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C'est avec l'alphabet qu'on pique le taureau
Publié dans Business News le 02 - 08 - 2020

"Quand l'âme est mue par une passion brûlante, elle ne s'éteindra jamais ». Abou Hayan Ettawhidi

Ce mardi 4 août 2020 aura lieu le procès en appel du journaliste et écrivain Taoufik Ben Brik. Il est emprisonné depuis le 23 juillet, pour avoir pointé du doigt certains magistrats, qui, sous la dictature de Ben Ali l'ont condamné injustement à six de mois de prison ferme.
Pour rappel, le lundi 13 juillet, Taoufik Ben Brik a dû partir précipitamment à Tunis pour rapatrier la dépouille de son frère aîné Hédi, qui vivait à Paris. Hédi est mort, soudainement suite à un cancer du poumon. Une mort qui a terriblement affecté Taoufik Ben Brik, déjà marqué par la mort de sa sœur Mongia, après une longue lutte contre le cancer, aussi.
Après l'enterrement, il s'est retrouvé manu militari derrière les barreaux. Transgressant la loi, piétinant les procédures, les juges ont décidé de jeter en prison le symbole de la liberté.
Taoufik Ben Brik a été condamné à deux ans de prison ferme avec exécution immédiate par contumace. Ce jeudi 23 juillet, Il est allé, avec son avocat Maitre Nabil Akrimi, vers la justice pour faire opposition à ce jugement dont il n'était pas au courant. Il voulait faire opposition parce que l'erreur de procédure est évidente. « Mais, à notre grande surprise, mon client a été jugé le jour même d'un an de prison ferme, et a été directement conduit en prison après avoir passé deux heures et demi au poste de police », affirme son avocat Maître Nabil Akrimi.
La loi est claire. L'article 69 du décret-loi n°2011-115 du 02 novembre 2011 relatif à la liberté de la presse indique que seules les personnes concernées par les propos diffamatoires peuvent porter plainte, or dans cette affaire c'est le ministère public qui s'est chargé de l'affaire. De plus, s'agissant d'un procès pour diffamation, il encourt une amende de 1000 à 2000 dinars et non pas un emprisonnement. Aussi, conformément à la loi, un jugement par contumace ne doit pas être suivi par une détention.
« Je ris quand on me dit que dans l'eau le poisson a soif », le livre des ruses.

Le présage
Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), ainsi qu'une quarantaine d'associations nationales et internationales, tels que l'Organisation Tunisienne de Protection des Journalistes, la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme, l'Union Internationale des Journalistes et Article 13… ont dénoncé vigoureusement ce jugement tâché de vices. Des partis politiques, tels que le parti, L'Ouvrier, El Watad… ont publié des communiqués prenant parti avec Taoufik Ben Brik condamnant le procès de la liberté d'expression.
Les instances des Nations unies ont été saisies ainsi que d'autres instances régionales dont la Tunisie est membre.
Un comité de soutien international composé d'éminentes figures dans la lutte pour la liberté a lancé un appel pour la libération immédiate de TBB. Parmi ces personnalités, on retrouve Jean Pierre Tuquoi, (co-auteur du livre Mon ami Ben Ali), Edwy Plenel, (directeur de Médiapart), Julia Ficatier, (Grand Reporter), Guy Sitbon, (écrivain, journaliste et grand ami de la Tunisie), Houcine Bardi, (militant des droits l'homme et avocat), William Bourdon, (avocat), Kamel Jendoubi, Takriz, Alain Gresh (Directeur d'Orient XXI), Rosa Moussaoui, (Grand Reporter, l'Humanité), Mireille FANON MENDES (Fondation Frantz Fanon, ex-UN experte), Jérôme Gleizes (conseiller de Paris), Henri Leclerc (avocat et président d'honneur de la LDH)….

« Cette arrestation constitue un très mauvais signal, présageant une dérive dangereuse de la justice », soutient Maître Houcine Bardi, avocat et militant des droits de l'homme, qui dénonce le caractère absolument arbitraire de la procédure et de l'arrestation immédiate du célèbre journaliste. « Dans une démocratie, des propos excessifs ne peuvent jamais conduire à une détention. Ces procédures sont le monopole des régimes tyranniques », renchérit-il.

