Citoyens, politiciens, syndicalistes et activistes de la société civile ont investi les principales artères du centre-ville de Tunis, samedi 6 février 2021, à l'occasion de la commémoration du 8e anniversaire de l'assassinat du leader de la gauche tunisienne, Chokri Belaïd.
En présence des membres de la famille du regretté et du chef de la Centrale syndicale, Noureddine Tabboubi, une première célébration de cet évènement tragique qui a secoué la Tunisie a eu lieu sur le parking de la résidence où Chokri Belaïd a été tué par balles tôt dans la matinée du 6 février 2013.
Une marche a ensuite démarré depuis la place des droits de l'Homme à l'avenue Mohamed V pour se diriger vers l'avenue Habib Bourguiba. Les manifestants ont été interdits d'accès par les forces de l'ordredéployées à l'occasion sur ordre du ministre de l'Intérieur par intérim, Hichem Mechichi, lui-même chef du gouvernement en place. A lire également La logique despotique de Mechichi
Les artères latérales menant à l'avenue Habib Bourguiba ont, notons-le, été fermées tôt samedi et des barrages ont été installés pour fouiller et interroger ceux qui souhaitaient avoir accès à cette grande artère du centre-ville depuis rue de Paris et du côté de l'horloge.
Les participants à cette marche ont scandé des slogans appelant à faire toute la lumière sur l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd et à sanctionner les responsables.
Seuls quatre personnes évoluant parmi un groupe salafistes avaient été interpellés dans le cadre de cette affaire sur la longue liste de suspects. Aucun procès n'a pourtant eu lieu jusqu'à aujourd'hui.
Les manifestants ont, également, sorti, à l'occasion le fameux slogan : « Ghannouchi assassin ! ». Le parti Ennahdha a, rappelons-le, été pris pour responsable après l'assassinat de Chokri Belaïd, fervent opposant à l'islam intégriste. Le parti d'obédience islamiste était alors au pouvoir.
Le meurtre de Chokri Belaïd a été le premier assassinat politique en Tunisie après la révolution. Quelques mois plus tard et alors que le pays était encore sous le choc de cet acte odieux, Mohamed Brahmi, un autre leader de la gauche, a été assassiné, également, devant son domicile, un 25 juillet 2013. Les doigts accusateurs se sont alors levés une nouvelle fois pour pointer les défenseurs de l'extrémisme religieux.
N.J.
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