Le lobbyiste islamiste proche du parti Ennahdha, Radhouane Masmoudi, s'est exprimé le 31 janvier 2021 sur la chaine turque TRT Word concernant la responsabilité du parti dans la crise actuelle que vit la Tunisie. Il a estimé qu'il était irresponsable de faire porter la responsabilité de la crise actuelle à Ennahdha, d'autant plus que le parti n'a gouverné tout seul que durant deux années (2012 et 2013). Depuis, le gouvernement est devenu, selon lui, « technocrate » et « indépendant ». Il a persisté à affirmer que pendant les dix dernières années, la Tunisie a été gouvernée notamment par Nidaa Tounes avant de conclure qu'il était injuste de juger Ennahdha pour les actes des gouvernements successifs. Présente à l'émission, l'activiste et défenseure des droits de l'Homme, Nawres Douzi, a rétorqué aux propos de Radhouane Masmoudi en soulignant que ce dernier aurait dû mentionner que Ennahdha était responsable des assassinats politiques survenus alors que le parti gouvernait « tout seul ». « Il vient de dire que Ennahdha a gouverné tout seul durant deux années uniquement (2012 et 2013), il doit alors assumer la responsabilité des deux assassinats politiques (Chokri Belaid et Mohamed Brahmi) (...) Quelle que soit sa contribution, Ennahdha doit être jugé pour tous les malheurs que vit le pays depuis 2011. Ennahdha n'avait pas participé à la révolution car la majorité de ses dirigeants étaient à l'étranger et aucun d'entre eux n'a fait part du processus révolutionnaire. Depuis leur retour en Tunisie, ils n'ont assisté qu'à l'échec et à la misère », s'est exprimée Nawres Douzi.
La jeune activiste a poursuivi en indiquant que les manifestants revendiquent l'emploi, la liberté et la dignité nationale en soulignant : « Ce sont d'ailleurs les revendications de la révolution et celles qui ont été derrière la chute du régime de Ben Ali ». « Nous subissions la répression policière sous la dictature et même après la révolution sous le règne d'Ennahdha. Les islamistes ont été réprimés avant la révolution et ont été témoins des agressions policières et des agissements du ministère de l'Intérieur. Et pourtant, nous avons vu comment la police a encerclé le Parlement le 26 janvier et comment les manifestants ont été agressés et interpelés (...) La situation actuelle est pire que celle prévalant sous le régime de Ben Ali, la situation est catastrophique et les jeunes Tunisiens sont totalement désespérés », a-t-elle lancé.
Enervé, Radhouane Masmoudi a démenti les propos tenus par l'activiste estimant que la comparaison entre le régime de Ben Ali et celui actuel n'est pas permise. « Le régime actuel est démocratique et les autorités administratives sont indépendantes du pouvoir. Les enquêtes sur les agressions policières sont en cours et vont déterminer les responsabilités. Toutefois, la démocratie ne permet pas aux citoyens, quel que soit leur âge, de piller les biens publics et d'utiliser la violence pour protester dans la nuit. La police se doit d'intervenir pour maintenir l'ordre. La comparaison entre le régime de Ben Ali et celui dans lequel le Parlement et le président de la République ont été élus démocratiquement, n'est pas permise. Il n'existe pas une révolution contre un Parlement élu par le peuple, ça n'a aucun sens. Vous pouvez manifester pacifiquement et nous allons garantir ce droit », a-t-il répondu.
En réponse, Nawres Douzi a souligné : « Votre parti ne reflète pas la volonté du peuple et vous ne devez pas justifier les horreurs du ministère de l'Intérieur. Vous auriez dû avoir honte de voler le pays, de mentir et pour tous vos échecs économiques (…) avec un tel bilan, je vous conseille de quitter la politique ! »