L'embastillent de la liberté de pensée et d'expression est devenue monnaie courante en Tunisie : une bloggeuse A.Charki, un professeur d'université Alibi et maintenant l'écrivain T.B.B. Qui sera le suivant ?
Au delà des motifs des condamnations et des profils des condamnés, avec lesquels on peut être d'accord ou non, il y a manifestement une volonté réelle tendant à bâillonner les voix libres. TBB en est le symbole.

TBB sera-t-il libéré, ce mardi 4 aout ?
Les Tunisiens appellent à sauver le journaliste Ben Brik. Il s'agit d'une question humanitaire surtout. N'ayant aucune immunité car atteint de la maladie du Cushing, conséquence de sa célèbre grève de faim de 42 jours, sa famille, ses amis, ses proches et tous ceux qui craignent un retour vers la dérive totalitaire, s'inquiètent pour sa vie. Des cas de Covid -19 ont été signalés dans le Grand Tunis, où se trouve sa prison.

Taoufik Ben Brik, l'emmerdeur, le réfractaire

«Combien de temps faut-il pousser la brouette pour que le jour se lève ? Faiseur de bulles, il bricolait aussi les idées. Un bébé dans la poche, un canif dans l'autre pour dépecer le monde… Un emmerdeur, réfractaire…Le rebelle à qui ça tombe toujours sur la gueule… » Ainsi a décrit Edwar Said, critique littéraire dans la préface du livre de TBB, The Plagieur, sorti en 2004.

L'histoire contemporaine de la Tunisie, retiendra que TBB, a été emprisonné sous la dictature policière de Ben Ali. Il a été, encore une fois, emprisonné sous la troisième république d'après la Révolution. L'histoire retiendra aussi, qu'après Bourguiba, il y a eu un seul homme, qui, avec sa plume, a dit : BASTA ! L'histoire retiendra aussi, que l'homme qui a participé activement à la chute du général Ben Ali et à l'avènement de la Révolution, se retrouve dans une cellule morbide de cette Révolution.
« Par sa déclaration de grève de 42 jours, par son courage, TBB est l'homme qui a contraint la dictature du général Ben Ali à mettre un genou à terre. Parce qu'il ne supportait pas les persécutions incessantes dont il était l'objet, depuis des années, parce qu'il est l'homme libre, il a choisi cette extrême action pour révéler la vérité d'un régime qui a fait de la Tunisie une prison sans barreaux », peut-on lire dans la préface de son livre : « Une si douce Dictature », paru en 2000.
TBB, n'a jamais cherché aucun contre partie. A travers son combat contre la dictature, il voulait sa liberté, la liberté de sa plume. Mais au lieu d'honorer la plume d'or de TBB, les juges tunisiens ont préféré la faire taire.
Guy Sitbon, écrit : Ils oublient qu'ils tourmentent un homme d'exception, qui fait honneur à la Tunisie et bien au-delà. Poète par nature, tous ses propos, ses écrits et ses actes sont des métaphores artistiques. Les percevoir au premier degré, c'est faire preuve d'illettrisme crasse et d'une insensibilité à l'esthétique de son œuvre et de son existence même. Non, il n'est pas comme tout le monde. Il est, par la pensée, au-delà, au dessus de tout le monde. Son cœur bat comme une âme en action. Le juger en faisant l'impasse sur son génie, c'est se tromper d'adresse, déshonorer le juge, déshonorer le pays »
Nominé au prix Nobel de littérature en 2012, TBB est Antara Ibn Chaded, le poète du désert qui a tout sacrifié pour sa liberté. New York Times, l'a comparé à Maradona de l'écriture. Milan Kundera l'a comparé à Charles Boukovski et à Dostoïevski… Lui, aime être Taoufik Ben Brik.
« J'avais pour seul diplôme celui de phraseur. Les phrases seront mon unique flingue, mon gilet pare-balles. Je serai un gangster qui braquera les banques avec des mots. C'est encore avec l'alphabet que je piquerai le taureau », écrit TBB dans « Le Rire de la Baleine ».


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