact négatif sur la vaste majorité des entreprises. En effet, 83% des entreprises sondées déclarent que la crise a eu un impact négatif sur leurs activités. 74% des dirigeants estiment que leur chiffre d'affaires subira une baisse supérieure à 10%. Ils étaient seulement 11% à faire cette même prévision au début de l'année 2020.