Le président de la République, Kaïs Saïed a présidé, ce lundi 25 janvier 2021, la réunion du conseil de sécurité nationale, pour revenir sur la situation épidémique, mais aussi sur le remaniement ministériel. Lors de cette réunion, qui s'est tenue sous haute tension, le président de la République a estimé le remaniement opéré par Hichem Mechichi « inconstitutionnel », puisqu'il n'a pas respecté les dispositions de la Constitution et particulièrement son article 92. A lire également Une réunion houleuse du conseil de la sécurité
Kaïs Saïed a indiqué que la situation politique est devenue est très grave, notamment, à la suite de l'annonce du remaniement ministériel.« Un gouvernement a été formé et le voilà qu'il est remanié à la suite du changement des alliances stratégiques. Les forces politiques se sont trouvées lésées et leurs intérêts ont été touchés. Ils ont agi et opéré de la sorte. Ils profitent des brèches de la Constitution qui font l'objet de multiples interprétations ». A lire également Mechichi exclut les femmes et Kaïs Saïed de son remaniement ! Par ailleurs, il a indiqué que ces parties ne cherchent que leurs intérêts étroits et ne se concentrent pas sur les revendications du peuple tunisien. « Tout ce que j'ai entrepris a été pour répondre aux intérêts des Tunisiens, mais ces parties ont essayé d'avorter mes initiatives par tous les moyens. Je cite à titre d'exemple, leurs tentatives de faire échouer l'initiative au conseil national de sécurité. Je suis tenu par le droit de réserves, sinon j'aurai révélé plus que ça ! » Revenant sur le remaniement ministériel, Kaïs Saïed a assuré que la Constitution n'exige pas la présentation de la nouvelle composition devant le Parlement, soulignant qu'il s'agit uniquement d'une disposition du règlement intérieur de l'assemblée, qui n'est en aucun cas une loi de l'Etat. Toutefois, il a assuré que le remaniement n'a pas respecté les dispositions de la Constitution. « Il ne s'agit pas d'un simple remaniement, mais d'un changement structurel. Je n'ai pas été notifié et je n'ai reçu qu'une simple correspondance de la part du chef du gouvernement. Or, un tel mouvement nécessite une concertation préalable, chose qui n'a pas eu lieu ». A lire également Hichem Mechichi doit-il passer par l'ARP après son remaniement ?
Le chef de l'Etat a poursuivi :« C'est une première en Tunisie de voir le chef du gouvernement assurer l'intérim du ministre de l'Intérieur qu'il a, lui-même, limogé. La présidence de la République n'est pas un bureau de poste qui réceptionne le courrier ou un organisateur de cérémonies de prestation de serments pour passer à autre chose par la suite ». A lire également Hichem Mechichi : Je ferai face à toute tentative de perturbation au sein du ministère de l'Intérieur Ainsi, il a assuré que la présidence de la République est la garante du respect de la Constitution et de la continuité de l'Etat. « Il y a un ministre proposé faisant l'objet d'une affaire de corruption, et trois autres font l'objet de suspicions de corruption. Aujourd'hui, il est impossible de voir des ministres suspectés de corruption prêter serment. Il ne s'agit point de formalité, mais d'une mesure fondamentale ». Kaïs Saïed s'est également adressé au chef du gouvernement, l'interrogeant sur l'absence de la femme de sa formation gouvernementale, alors que son rôle est indéniable. « ça suffit, ça suffit ça suffit… J'ai assez travaillé dans l'ombre. Aujourd'hui, je vais agir pour protéger l'Etat et les intérêts des Tunisiens. Je détiens les moyens juridiques qui me permettent de le faire. Pour celui qui veut passer outre, je lui dis qu'il y a la justice, Dieu et l'histoire ». S.H