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Fondouk El Attarine : Un patrimoine exceptionnel parti en ruines
Publié dans Business News le 14 - 09 - 2020

La Médina de Tunis, un site exceptionnel, une valeur universelle et une représentation de la richesse du patrimoine tunisien. Aujourd'hui, l'un de ses monuments emblématiques a été détruit, toutes les richesses historiques dont il regorge sont parties en ruines. Business News a reçu l'alerte et s'est rendu sur les lieux pour mieux comprendre de quoi il s'agit réellement.

Un édifice historique en plein cœur de la Médina de Tunis a été détruit, par le nouvel acquéreur. Ce dernier voudrait construire une salle de fêtes et un salon de thé, ou encore une galerie pour les artisans, dans une version plus officielle. Voilà l'alerte que nous avons reçue. Nous nous sommes rendus sur les lieux pour en savoir davantage.
Sur le chemin, pour rencontrer Ahmed Zaouche, les odeurs de la Médina enivraient les sens. Le dynamisme des commerçants, les citoyens qui parcouraient les ruelles, l'appel à la prière provenant de la mosquée de Hamouda Bacha, toute l'ambiance témoignait de l'authenticité de l'endroit. Malgré les années, les changements urbains et des modes de vie, ce coin de la Tunisie a réussi à préserver intacte une partie de son cachet et de son charme.

Ahmed Zaouche, co-fondateur et secrétaire général de l'association Actions citoyennes en Médina nous accueille avec beaucoup de courtoisie, mais non sans amertume au vu de ce qu'il va nous révéler.
Plongé au milieu de ses documents de recherche et ses correspondances, il commence par expliquer : « Il s'agit de Fondouk El Attarine, situé au 67 impasse El Attarine, c'est un édifice remontant au XVIII ème siècle. Il s'agissait d'un édifice exemplaire attestant de l'architecture typique des caravansérails tunisiens et qui constitue un témoignage rare de cette époque. Son emplacement au cœur historique de la Ville de Tunis est tout à fait exceptionnel : mitoyen de la Grande Mosquée Ezzitouna, de Midhet Essoltane (XVIème siècle), et de la Madrassa Khaldounia qui a été le cœur de la réforme politique, économique et culturelle de la Tunisie à l'aube du XXème siècle. On y accède par une impasse donnant sur Souk El Attarine », commence-t-il son témoignage, pour donner une idée sur l'importance historique et culturelle de l'édifice.


Notre interlocuteur poursuit : « Au début des années 2000, le bien a été acquis par le propriétaire de la librairie Diwan, mitoyenne du Fondouk. Ainsi, et pour récupérer ce bien jusque-là occupé par des locataires, il a recruté des ouvriers pour altérer les toitures du bâtiment, la structure et les fondations. Le but c'était de prouver au tribunal l'état de délabrement avancé et d'attester qu'une évacuation des locataires est impérative. J'ai été le témoin direct de cette destruction volontaire. Une fois évacué, le bâtiment a été abandonné pendant plusieurs années, afin d'accélérer son effondrement « naturel » et ouvrir la voie à un projet d'investissement immobilier. Sauf que le bâtiment, comme toute bonne construction d'importance, a résisté aux aléas du climat et n'a pas voulu s'effondrer. L'ancien propriétaire décide de le revendre à partir de l'année 2017. Le bien a été acquis par un commerçant de Djellabas et de parfums de la Médina ».

Le jeune architecte, expert dans la préservation du patrimoine, continue en assurant que la vente d'un monument délabré est problématique. « Afin de conclure la vente de ce qui sera considéré comme un terrain nu, l'ancien propriétaire entreprend la démolition entière du monument à coup de marteaux-piqueurs, sans aucune forme d'autorisation. Saisi par les habitants, il refuse de communiquer le nom du nouveau propriétaire qui préfère rester dans l'ombre. Ce dernier indique n'être pas responsable de la destruction, laquelle a été finalisée par l'ancien propriétaire, quelques jours avant la conclusion de la vente. Pendant environ 3 semaines, plus de 15 voyages quotidiens de camions tracteurs ont été nécessaires pour venir à bout du monument. Les travaux sont conduits essentiellement de nuit et s'accélèrent le dimanche quand la médina est moins fréquentée. Les matériaux prélevés sur le site ont été revendus au plus offrant tels que des éléments de pierre calcaire typique dite Kadhel (près de 300m2) ».
« A ce moment, j'ai saisi la municipalité de Tunis. Une unité de la police municipale se rend immédiatement sur place le samedi 6 mai 2017 pour procéder à un contrôle. Ils sont alors informés par le Omda et par les ouvriers présents sur le site que la démolition se fait avec l'autorisation de l'Association de Sauvegarde la Médina de Tunis. Joint d'urgence au cours de la même soirée du samdi, le directeur général de l'ASM indique n'avoir accordé aucune autorisation. Au cours de la nuit, une deuxième unité consistant en la police du premier ministère, la police touristique et la police municipale se rend à nouveau sur le site pour saisir le matériel et arrêter la destruction. Il est alors trop tard, l'essentiel est déjà rasé », indique le jeune homme avec beaucoup de regret.

Dès lors, Ahmed Zaouche écrit à l'ensemble des autorités concernées. Le directeur général de l'INP confirme la destruction illégale et totale du monument et signale des dégâts importants ayant affecté aussi bien Midhet Soltane, que Al Khaldounia et la Grande Mosquée Zitouna, le monument principal de la ville. L'INP porte plainte et s'engage à mener des poursuites. Chose faite.

Ainsi, et pour avoir de plus amples détails sur le suivi de ce dossier, nous avons contacté le conservateur de la Médina de Tunis, Montassar Jmour. Surpris, mais rassuré par notre attention sur le sujet, il nous confirme les faits. Il ajoute cependant : « Après la démolition de l'édifice, nous nous sommes trouvés devant le fait accompli, mais actuellement, le dossier est bloqué. Nos services juridiques ont déposé une plainte pour démolition sans autorisation préalable. L'affaire est maintenant entre les mains de la justice. La municipalité de Tunis nous fait pression, car le nouveau propriétaire veut obtenir un permis de bâtir. Nous nous opposons à cela avant d'obtenir le verdict de la justice ».
Le responsable poursuit, « Dans sa demande d'autorisation de bâtir, le nouveau propriétaire fait part de son intention de créer une galerie pour des artisans où ils pourront exposer leurs créations. Cela dit, et peu importe son projet, il ne peut obtenir son permis de bâtir sans notre aval. Le concepteur de ce projet doit se présenter devant nos services et ses plans doivent correspondre au plan initial du bâtiment, que ce soit sur le plan architectural, qu'au niveau des matériaux utilisés. Le problème c'est que les services de la municipalité sont en train d'exercer des pressions sur nous afin qu'on cède. Pour prétexte : il ne faut pas bloquer les projets et encourager les investissements, chose que nous ne pouvons nous permettre. Une grande porte qui va s'ouvrir, et c'est toute la Médina qui partirait en projets d'investissement ».

Cette Médina de Tunis, l'un des derniers monuments qui témoignent des années de civilisation du pays, risque de partir sous le regard nonchalant des responsables. Préoccupés tous par la transition démocratique, par le pouvoir actuel, omettent que toute transition ne peut avoir lieu sans histoire, sans patrimoine. Un patrimoine que certains Etats essayent de construire par tous les moyens, alors que chez-nous, chaque jour, on en détruit une partie, pour qu'il ne nous reste que des ruines irrécupérables...


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